Le bras de fer entre les médecins gynécologues et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) se poursuit. En riposte à la récente décision de la CNOPS d'exiger dès le 1er mai prochain, un rapport médical justifiant le recours à cet acte médical pour le paiement de toute césarienne, le Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP) a décidé, à son tour, de refuser désormais les prises en charge de la CNOPS, que ce soit pour des accouchements par césarienne ou par voie basse. L'organisation a annoncé récemment que les futures mamans devront désormais régler les frais directement à la clinique et au médecin et réclamer le remboursement à la CNOPS par la suite ». Une décision au goût de représailles contre la dernière sortie de la mutuelle de prévoyance que les gynécologues ont traité de «diffamation» et d'«insulte» à leur intégrité scientifique. Dans une affiche publiée en ligne par le collège syndical, on peut lire : «Mesdames, nous portons à votre connaissance, qu'à partir du 1er mai, pour des raisons indépendantes de leur volonté, les gynécologues sont contraints de ne plus accepter les prises en charge de la CNOPS. Vous serez appelées à régler les frais directement à la clinique et au médecin et à réclamer le remboursement à la CNOPS par la suite». Cette décision des médecins du privé, qui sonne comme des représailles à la dernière sortie de la CNOPS qualifiée de «diffamation», oblige désormais les parturientes à régler au préalable les frais chez les médecins et par la suite, à aller se faire rembourser auprès de la mutuelle. Dans une déclaration à Al Bayane, Touria Skalli, gynécologue, confiait d'ailleurs, que dans cette affaire, ce sont les familles qui pâtiraient, dans des tiraillements entre la CNOPS et les médecins… Désormais, les futures mamans devront forcément disposer au moment de l'accouchement du montant requis pour régler aussitôt les médecins. Sachant bien sûr, que les adhérents à la CNOPS, les fonctionnaires du secteur public, ne sont pas toujours bien lotis en termes de salaires. A cela s'ajoutent le tracas, le casse-tête administratif et les délais de remboursement que les familles devront désormais endurer. Dans une déclaration à un support électronique, le fondateur du syndicat, affirme qu'en dépit des représailles, les médecins du privé continueront à assurer le service et rempliront même toutes les feuilles nécessaires avec les documents utiles, sauf que ce sont les familles qui devront maintenant traiter directement avec la mutuelle du secteur public pour se faire rembourser. Cette décision intervient peu après la lettre conjointe adressée par 5 organisations médicales à l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM) au lendemain de la publication du communiqué de la CNOPS, pour lui demander de «prendre position et demander au DG de la CNOPS d'annuler, purement et simplement, la note en question». Dans ladite lettre, les cinq organisations, à savoir le syndicat national de médecine générale (SNMG), le Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP), l'association nationale des cliniques privées (ANCP), le syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL) et le Collège syndical national des médecins généralistes libéraux (CSNMGL) ont fait part de leur stupéfaction face à la décision de la mutuelle de prévoyance et ont même dénoncé «une ingérence dans la compétence des médecins» et «une insulte à leur intégrité scientifique». En cause, dans son communiqué, la CNOPS s'en est pris particulièrement aux médecins du privé qu'elle a appelé à joindre à leur dossier de facturation un compte rendu précisant l'indication médicale du recours à la césarienne programmée ou d'urgence. Ce qui n'a pas été du goût des professionnels, sachant d'ailleurs que l'étude sur laquelle s'est basée la CNOPS pour prendre sa décision, avance que le secteur privé s'accapare 90% du nombre d'accouchements, enregistrant un taux supérieur du recours à la césarienne, se situant à 66% contre seulement 25% dans le public, notamment dans l'axe Casablanca, Rabat, Fès, Agadir, Kénitra et El Jadida. Selon la CNOPS, ce chiffre aurait même franchi la barre des 80% en 2017. Selon l'OMS, le taux de césarienne idéal d'un pays devrait se situer entre 10% et 15%. Le but étant d'éviter d'exposer la santé des mères et enfants à court, moyen et long terme et surtout limiter les dépenses liées aux césariennes inutiles et gaspillages, évaluées en 2017 par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) à 20% des dépenses de santé.