Il y a plus de quatre décennies, le monde a été sidéré par le chef-d'œuvre du célèbre réalisateur américain Steven Spielberg. Un film d'horreur, «les dents de la mer» qui avait fait le tour de la planète et battu tous les records d'audience, à l'époque. Ce fut un grandissime classique de cinéma du drame qui a profondément marqué le septième art, tout au long d'un bout de temps.Le requin bleu qui sillonnait le large et déchirait la chair humaine sur son passage, donnait des frissons et retenait le souffle des millions de cinéphiles. Seulement, l'émoi du long métrage passé, le spectateur revient sur terre, bourré d'images et d'enseignements. Aujourd'hui, dans la réalité amère, le scénario qu'interprètent les jeunes désespérés est encore plus lugubre. Les lames de la mer avenante et porteuse de bribes d'espoir tamisées, finissent par engloutir, au quotidien, des candidats à la mort. Le souvenir tragique de Hayat est toujours présent dans les esprits et dévoile l'état alarmant de jeunes qui préfèrent enfourcher le danger fatal que de vivre dans l'oisiveté assassine. Le Maroc est «tueur» de ses enfants, serait-on tenté de qualifier une politique publique d'adoption vouée à l'échec cuisant, depuis des lustres ! C'est le moins qu'on puisse dire face à cette déchéance affreuse. On a toujours tendance à s'émerveiller devant l'immensité et la beauté de la mer. Mais, chez nous malheureusement, son horizon sublime est également synonyme d'anéantissement. Dans notre pays, on s'ingénie à transformer la splendeur en hideur et la joie en effroi ! Ce sont des dizaines de milliers de jeunes qui périssent dans le gel et le feu accidentel. D'autres pourrissent, à petits feux, dans l'abandon et l'atrocité de la vie. Qu'espère-t-on d'une Nation qui ignore la postériorité de sa propre existence ? On a beau dire, «les jeunes c'est les hommes de demain !». Mais, quel dessein leur a-t-on servi pour l'être? Le récent discours royal du 20 août était consacré à la question de la jeunesse marocaine. Le souverain n'a pas manqué d'évoquer, non sans aveu désolant, cette situation inquiétante de l'avenir du pays.Cependant, est-on assez armé pour relever ce défi capital, face à des paralysies qui sévissent dans le fonctionnement des mécanismes de l'Etat? Il ne suffit pas de manifester des intentions pour impulser la dynamique des jeunes. Encore faut-il assainir et booster les leviers de développement en direction des jeunes. L'émigration clandestine n'est pas le fait du hasard. Elle est bel et bien la résultante des déboires concédés dans notre front intérieur!