Ce mardi, les présidents des deux Corées accompagnés de leurs épouses,ont défilé en voiture dans les rues de Pyongyang à l'occasion de leur troisième rencontre au sommet et ce, sous les acclamations de milliers de nord-coréens brandissant des bouquets de fleurs et chantant à l'unisson «Réunification du pays». Durant les trois jours que doit durer ce sommet, le président sud-coréen Moon Jae-in aura fort à faire pour gagner ses galons de médiateur entre Washington et Pyongyang car il lui faut convaincre son homologue nord-coréen de «lâcher du lest» sur le dossier nucléaire, ce qui n'est pas chose aisée. Pour ce faire, Moon Jae-in devra revêtir l'habit du parfait équilibriste et parvenir à se mouvoir entre « les dérobades de Pyongyang, les diktats de Washington et l'attentisme de Pékin ». Mais bien que se trouvant dans une situation plutôt inconfortable, Moon Jae-in ne se dérobe pas. Il accepte de jouer le jeu et même de jouer, en grand maître, la partition très délicate qui s'offre à lui en amenant Washington à considérer Kim Jong-un comme étant un interlocuteur valable et en poussant ce dernier à abandonner la stratégie qu'adoptaient ses prédécesseurs, à savoir ce «tongmi bongnam» qui consistait à négocier avec les américains en isolant la Corée du Sud. Pour rappel, le mois dernier Donald Trump avait annulé le voyage à Pyongyang que devait effectuer son secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères et ce, pour marquer à la fois sa désapprobation quant au manque de collaboration de la part de Pyongyang et sa condamnation du comportement de Pékin qui pratiquerait un double-jeu car après avoir voté – début Août – pour la reconduction des sanctions, la Chine a affaibli la portée de ces dernières en conservant des liens économiques très étroits avec Pyongyang . «Je suis profondément conscient du poids que nous portons (…) le monde entier nous regarde et je voudrais offrir aux peuples du globe la paix et la prospérité» a dit le président sud-coréen à son homologue nord-coréen au début de leur réunion au siège du Parti des Travailleurs. Kim Jong-un a, de son côté, salué son visiteur pour le rôle éminemment louable et positif qu'il a joué avant la tenue en juin dernier du sommet historique avec Donald Trump ajoutant « cela a mené à la stabilité dans la région et je m'attends à davantage de progrès». Après deux jours de sommet, la déclaration commune fait état de la visite de Kim Jong-un à Séoul dans un avenir très proche ; la première dans la capitale sud-coréenne d'un leader nord-coréen depuis la fin de la Guerre de Corée (1950-1953). La Corée du Nord y a également «exprimé sa disposition à prendre des mesures supplémentaires y compris le démantèlement permanent du complexe nucléaire de Yongbyon si les Etats-Unis prennent des mesures correspondantes». Et même si certains analystes se sont montrés très dubitatifs puisque ce site ne serait plus opérationnel depuis assez longtemps, Donald Trump ne s'est pas empêché de considérer, dans un Tweet, que ce geste est «très enthousiasmant». Reste à savoir si celui-ci va permettre une relance rapide des négociations sur la dénucléarisation entre Washington et Pyongyang. Quoiqu'il en soit, attendons pour voir…