On le savait très malade ces derniers jours. Mohamed El Manouar a passé l'arme à gauche après une longue lutte contre la maladie. Il a tiré sa révérence lundi matin à l'hôpital Cheikh Zaïd de Rabat. Le mouvement amazigh en deuil. El Manouar a ouvert ses yeux dans le Sud-est marocain au village Igherm n Amednagh dans la commune rurale de Sidi Bou Yahia, Souk Lakhmis, province de Tinghir. Il était à la fois écrivain, poète, historien et membre du conseil d'administration de l'IRCAM pendant des années. Prolifique ! Le lauréat du grand prix National de la culture Amazighe en 2013 compte à son actif un florilège de publications entre autres «Tamazight : la constitutionnalisation ou la mort», «Le Sud-Est Marocain : réflexion sur l'occupation et l'organisation des espaces sociaux et politique... le cas de Dadès…», «Tahmidoucht: Un regard qui traverse le temps», «Parcours : La passion d'un destin…», «L'Amazighité en devenir : Legs de l'un de ses vétérans… Feu Dr Ousadden». Un militant du mouvement amazigh de la première heure. Son départ est une grande perte au paysage culturel marocain. Al Bayane a recueilli des témoignages de ses amis et ses collègues. Ahmed Boukous, recteur de l'IRCAM : «El Manouar a été un membre influent, important, sérieux et engagé au sein de l'IRCAM» «C'est un grand homme sur le plan humain, sur le plan intellectuel et sur le plan militant. Il est originaire d'Aït Atta à Kelaâ M'Gouna. Il a été un cadre important du Ministère de tourisme. Mohamed El Manouar a reçu une formation académique supérieur ce qu'il a beaucoup aidé dans sa carrière professionnelle et aussi au niveau du conseil d'administration de l'IRCAM. Il a été un membre influent, important, sérieux et engagé au sein de cette institution. Il a une force de travail importante. Il a été toujours été en mesure d'apprécier de manière clairvoyante et sereine les différents enjeux auxquels est confronté l'amazigh, auxquels est confronté l'Institut Royal de la Culture Amazighe. Je l'ai toujours consulté sur des questions délicates. Et j'ai toujours apprécié son aide, et les réponses qu'il fournit à mes questionnements. Il a beaucoup aidé l'IRCAM dans la maîtrise de son fonctionnement notamment budgétaire, ainsi que les ressources humaines grâce à sa formation académique et aussi à son capital humain. Sur le plan académique, Mohamed El Manouar a brillé dans le domaine de la création littéraire en langue amazighe. Il fait également des recherches sur la tradition orale amazighe». Ahmed Assid, intellectuel, écrivain et militant amazigh : «El Manouar : un intellectuel posé et fédérateur» «C'est un militant du mouvement amazigh. Il a contribué à la création de plusieurs associations du Maroc central notamment l'association des écrivains en amazigh qui a été créée à El Hajeb. Il a fait une grande étude sur la vallée de Dadès en deux tomes c'est à dire un travail avec rigueur académique et scientifique. C'est une valeur ajoutée pour la bibliothèque du livre amazigh. Il a également fait un livre sur feu Abdelmalek Oussaden qui est l'un des fondateurs du mouvement amazigh depuis les années 60. Il a également participé aux colloques, aux rencontres, aux débats de mouvement amazigh. El Manouar était toujours quelqu'un qui représente l'intellectuel posé. Il était toujours la voix de la raison c'est à dire il était toujours quelqu'un qui était calme, qui raisonnait de manière équilibrée. C'est un homme fédérateur qui essayait de réunir tout le monde c'est à dire il était l'homme de la réconciliation qui a cette capacité de rassembler les gens quand il y avait des divergences. C'était un homme qui a œuvré pour le renforcement et l'union du mouvement amazigh». Abdelmalek Hamzaoui : président de l'Alliance marocaine du livre amazigh : «Sa mort est une grande perte pour la cause amazighe» «Pour moi docteur Mohamed El Manouar n'est pas uniquement un ami, mais plutôt un frère. Je l'ai connais cela fait 45 ans. C'est un grand homme. C'est une grande perte pour la cause amazighe. C'est une perte pour le Maroc. El Manouar était un grand chercheur…il était quelqu'un qui militait en silence et qui a souffert aussi en silence. Un homme qui était au service de sa patrie. Le défunt compte à ses actives 14 publications. Il a deux livres qui paraîtront à titre posthume dont un recueil de poésie et un autre livre. Il a consacré beaucoup d'articles pour la cause amazighe». Moha Moukhlis chercheur et activiste amazigh : «Le défunt a dédié sa vie pour la langue et la civilisation amazighes» «Mohamed El Manouar est une personne qui a dédié sa vie pour le combat, pour la culture, pour la langue et la civilisation amazighes, mais aussi pour la culture marocaine en général. C'est l'une des personnes qui ont contribué par ses productions et ses participations, ses activités associatives à instaurer un dialogue fructueux, un dialogue des cultures pour que le Maroc se réconcilie avec ses racines, avec sa culture, son histoire pour un vivre ensemble et une société démocratique tolérante et ouverte sur le monde».