Sept mois après leur démission du C.A. de l'IRCAM, les sept «mécontents» reviennent à la charge pour insister sur le bien-fondé de leur décision en rappelant notamment les engagements non tenus de Habib El Malki et Nabil Benabdallah. Sept mois après leur décision de quitter le conseil d'administration de l'IRCAM (Institut royal de la culture amazighe), les amis de Abdelmalek Houcine Ousadden reviennent à la charge dans une démarche qui pourrait être traduite comme étant une preuve du bien-fondé de leur «départ». Dans un communiqué du «groupe des sept», ces derniers affirment que le département de Habib Malki «n'a toujours pas de stratégie nationale pour l'introduction de tamazight dans le système éducatif». Ils critiquent, pêle-mêle, la généralisation de l'amazigh qui prend un énorme retard, mais aussi la formation des enseignants qui ne donne toujours pas de résultats. Les «mécontents», plus concrètement, affirment que tamazight n'est enseignée nulle part en troisième année, bien qu'annoncée officiellement par le MEN. Quant au collège et au lycée, l'échéance 2005-2006 «est renvoyée aux calendes grecques». Mohamed Sallou, membre du C.A de l'IRCAM, interrogé par ALM, affirme qu'existent, effectivement, des dysfonctionnements au niveau de la généralisation de l'enseignement de l'amazigh. Il en donne pour preuve le fait que seulement six académies régionales de l'éducation aient initié des sessions de formation pour enseignants et inspecteurs, mais aussi la quasi-absence des manuels scolaires. Sallou ajoute même que l'échéance de 2008 pour cette généralisation risque d'être dépassée, mais que l'on travaille d'arrache-pied pour réduire le retard. Dans le domaine de l'audiovisuel, les démissionnaires estiment que le ministère de la Communication a «tout simplement enterré le plan d'action transitoire, élaboré et adopté par la commission mixte “Ministère-IRCAM“ le 8 septembre 2004». Ce plan insistait notamment sur la programmation d'un journal télévisé en tamazight sur 2M, l'ouverture de TVM à la production en langue amazighe et l'unification des émissions de la chaîne Radio amazighe. Alors, ajoutent-ils, que «ce même le ministère a réussi la création de trois nouvelles chaînes de TV en arabe». Sur cet aspect, Sallou se veut plus optimiste. Il affirme que les deux télés publiques sont désormais liées par les dispositions de cahiers de charges clairs et bien définis qui donnent une bonne place à l'amazigh. Pour le chercheur, 2M, dès 2006, produira par exemple 12 films en amazigh et autant de pièces de théâtre. La première fera de même, même si, ajoute-t-il, se pose toujours un problème de ressources humaines formées et qualifiées. Pour Mohamed Sallou, le défi est de réserver une place à l'amazigh dans l'organigramme des deux télés. Chose qui a déjà été faite pour 2M en plus de «sérieuses promesses» de la SNRT. De toutes les manières, des commissions mixtes travaillent de manière continue et se réunissent régulièrement avec plus d'«assiduité» pour la commission dédiée à la communication. Le communiqué des démissionnaires s'attarde aussi sur d'autres aspects ayant trait à l'amazigh dans les administrations publiques, mais aussi à la revendication de l'officialisation de cette langue. Sortie calculée à quelques jours de la commémoration du discours d'Ajdir ? Sallou répond que tout pousse à le croire et s'interroge sur les motivations de sept personnes qui ne disposent pas d'assez d'éléments exacts pour former leurs jugements. A l'en croire, ces derniers, qui n'ont jamais pris part à une commission ou qui n'ont jamais assisté aux travaux de ces dernières, feraient mieux de revoir leurs positions. De là à parler de nihilisme ? Sallou affirme qu'on pourrait franchir ce pas… Les sept démissionnaires, pour rappel, sont Mohamed Boudhan, Hassan Banhakeia, Mohamed Ajaajaa, Mimoun Ighraz, Ali Bougrine, Ali Khadaoui en plus de Abdelmalek Houcine Ousadden.