Ce livre de Mohamed El Manouar constitue une contribution majeure à la littérature du mouvement amazighe au Maroc. Conçu de manière pédagogique, écrit dans une langue accessible pour tous, il inscrit la problématique de l'officialisation de la langue amazighe dans un cadre général et mondial. Arguments historiques, juridiques, sociologiques et politiques à l'appui, ce livre est un regard serein et sans concession sur le multilinguisme dans le monde et les politiques linguistiques adoptées par les Etats à travers la planète. Il offre au mouvement amazighe un argumentaire crédible et dépassionné, interpelle les intellectuels et déconstruit les topiques totalitaires et les discours monolithiques qui conçoivent la diversité linguistique comme source de désintégration. Il affirme, sans ambiguïté aucune, l'obligation pour l'Etat d'officialiser l'amazighe dans ses textes fondateurs. Un livre qui force notre respect et milite en faveur d'une objectivité salvatrice qui offre une alternative civilisationnelle à la coexistence fructueuse des langues et des cultures. L'auteur : Natif d'Amednagh, Lqalâa n Imgoun, Lakhmis d Dades dans la province de Ouarzazate, Mohamed El Manouar, après avoir été au service de l'administration marocaine dans plusieurs secteurs administratifs et financiers, à l'intérieur et à l'étranger entre 1973 et 2003, est aussi écrivain et chercheur. Historien et publiciste de formation, il s'intéresse à une variété de dimensions de la société rurale marocaine. Ses publications focalisent l'organisation sociale, la résistance, le droit coutumier et le développement local dans certaines de ses dimensions. Préface « Il vaut mieux allumer une bougie que de râler contre les ténèbres » dit le proverbe chinois. C'est le but que se propose Mohamed El Manouar, l'auteur de ce travail : apporter une contribution pour une petite lueur de clarté pour vaincre l'obscurantisme! L'ostracisme dans lequel est maintenue cette identité pose une question lourde de signification. Les intellectuels, défenseurs de tous les patrimoines, ne semblent pas être marocains. Ceux-ci, s'ils ne se déclarent pas être ouvertement pour la mort de Tamazight, ils se terrent dans un silence de mort. L'arrogance des uns, animés par un mépris légendaire contre cette identité, attise toutes les formes de réaction que nécessite une survie vivace de plusieurs millénaires. Pour les autres ils participent au complot du silence oubliant que «le silence et le sang vont de pair». Pour les imazighen, le danger ne réside pas dans la dictature imposée par cette classe pseudo intellectuelle, mais par leur immense propension à l'obéissance aveugle et sans limite pour leur propre négation. D'un coté un mépris total et de l'autre une passivité dépassant tout entendement. Ingrédients dangereux et explosifs. Nous sommes un peuple d'aliénés. Notre apport à l'humanité a été occulté. Notre apport aux religions monothéistes : juive, chrétienne et musulmane a été balayé d'un revers de main désinvolte. Notre Histoire est réduite à une « mascarade » insupportable puisque la première leçon commence par l'Arabie ! Nous sommes un peuple sans âme. La meilleure aventure humaine est la rencontre avec l'autre, cette rencontre exige sa propre reconnaissance. Cette rencontre est impossible dans la laideur de l'uniformité et de la négation de soi. Elle ne peut être pleinement vécue que dans le cadre de la beauté de la diversité creuset de dynamisme, de créativité et de respect. L'auteur, par conviction, s'accroche à la seule voie qui vaille : la pédagogie du dialogue et d'explication, seule manière d'être fort en dehors de toute violence. Cette pédagogie du dialogue est la seule lutte valable contre ceux dont la contribution à l'injustice révèle leur posture cynique. Sa « révolte » est sereine. Elle a la sérénité du « bon droit », la sérénité de la conviction. Cette « révolte » n'est pas destructrice, c'est un questionnement suite à une mise en cause, c'est un sursaut salutaire, un hymne à la vie, hymne à la dignité dans la dignité. C'est à partir de soi que l'on construit sa dignité, sa liberté, son rêve. Aujourd'hui, la reconnaissance identitaire est une donnée évidente dans le cadre des « Droits de l'Homme » que notre pays a signés et reconnus, alors quel est notre problème?. Nos Intellectuels défendent les droits palestiniens, irakiens, de la Tchétchénie…pas kurdes et pas amazighs ! Nos politiques signent des conventions internationales pour les ignorer ou les mépriser oubliant que c'est leurs propres engagements qu'ils méprisent. Le mensonge est avilissant, notre peuple vit dans le mensonge. Des voix s'élèvent parfois ici et là contre cette situation sans grand succès certes, mais avec grand espoir pour le devenir de ce pays. Des forces occultes « freinent des quatre fers », mais l'espoir est permis et l'avenir est à l'équité. Nous terminons en paraphrasant Chabbi : «Si le peuple, un jour, aspire à la vie, le destin sera au rendez-vous, La nuit s'effacera et les chaînes qui l'entravent se casseront». Notre nuit a été longue, notre aube commence à pointer. *(Editions Bouregreg – 2006)