Mardi dernier, Ivan Duque a prêté serment en tant que nouveau chef de l'Etat de Colombie pour un mandat de quatre ans. Devenant ainsi, à 42 ans, le plus jeune président de Colombie depuis 1872, le nouveau chef de l'Etat a réaffirmé, dans son discours d'investiture, ses promesses électorales afférentes à la mise en place de «correctifs» à l'accord de paix signé à la fin de l'année 2016 avec l'ancienne guérilla des FARC et ce, à l'effet d'«assurer aux victimes vérité, justice proportionnée, réparation et non répétition». Remettant en cause l'accord ayant mis fin à un conflit entre l'Etat colombien et la guérilla qui a duré plus d'un demi-siècle et qui a permis aux Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC) de se transformer en un parti politique portant le même acronyme, le nouvel homme fort de Colombie n'entend pas permettre à des guérilléros accusés de «crimes graves» de participer impunément à la vie politique du pays sans passer par la case «prison». Abordant, dans son discours d'investiture, les négociations menées depuis Février 2017 avec la dernière guérilla du pays; à savoir l'Armée de Libération Nationale (ELN) issue comme les FARC d'une insurrection paysanne en 1964, le président Duque estime qu'«un processus crédible doit se cimenter avec une cessation totale des actions criminelles, sous supervision internationale». A noter, toutefois, que même si les conditions proposées par le nouveau chef de l'Etat n'ont que très peu de chances d'être acceptées par l'E.L.N – encore forte de quelques 1.500 combattants – son commandant qui reste, néanmoins, convaincu que «le chemin parcouru est très significatif» a fait part de son entière disposition à poursuivre les discussions avec le gouvernement de Bogota. Un autre dossier brûlant et non des moindres est celui concernant les relations de la Colombie avec le voisin Vénézuélien avec lequel elle partage une frontière de 2.200 kilomètres. Ayant été visé la semaine dernière par un attentat à l'aide de deux drones chargés d'explosifs, le président Nicolas Maduro a directement accusé la Colombie et notamment son président sortant. Or, le nouvel homme fort de Colombie, qui avait promis d'œuvrer à «une stratégie articulée, multilatérale et diplomatique pour une transition vers des élections libres au Venezuela, a qualifié d'«absurdes» les accusations de son homologue vénézuélien et dénoncé celles-ci au nom de la «défense des valeurs démocratiques» et du rejet de «toute forme de dictature sur le continent américain». Mais même si Ivan Duque a le soutien d'une coalition de droite majoritaire au Parlement, sa présidence risque, tout de même, d'être gênée aux entournures; d'abord par l'affaire qui éclabousse son mentor Alvaro Uribe soupçonné d'avoir corrompu, en 2012, des témoins dans une affaire qui l'opposait au sénateur de gauche Ivan Cepeda puis par une opposition de gauche et du centre qui a raflé plusieurs sièges lors des législatives de mars dernier et renforcé, ainsi, sa présence à l'Assemblée. Au moment de la cérémonie d'investiture du nouveau Président, des manifestants représentant l'opposition colombienne et drapés de blanc se sont mobilisés dans plusieurs villes du pays en brandissant des fleurs et des drapeaux colombiens pour réclamer la protection des activistes dont 331 ont été assassinés depuis 2016 et, surtout, l'impérieuse nécessité de respecter l'accord de paix signé avec les FARC. Marco Calarca, parlementaire et ex-chef guérillero a notamment exigé le respect dudit accord de paix et rappelé «qu'il y a ici un peuple qui ne supporte plus la violation du droit à la vie». Le nouveau président colombien parviendra-t-il a réviser, comme il l'entend, l'accord de paix signé avec la guérilla alors même qu'en application d'une disposition dudit accord, dix anciens membres des FARC ont fait leur entrée au Parlement le 20 Juillet dernier sans même avoir été élus ? Rien n'est moins sûr, pour l'heure, mais attendons pour voir...