Appelés aux urnes ce dimanche 17 juin 2018 pour le second tour de l'élection présidentielle, les colombiens ont permis au jeune Ivan Duque, 41 ans, candidat du Centre Démocratique (Droite) de recueillir 53,98 % des suffrages exprimés contre 41,7 % pour son rival Gustavo Petro, 58 ans, du mouvement «Colombie Humaine», premier candidat de gauche «à parvenir aussi loin dans une course présidentielle». L'élection de ce dimanche a aussi permis à Marta Lucia Ramirez d'accéder au poste de vice-présidente. Elle avait été la première femme à diriger le ministère de la Défense de Colombie au début de la présidence d'Alvaro Uribe. Ayant reconnu sa défaite, Gustavo Pedro, l'ancien guérillero du M-19, dissout, et ancien maire de Bogota a immédiatement lancé au vainqueur : «Vous êtes le président de la Colombie... Aujourd'hui nous sommes dans l'opposition». Protégé de l'ancien président Uribe, Ivan Duque qui, lors de la campagne électorale, avait demandé «à Dieu et au peuple colombien de (lui) donner la victoire pour transformer le pays» entend «tourner les pages de la corruption, de la politique politicienne et du clientélisme». Nouveau venu en «politique» puisque n'ayant exercé qu'un seul mandat de sénateur, Duque qui est soutenu par les conservateurs, les chrétiens, les évangéliques et l'ultra-droite se défend, pourtant, d'être la «marionnette» d'Alvaro Uribe. Farouche opposant à l'accord de paix jugé «trop laxiste» signé avec les FARC par son prédécesseur Juan Manuel Santos, Ivan Duque a déclaré, dès l'annonce de sa victoire, que «cette paix dont nous avons rêvé, qui demande des rectifications, aura des corrections pour que les victimes soient au centre du processus, pour garantir vérité, justice et réparation». Or, si en mettant fin à un conflit qui s'est étalé sur plus de cinq décennies et en permettant le désarmement de près de 7.000 combattants, l'accord signé avec les FARC a valu au président Santos le Prix Nobel de la Paix en 2016, il est aussi devenu source d'impopularité pour le chef de l'Etat au pouvoir depuis 2010. Soucieux donc de réviser le texte dudit accord de manière à pouvoir emprisonner les guérilleros reconnus coupables de crimes graves et à leur barrer la voie menant vers le Congrès, le nouveau chef de l'Etat entend demander au Congrès, une réforme constitutionnelle qui lui permettrait de modifier certains aspects de ce traité de manière à ce que le narcotrafic ne puisse plus être un délit «amnistiable» pouvant permettre aux anciens leaders des FARC d'accéder au Congrès le 20 Juillet prochain. En réponse, le nouveau parti politique issu de l'ancien mouvement de guérilla – qui a demandé dans un communiqué à rencontrer le vainqueur de l'élection de ce dimanche – estime qu'«il est nécessaire que le bon sens s'impose» du moment que le pays a besoin d'une « paix intégrale » qui le mènerait «vers la réconciliation attendue... (car) contourner cet objectif ne peut être un programme de gouvernement». Le nouveau chef de l'Etat dont l'investiture aura lieu le 7 Août prochain et qui compte relancer l'économie colombienne – la quatrième d'Amérique Latine – en préservant la liberté d'entreprendre est marié à une avocate. Père de trois enfants âgés respectivement de 11 ans, 8 ans et 6 ans, le nouveau président de Colombie n'entend pas, pour le moment, vivre, comme ses prédécesseurs, dans le Palais de Narino mais attendons pour voir...