Fort d'une importante expérience dans le domaine de la gestion et du développement des ressources hydriques accumulée depuis l'indépendance, le Maroc est appelé à relever le défi de la mobilisation des ressources hydriques non conventionnelles comme le dessalement et la réutilisation des eaux usées, une voie à suivre pour le Royaume dans un contexte marqué par des changements climatiques de plus en plus perceptibles, a affirmé la secrétaire d'Etat chargée de l'eau, Mme Charafat Afailal. Le Maroc est un pays impacté par les changements climatiques et il ne peut se limiter uniquement aux précipitations. Il faut s'ouvrir sur les autres ressources qui ne sont pas affectées par ces changements comme le dessalement de l'eau de mer ou encore la réutilisation des eaux usées épurées», a-t-elle déclaré lors d'un entretien accordé à la MAP en marge de sa participation au 8ème Forum mondial de l'eau, qui s'est tenu du 19 au 23 mars dernier dans la capitale brésilienne. Evoquant les défis d'avenir pour le Maroc en matière hydrique, Mme Afailal a relevé qu'il y a nécessité d'accélérer l'investissement dans le domaine du dessalement, d'autant plus que le Royaume dispose de 3.500 kilomètres de littoral, qui est un atout «considérable». Cette technique a d'ailleurs été testée dans les provinces du Sud, de par leurs caractéristiques et leur climat, a-t-elle rappelé. «Maintenant, nous sommes tenus de généraliser cette initiative», a poursuivi responsable marocaine, en faisant état d'un ambitieux projet de dessalement au niveau de la région d'Agadir, ainsi que d'un projet de sécurisation de l'accès à l'eau potable au niveau de Casablanca, qui devrait être mis en service en 2025, sans oublier d'autres projets dans les villes de Tanger, Nador, Safi et El Jadida. Par ailleurs, la secrétaire d'Etat chargée de l'eau a rappelé que «le Maroc a investi énormément en matière d'infrastructure d'assainissement et il convient désormais de changer l'approche de départ, qui consistait à éliminer la pollution et de rejeter l'eau épurée dans la nature, et d'exploiter pleinement le potentiel de cette ressource, dans l'agriculture et l'industrie, pour soulager la pression sur les ressources d'eau douce». Et d'ajouter que la réaffectation des ressources en eau s'avère nécessaire compte tenu de la baisse et des retards des précipitations, une situation qui affecte principalement les régions du centre du Maroc, lesquelles dépendent des pluies. «S'orienter vers la mer pour sécuriser l'accès à l'eau et en faire un usage industriel et agricole via le dessalement tout en réservant les ressources d'eau douces et conventionnelles pour les régions qui n'ont pas d'autres alternatives à part les précipitations» est la voie à suivre, selon la responsable marocaine Revenant sur les réalisations de la politique hydrique du Royaume, Mme Afilal a relevé que «le Maroc a capitalisé une expérience très importante en matière de gestion et de développement des ressources hydriques. Il s'agit d'une politique reconnue à l'échelle mondiale grâce à laquelle le Royaume a pu surmonter des périodes de sécheresse difficiles». Grâce à cette politique, le Maroc a «pu généraliser l'accès à l'eau potable en milieu urbain et rural au bénéfice de la population et a pu atteindre l'objectif de 1,5 million d'hectares de superficie irriguée, bien avant l'échéance fixée à l'an 2000», s'est-elle félicitée. Mme Afailal n'a pas manqué de souligner que «le Maroc est un modèle non seulement à l'échelle continentale et régionale mais aussi à l'échelle mondiale», en relevant, à cet effet, que le fait de décerner le Grand prix mondial Hassan II pour l'eau lors de la cérémonie d'ouverture du Forum mondial de l'eau, en présence de chefs d'Etat et de gouvernement, est «une reconnaissance de cette distinction de la politique hydrique du Maroc». De plus, a-t-elle ajouté, le Royaume a beaucoup de choses à partager avec les pays amis principalement à l'échelle régionale et continentale, affirmant, dans ce sens, que la politique du Maroc en matière de barrages ainsi que son patrimoine de 40 ouvrages d'art séduisent les pays africains, qui sont motivés pour reproduire cette politique et augmenter le taux de mobilisation de l'eau au niveau africain. Au-delà des accords et des partenariats signés avec plusieurs pays d'Afrique, le Maroc a lancé à l'occasion de la Conférence climatique COP22, qui s'est déroulée en novembre 2016 à Marrakech, une initiative de l'eau pour l'Afrique baptisée «Water for Africa» qui ambitionne de mobiliser tous les acteurs institutionnels, financiers et politiques pour mettre en œuvre un agenda spécifique sur l'eau pour le continent. «A travers cette initiative, nous ambitionnons de pouvoir drainer les fonds de différents horizons pour concevoir des projets qui sont bancables au niveau des pays africains et aussi engager les investissements en matière d'infrastructure», a-t-elle fait savoir, en relevant que plusieurs pays africains sont de véritables «châteaux d'eau» mais ils manquent de ressources et d'infrastructures. «L'initiative a muri et a atteint un niveau de maturité qui séduit d'autres partenaires notamment la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, le Stockholm International Water Institute et d'autres instances internationales», a conclu Mme Afilal. Le Maroc était représenté au 8ème Forum mondial de l'eau par une importante délégation conduite par le chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, et composée de responsables des secteurs ministériels concernés et d'experts.