Le CCM dresse un bilan positif mais la réalité est que le film marocain n'atteint pas son public premier, les marocains. Des efforts sont faits oui mais nous sommes loin d'une véritable industrie. Le cinéma Marocain a soixante ans. Selon Sarim fassi Fihri, directeur du Centre Cinématographique, il ne s'est jamais aussi bien porté qu'aujourd'hui. La 19eédition du Festival national du cinéma, qui se déroulera du 9 au 17 mars prochain à Tanger, sera l'occasion de fêter cet anniversaire. Cela devrait être aussi l'occasion de faire un bilan de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire dans une industrie qui peine à démarrer. A voir les chiffres avancés par le CCM, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En effet, depuis 2014, le centre a soutenu 140 films entre courts et long-métrages. Pour l'année 2017, 31 long-métrages étrangers et 12 séries télévisées internationales ont été tournés au Maroc pour un investissement qui approche les 500 millions de dirhams. Des mesures incitatives pour les productions internationales sont en cours de validation. L'arrêté fixant les conditions d'octroi de ce soutien a été signé par le ministre de l'Economie et des Finances et par le ministre de la Culture et de la communication et devrait être publié au Bulletin officiel dans les prochains jours. Il s'agit de rembourser aux producteurs étrangers 20% de leurs investissements au Maroc et dans des conditions précises.Elle va permettre de tripler les investissements étrangers au Maroc, selon le centre. De plus, les films marocains n'ont jamais participé, la même année à autant de festivals internationaux comme la Berlinale, La Mostra de Venise, le Festival de Toronto, celui de Dubaï, de Rotterdam entre autres. Pourtant, des voix se lèvent contre la direction du CCM et dénoncent la manière avec laquelle est géré l'octroi de subventions. Des membres de la Chambre nationale des producteurs de films ont même manifesté leur mécontentement par rapport à cet aspect vital de la production cinématographique. Ils contestent aussi la médiocrité de la production audiovisuelle en général. Pour sa défense, le CCM estime que cette manifestation n'a pas lieu d'être car elle ne concerne que «quatre ou cinq» sur les 150 producteurs membres de cette même chambre. D'autant plus que les avances sur recette, et autres subventions à l'écriture, à la production de court-métrages sont décidées par une commission nommée par le ministre de la communication sur propositions du CCM et de la chambre des producteurs. Seulement, la réalité du secteur est bien loin de cette image idyllique. En dépit de la quantité de films produite, ces derniers sont cloisonnés dans la participation aux festivals de différentes catégories, mais sur le plan national, leur notoriété reste «confidentielle» pour le grand public marocain. Et souvent, ils ne répondent pas aux attentes de ce public qui a accès à tout ce qui se fait dans le monde. La cinémathèque nationale n'a qu'une présence physique dans la capitale. Une promesse de relance de son activité pour la rentrée 2018/19 avec une programmation riche et variée. Il faudra voir en somme. Les salles de cinéma ont pratiquement disparu, à part les quelques salles qui continuent à se battre pour exister malgré les aides annoncées par le CCM pour leur équipement et leur rénovation. Des établissements qui représentent de véritables monuments dans leurs villes sont en train de tomber en ruine. Le cinéma marocain qui est sensé d'abord cibler le public marocain ne bénéficie que de peu de promotion au niveau de la distribution. Sa visibilité est presque inexistante. Les films qui le représentent dans les plus grandes manifestations internationales ne bénéficient pas, dans la plupart des cas, de la subvention du CCM. De là à parler d'une industrie cinématographique, il y a encore fort à faire.