Et maintenant que le gouvernement est au complet, le champ politique national va-t-il sortir de sa torpeur? Maintenant que la rumeur s'est dissipée, et qu'une nouvelle photographie de l'équipe gouvernementale avec Sa Majesté le Roi a été prise, il s'agit tout d'abord de prendre à bras le corps ces inégalités criantes que subissent les populations des zones montagneuses soumises au froid et à l'isolement. La solidarité nationale doit se manifester au plus haut point pour que les familles et leurs enfants puissent retrouver, dans leur quotidien, de plus meilleurs conditions que celles qu'ils subissent suite aux conditions climatiques. Le manque d'initiative des collectivités locales montre ce qu'elles sont : des coquilles vides où souffle le vent. Les difficultés économiques de la population s'aggravent. La cherté de la vie est reconnue officiellement. La vulnérabilité, les inégalités sociales et territoriales alimentent le mouvement social aux doléances duquel le gouvernement doit répondre.Si la rupture avec cet héritage qui veut que «les riches s'enrichissent davantage alors que les pauvres s'appauvrissent encore plus» ne peut se faire dans un laps de temps aussi court que le souhaitent les populations démunies, le gouvernement doit apaiser la situation en usant du dialogue et en activant les projets nécessaires pour sortir du marasme. Le gouvernement doit être pédagogique et donner l'exemple. Il ne peut faire croire à ce qu'il dit alors que ses actes contredisent ses paroles. Sa crédibilité en pâtira et sa faiblesse accélèrera sa chute. Sa vision stratégique de la réforme à moyen et long terme doit être entreprise clairement en engageant la responsabilité politique de l'ensemble des partis constituant la majorité gouvernementale. La solidarité entre les formations de la coalition gouvernementale ne doit pas être perçue comme un moyen permettant la répartition des portefeuilles ministériels. Elle doit s'exprimer dans les actes de chaque membre du gouvernement et au sein des chambres du parlement pour défendre collectivement le projet gouvernemental. Ne pas agir les uns contre les autres, se dispenser des phrases assassines à l'encontre d'un partenaire qui du meilleur devient le plus mauvais de l'histoire! Dans un souk néolibéral où l'informel reste présent, voire prépondérant, des instruments institutionnels pour réguler et équilibrer les tendances monopolistiques et hégémoniques doivent fonctionner normalement. La concurrence ne peut se comprendre comme la pratique d'un égoïsme exacerbé sans se soucier de son impact sur la société, sur sa cohésion et les conditions de son évolution et de son adaptation à son environnement global. De même, la justice doit être respectée quand elle se prononce définitivement, conformément à la constitution, loi suprême de la nation. Aucun article ou alinéa d'une loi subsidiaire aux dispositions constitutionnelles ne peut s'imposer, fût-il par un vote majoritaire au parlement. L'action du gouvernement pour la consolidation du processus démocratique devra se traduire par l'amélioration de la gouvernance et la permanence de la pratique démocratique, et ce à tous les niveaux afin d'établir la justice sociale, la liberté et le respect du droit au sein de la société. Le désappointement des masses populaires, devant le manque d'encadrement et d'orientation, inhibe la volonté mobilisatrice et l'engagement pour l'intérêt commun. L'individualisme prime alors sur le collectif et le comportement de la population devient de plus en plus imperméable à l'engagement politique et au recrutement partisan. Ce recul du politique donne «aux pêcheurs en eau trouble» l'occasion d'affaiblir l'enthousiasme nécessaire à la consolidation d'un processus démocratique méandriforme et complexe. Notre société n'a rien à gagner dans l'instauration d'un désert politique où les partis perdent l'indépendance organisationnelle et décisionnelle que leur confère la constitution. Un parti politique ne peut devenir un intermédiaire pour délivrer des accréditations le jour venu à des personnes potentiellement capable de remporter le vote. Sa contribution active, constructive et responsable à la transformation de la société est réduite à zéro. Cette «éligerocratie» corrompt la démocratie plus que la technocratie, la bureaucratie et autres pouvoirs non démocratiques. Qui vivra verra. Dans l'attente, la pratique de l'optisceptimisme ne peut que susciter mobilisation et déterminisme pour réformer l'actuel et envisager un avenir meilleur.