La culture marocaine dans toute sa diversité, sa richesse et sa splendeur a été à l'honneur, samedi soir à Copenhague, le temps d'une journée culturelle où saveurs, senteurs, couleurs et mélodies se sont donné la réplique dans une ambiance festive et conviviale. Lors de cette journée particulièrement pluvieuse, les visiteurs comme les habitués du Centre culturel Ku.Be de Fredericksberg, relevant de l'une des illustres municipalités de Copenhague, ont eu droit à une riche palette de friandises et de crêpes typiquement marocaines. Entre Chebbakia et Rghayef, Ghribiya ou Briouates, Harira et pains fourrés, des acteurs associatifs bénévoles ont multiplié d'ingéniosité et de savoir-faire pour donner aux visiteurs un avant-goût des plats exquis et des arômes savamment dosés, dont seul l'art culinaire marocain est capable de sonder les arcanes. « C'est notre manière à nous de présenter cette autre facette de la culture marocaine. Ne dit-on pas que la connaissance entre les peuples passe immanquablement par la cuisine ? », s'interroge, en servant à un visiteur l'indétrônable thé à la menthe, Sabah Qarzassane, présidente de l'Association des femmes marocaines au Danemark. Pour Hiba Mohamed Belhaiba, président depuis 2003 de l'Organisation danoise du développement humain en Afrique et en Europe orientale, l'organisation de cette journée témoigne de l'engagement et du dynamisme des acteurs associatifs marocains en faveur du rapprochement entre les peuples et les cultures. Idem pour Najat, la jeune casablancaise originaire de Derb Soltane qui ne manque jamais à l'appel pour apporter sa magique touche au spectacle, grâce aux motifs de henné qu'elle applique avec patience et dextérité à ceux/celles qui en expriment le souhait. « Il ne manque plus que toi. Viens, donc, que je t'applique gracieusement un motif floral à la main ! », lancera-t-elle, l'air railleur à l'adresse d'un compatriote venu la taquiner si la moisson de la journée était bonne. Par cette journée automnale, les habits traditionnels marocains, avec leurs couleurs vives et bariolées, tout comme les produits de l'artisanat ancestral aux teints chauds, ont imprimé à l'espace une ambiance particulièrement singulière que viennent ponctuer une série de tableaux artistiques « made in Morocco ». Et c'est précisément sur le fond de cette fresque vivace et polychromique donnant à voir tantôt ruelles étroites, tantôt donjons crénelés, que le jeune artiste marocain Mehdi Nabloussi allait enfiévrer une assistance venue en nombre tendre l'oreille aux mélodies typiques d'un Maroc en mouvement. S'il est vrai que le fils de Taroudant s'est déjà produit à Copenhague, il y a dix ans, il revient cette fois-ci dans le cadre du Festival mondial de la musique de Copenhague (CPH Festival World Music), avec toute sa troupe ; en l'occurrence Walid Lahlimi (basse), Anas Chlieh (Loutar), Alae Al Kheir (Guitare), Ismail Jabioune (batterie) et Younes Kharraz (Piano). Passionné de musique depuis sa tendre enfance, Mehdi grandit dans la pure tradition musicale des gnaouas. Il ne se souvient même plus à quel âge il a commencé à jouer le guembri. Par contre, le rêve d'embrasser une carrière internationale l'a toujours hanté. Et c'est désormais chose faite. Spécialiste du Hajhouj qu'il apprend très jeune à jouer dans une famille ancrée dans la culture gnaoua, il parcourt le Maroc pendant 10 ans pour réaliser son voyage initiatique auprès de plusieurs mââlems, de Taroudant à Marrakech, en passant par Essaouira et Safi. De ce périple, il acquiert au fil des ans une solide connaissance de la tradition musicale gnaouie, qu'il apprend dans les règles de l'art, en passant par la daqqa ou encore le malhûn. Sauf que, à l'instigation de Brahim El Mezned, à l'époque directeur artistique du Festival Timitar d'Agadir, il saisira très tôt l'importance de s'ouvrir à la fusion des genres musicaux. Et c'est ainsi qu'il participé à nombre de projets et de résidences de création musicale et sillonné les continents pour collaborer avec de grands noms de la world, tels que Titi Robin, Benjamin Taubkin, Andy Emler, Sami Waro ou Alpha Blondy. A Copenhague, dix ans après, Mehdi, avec sa troupe, auront livré avec verve et maestria, mais surtout beaucoup de générosité, une soirée où pratiquement toutes les sonorités glorifient la grandeur d'un Maroc pluriel et uni.