Lorsque des musiciens marocains rencontrent des artistes réunionnais, cela donne la création musicale «Kamlin». Un groupe de l'Ile de la Réunion, Lo Griyo a rencontré à Agadir trois artistes marocains : Khalid Berkaoui, Mehdi Nassouli et Foulane Bouhssine. C'était en octobre 2009. L'objectif de cette rencontre était d'entrer dans une résidence artistique pour donner naissance à une création musicale commune. Après ce voyage initiatique au Maroc pour entamer le dialogue, Lo Griyo invite nos trois virtuoses à poursuivre leur transe-fusion sur ses terres. Une aventure où Kamlin fera un arrêt attendu au BabelMed avant de rejoindre Agadir pour le Festival Timitar en juillet. La première présentation de cette co-production s'est déroulée le 18 mars à l'auditorium de Kabardock en Réunion. Prochaine station : BabelMed, ce vendredi 26 mars. Avec la musique et sa fonction sacrée comme trait d'union, les deux formations ont pu travailler de concert, unies par une même démarche : faire vivre et moderniser l'héritage musical de leurs contrées respectives. Comme le maloya, genre musical majeur de La Réunion, le Maroc aussi connaît des musiques ternaires, jouées dans un cadre rituel par des initiés, et dont l'écoute attentive provoque la transe. Les instruments ? Kora, darbouka, ribab, kayamb, flûte mélodica, hajhouj, crotales, ghayta, outar, clarinette, saxophone et programmations numériques s'apprivoisent et se répondent pour créer cet esprit Kamlin, traduire «tous ensemble». Chacun des artistes marocains a apporté sa touche à ce projet. Mehdi Nassouli au Hajhouj a une présence magnétique sur scène. Né en 1985 à Taroudant il a été initié à la tradition gnaouie auprès de son grand-père. Il a fréquenté les maâlems, participé aux lilas (cérémonies et rituels gnawas), animé fêtes et mariages. Il s'est formé à différents genres traditionnels mais sa préférence va au style gnaoui. Comme le maloya, style musical majeur de La Réunion, le Maroc a aussi ses musiques ternaires, jouées dans un cadre rituel par des initiés, et dont l'écoute attentive provoque la transe. Foulane Bouhssine, plus connu, est surnommé le Jimmy Hendrix du ribab. Né à Agadir en 1979, il a commencé par apprendre le violon au Conservatoire, puis est passé à un instrument en résonance avec son identité berbère, le ribab. Ce choix lui est apparu évident et nécessaire, raconte le musicien. «Parce que je suis amazigh. Ensuite, il y a beaucoup de violonistes dans le monde, alors que les ribabistes sont rares». Il est co-fondateur des groupes Amargh Fusion et est actuellement leader de Ribab Fusion. Enfin, Khalid Berkaoui, aux percussions, est un agitateur de rythmes. Né également à Agadir en 1977, il s'est formé au Conservatoire, «histoire d'acquérir ce langage commun indispensable», dit-il, «pour se comprendre au-delà du simple feeling et travailler avec d'autres musiciens de cultures différentes». Ce projet musical sera donc présenté au festival Timitar d'Agadir, le 8 juillet. Sami Pageaux-Waro, fils de Daniel Waro Le vocaliste du groupe Lo Griyo Sami Pageaux Waro est le fils de Daniel Waro qui s'est déjà produit au Maroc au festival Mawazine. Avec Brice Nauroy aux effets électroniques et Luc Joly, les musiciens de Lo Groyo forment un trio atypique et particulièrement créatif. Ouverts au monde, curieux et attentifs aux échanges, porteurs de surprises, ils inventent avec Lo Griyo l'une des aventures musicales les plus atypiques et prometteuses de la scène réunionnaise. Découverte du Printemps de Bourges en 2009, le trio vient de sortir son premier album à La Réunion, «Yé Mama».