C'est la bonne nouvelle qui s'annonce en prélude de la prochaine rentrée cinématographique: en septembre en effet, le nouveau film de Faouzi Bensaidi, Volubilis, a été retenu pour Venice days une section phare de la Mostra de Venise, l'un des trois grands festivals du monde. C'est une formidable vitrine et un excellent tremplin pour le lancement du film; «dès l'annonce de cette sélection, nous avons reçu plusieurs invitations pour d'autres festivals à travers le monde» précise Faouzi Bensaïdi. Volubilis est le quatrième long métrage d'une filmographie marquée par sa grande diversité, son éclectisme diront certains, «expérimentation reconnaît le cinéaste lui-même. Cet enfant de la cinéphilie meknassie à laquelle il ne cesse de rendre hommage dans ces films était pourtant destiné à une carrière de théâtre. Bensaidi avait en effet rejoint l'ISADAC pour une formation d'acteur ; son amour pour le septième art en a décidé autrement et il a fait le choix –heureux- de passer derrière la caméra tout on ne se privant pas de jouer «devant», aussi bien dans ses films, dans de vrais rôles et non des apparitions, ou dans les films des autres, d'André Téchiné à Olivier Assayas (Monsieur Habib dans Dheepan palme d'or à Cannes 2015) en passant par Nabil Ayouch (Mektoub) et Daoud Aoulad Syad (Cheval de vent). Sa filmographique est relativement courte. Elle comporte néanmoins des titres phares de la filmographie marocaine. Son court métrage La falaise (1998) est l'un des films marocains les plus primés à travers le monde. Son premier long métrage, Mille mois (2003) a obtenu le Prix jeune regard de la section Un certain regard du festival de Cannes. Il sera suivi de What a wonderful world (2006) un exercice cinéphilique chargé de clins d'œil, du cinéma de Buter Keaton à Jacques Tati. Dans son troisième long métrage Mort à vendre (2011), il part du prétexte d'un hold up rocambolesque pour disséquer les drames d'une jeunesse urbaine sur un fond d'image crépusculaire. Avec Volubilis (sortie prévue en 2018), il entame un autre tournant dans sa démarche esthétique n'hésitant pas à mobiliser les ressorts du mélodrame pour proposer le bilan social et humain accablant d'un capitalisme sauvage et débridé, celui d'une mondialisation ravageuse et tueuse des valeurs. Et pourtant tout démarre sous de bonnes intentions : Abdelkader (heureux de son boulot de vigile) et Malika (jeune femme de ménage qui résiste aux différents harcèlements), issus du peuple d'en bas tentent de construire une vie faite d'amour et d'utopie. Sauf que Volubilis peut se lire comme «l'amour au temps du choléra», le choléra ici est la mondialisation portée par une bourgeoisie sans foi ni loi. Abdelkader, victime de sa naïveté et de son sens du devoir va être broyé par une machination hourdie par une figure de la nouvelle bourgeoisie qui écrase tout sur son chemin. Une scène en ouverture du film lors de la phase idyllique du jeune couple dit en filigrane l'impasse future, la scène où l'on voie le couple faire une visite au monument historique Volubilis envahie par des touristes chinois ou japonais armés de leurs appareils photos : le couple va évoluer dans un monde en ruine; le romantisme est écrasé par la mondialisation envahissante. Le titre du film prend alors une dimension métaphorique ; un clin d'œil à la fin d'une civilisation. Le film est d'une actualité brûlante. Les protagonistes du film ont l'âge de cette génération qui anime ce hirak qui traverse le pays dans mouvement social anti-hogra. Ils ont leur film.