A l'initiative de l'Association «7Arts» d'Azrou, un vibrant hommage a été rendu la semaine dernière au militant associatif et politique Karim Naitlho, membre du Bureau politique du PPS. La salle des conférences du nouveau centre culturel d'Azrou était bondée ce samedi soir du 25 février. Une ambiance chaleureuse et un fait rare et inédit dans une ville rétive où toute initiative suscite une réaction mitigée : une assistance hétérogène d'obédiences politiques confondues, et surtout un grand nombre d'acteurs associatifs de la région venus participer et assister à l'hommage rendu à Karim Naitlho, «une grande figure et acteur des premières heures du militantisme local» qui «a et continue à marquer la vie politique locale par son dynamisme et son engagement exemplaire», expliquera au cours de son mot inaugural, Mademoiselle Oumayma, la jeune vice-présidente de l'Association «7Arts», initiatrice de cette célébration qui, en partenariat avec «Sada Tv», ambitionne de jeter la lumière sur « ces hommes et ces femmes de valeurs, épris d'humanisme et militantisme ». De presque toutes les régions du Maroc, ils étaient nombreux à cet hommage. Des caciques du PPS, des vieux comme des jeunes, des avocats, des représentants d'associations nationales et locales...ont tenu à apporter leur témoignage «loyal» sur celui dont «la voix est toujours distincte dans le débat ». « Un politicien à la dimension humaine et morale». Respect unanime Tout au long de cette soirée chaleureuse, familiale mais chargée de messages politiques forts, on a assisté en multiples chapitres à un véritable reportage sur 40 années et durant lequel les témoignages de ses compagnons, de ses confrères avocats, de sa famille ...ont essayé d'équilibrer son portrait. Et qu'est-ce qu'on y découvre. Un Naitlho (presque) sans filtre. En confiance. On revient sur son histoire. Celle d'un gamin qui ouvre les yeux à Boulemane en 1957, puis fait ses premiers pas à Azrou dans une famille de résistants, à des mètres de l'une des premières écoles du Maroc dont le foncier a été offert par ses parents aux résistants pour contrer la francisation du Moyen Atlas. La politique arrive très vite. Son entrée au PPS à l'âge de 16 ans, ses convictions «restées fidèles à l'enseignement de Lénine», son goût pour le rapport de forces et son combat de tous les jours «la justice sociale». Son respect et son admiration pour Ali Yata sont intactes. «Avec lui, j'ai appris ce qui compte à mes yeux le plus : l'éthique de conviction», souligne celui qui assume toujours sa virulence envers les politiques «opportunistes sans âmes et sans scrupules». Les photos d'archives sont belles, parfois inédites. Durant les années quatre-vingt, Le jeune homme se fait très vite remarquer. Noniste fougueux du referendum de 1980, il devient un incontournable du PPS dans la région d'Azrou. Moins de deux années plus tard, l'avocat stagiaire qui a réussi à créer avec un grand nombre de militants un véritable mouvement de jeunes devenus la base de fidèles du PPS, fait partie du fameux «groupe 28 d'Azrou», arrêté et injustement emprisonnée en 1984 pour leurs convictions politiques. Ce qui ne démotive en rien l'engagement du «jeune pousse» qui assumera, dagues affutées, la défense de ses compagnons et le développement du PPS dans la région. Militant authentique Excellent tribun de salles polyvalentes, Maitre Karim qui a juste troqué sa chevelure longue et noire pour un crâne dégarni et une couronne de cheveux gris, n'a rien perdu de sa verve et son entourage a des étoiles dans les yeux après ses prises de paroles qui servaient à chaque fois de mots de passe pour les initiés. «C'est un militant qui est toujours assis sur ses convictions», «imperturbable, aimable mais aussi frondeur», dira de lui Mustapha Addichane, compagnon de lutte, ex-détenu politique du groupe d'Azrou et actuellement membre du BP du PPS qui a tenu à participer à cet hommage pour dire son «grand respect pour le parcours politique de Karim Naitlho, infatigable militant de l'idée qu'i faisait des libertés, de la justice, de l'émancipation et le développement à dimension humaine.» Quand il parlait de sa ville Azrou, il avait «les yeux qui s'illuminaient», ajoute Mustapha Addichane les yeux embués de larmes. De lui aussi, Mustapha Ibrahimi, militant charismatique du PPS, dira que «c'est un militant pugnace» et rend des hommages appuyés à «son énergie, ses bonnes intuitions et sa capacité d'avancer». Membre du Bureau politique , Karim Taj, un pur produit de l'école du PPS choisit pour sa part d'insister sur , «un militant authentique», «fidèle à ses convictions et qui s'est toujours pleinement engagé pour qu'on ne tourne pas le dos aux principes pour lesquels tant de Marocains ont combattu et sacrifié leurs vies, au premier rang desquels la liberté de l'individu, la justice et la démocratie. » Intervenant au nom de la dynamique Association «Jeunesse sans frontière» d'Azrou, Adil Injdadi est revenu lui sur «le conseiller communal», «le visionnaire qui inscrivait ses propositions et ses préconisations dans une analyse éclairée dont la voix manque cruellement au débat des sessions du conseil d'Azrou». Des témoignages donc d'acteurs politiques, associatifs, d'amis ou de confrères, fourmillant de révélations, d'anecdotes particulièrement riches pour saisir toute la vigueur de la vie intellectuelle et militante de M. Karim Naitlho et à travers lui l'engagement et le combat d'un parti, le PPS, dont les militants ont pu trouver en eux même et au creuset des valeurs de la gauche progressiste, la force de résister. Dans le contexte actuel marqué par la politique de l'oxymore et du reniement des valeurs, c'était la leçon de vie : conjuguer le mot résister au présent, pour faire entendre ce que chacun préférerait ignorer. Merci à l'association «7arts», à travers cet hommage fort réussi, de nous le rappeler.