Célébration du 70e anniversaire du PPS Les caciques, les vieux comme les jeunes, ceux qui ont été emprisonnés comme ceux qui collaient les affiches, ont fièrement célébré samedi dernier à Azrou le 70e anniversaire du PPS et rendu un vibrant hommage à un homme de valeur : feu Ali Yata. Les photos de l'époque ne mentent pas. Ils sont là, côte à côte, défilant sur les venelles d'Azrou, déterminés, armés de leur conviction, à leurs tête Ali Yata. Combien de fois se sont-ils ainsi rassemblés, battant le pavé azroui et de sa région pour défendre les causes nobles et faire entendre le cri des sans-voix ? Réunions nocturnes qui s'éternisent, tractage, manifestations... que de souvenirs pour ces militants qui ont enchainé deux, trois voire quatre décennies de lutte. Le film projeté ce samedi à l'occasion de la célébration du 70e anniversaire du PPS, retraçant une visite d'Ali Yata à la région une année avant sa disparition tragique est fort révélateur : Un «combat authentique» et «un militantisme de proximité réel», menés depuis des décennies par ses «militants de l'ombre dont la référence est constante», comme l'a bien rappelé Bouziane Ou Ali, premier Secrétaire du parti à la province d'Ifrane. Et d'ajouter que «le socle de notre parti est bien solide pour continuer dans la voie du progrès et des changements et à s'engager davantage dans les reformes pour lesquelles nous sommes combattues.» Un combat authentique Au cours de cette soirée, la verve d'Ali Yata est bien là. En coulisses ou à travers les témoignages de militants dont certains cachent mal leurs yeux humides pleins de nostalgies, la mémoire du fondateur du PPS a été fortement présente et envahissante. Devant le gotha politique local et de la société civile, toute obédience confondue, des militants venus de tous les coins du Moyen Atlas, Mrirt, Meknès, Khenifra, Ain Leuh, Ifrane, ont eu l'occasion de revivre et de rappeler les qualités «d'un homme d'exception» qui a sacrifié sa vie «à défendre et à faire entendre ce que d'autres préféreraient ignorer», dira de lui Karim Naitlho, membre du Bureau politique qui a animé cette cérémonie de célébration. Une occasion de rappeler les valeurs d'un homme qui a su sans polémique, mais avec détermination et habilité politique, s'extraire des clivages stériles et de permettre au PPS de contribuer à la renaissance démocratique et d'être «un parti incontournable dans les changements que connait le Maroc», a tenu à souligner Abdessalam Seddiki, membre du BP du PPS et ministre de l'Emploi et des affaires sociales qui co-animait avec Amine Sbihi, ministre de la Culture, la conférence-débat organisée en marge de cette journée de célébration sous le thème de la «diversité culturelle». Cette rencontre a eu lieu, samedi dernier, au lycée Tarik Ben Ziad d'Azrou, un lieu qui n'est pas le fruit du hasard car considéré comme épicentre du mouvement national pendant le protectorat et dont l'élite aujourd'hui est à la tête du mouvement amazigh. Et M. Sbihi ne peut espérer mieux pour débattre et faire valoir le travail de son ministère en appelant à une nouvelle approche dans l'appréhension de la diversité cultuelle marocaine et d'inviter tout un chacun à engager un débat calme et serein en plaçant l'unité et la diversité au fronton des initiatives culturelles, en tenant compte des acquis et garanties assurés par la nouvelle constitution. Dans le contexte actuel, saisi par l'anorexie d'idées, on ne peut en effet que s'interroger sur le danger de la réduction des différences et la diversité culturelle à une dimension aussi contraignante que nébuleuse. Car la diversité culturelle, estiment beaucoup d'intervenants, ne doit pas être une apostille superflue au débat contemporaine sur l'identitarisme. Il faut signaler aussi qu'en marge de cet événement, un grand hommage a été rendu à Ahmed Khoukhou, doyen des militants PPS à Azrou et acteur des premières heures du militantisme local. Comme quoi, les cendres du vrai militantisme sont toujours chaudes. Et les flammes de l'espoir restent allumées.