Qu'il s'agisse d'une personne ou d'une entité partisane, il est important de connaître l'avis de l'autre sur soi, particulièrement quand l'autre est drapé de la toge du savoir scientifique et que son approche soit basée sur une méthodologie et des concepts. «L'espace partisan marocain : un microcosme polarisé» est le titre d'un article de Mounia Bennani Chraibi récemment publié dans la Revue française de science politique. Il est le résultat d'une enquête effectuée entre 2008 et 2012 auprès de 4127 congressistes issus de dix organisations politiques marocaines. Le parti du Progrès et du Socialisme avait participé, lors de son huitième congrès national, à l'exécution de l'enquête. Les autres organisations politiques sont l'USFP, l'Istiqlal, le MP, le PAM, le PSU, le PADS, Annahj addimocrati et le PJD. L'organisation altermondialiste ATTAC-CADTM Maroc est inclue pour, selon l'auteur, « affiner l'examen des frontières entre scène politique instituée, espace protestataire et politique non conventionnelle, (et) d'interroger les spécificités du fait partisan au regard de ses marges». Les données concernant la composition des congrès cités font dire à l'auteur que les partis politiques marocains semblent constituer «un monde à part, non représentatif de la population, et ce, en dépit des efforts consentis pour pénétrer les zones rurales et des politiques menées en vue de féminiser et de rajeunir la classe politique». Il s'avère ainsi que cet espace, celui des congressistes, «est dominé par des citadins, des hommes d'âge mûr, des diplômés du supérieur, des cadres moyens et supérieurs du secteur public». Pour ne se limiter qu'à cet aspect, et malgré le temps qui presse, il semble que mes camarades du PPS ne pourront pas faire mieux au neuvième congrès. Les discussions au sein des commissions chargées de préparer cet événement semblent se focaliser beaucoup plus sur les personnes que sur l'évaluation des actions menées et des solutions alternatives à promouvoir pour que ce neuvième congrès national puisse être l'occasion de dynamiser l'action partisane afin de transformer le parti en un véritable parti de masse, capable de mobiliser les masses populaires et l'ensemble des démocrates pour consolider l'édification de l'Etat démocratique et la promotion de la justice sociale dans notre pays. La faconde interrogative, revendicatrice et acrimonieuse, ne peut constituer ni une réponse aux attentes des militant(e)s ni une plateforme politique et organisationnelle pour la réussite du neuvième congrès du PPS. De même, on ne peut se satisfaire des scenarii où la réussite du congrès le partage à son échec pour déterminer les positionnements des uns et des autres. Celles et ceux qui tablent sur une impasse procédurale du congrès doivent assumer d'ores et déjà les conséquences d'une telle approche. On ne négocie pas le développement de la démocratie interne au sein d'un parti comme le PPS en négociant des positions dans la direction ou par des allusions statutaires non matures. La promotion de la direction collégiale, le respect des rapports statutaires entre les institutions partisanes, le développement de l'action collective, l'ouverture du parti sur de nouveaux adhérent(e)s et l'encadrement nécessaire qui lui est corollaire par la formation et l'information interne ne se feront que par l'autocritique et l'exemplarité. La démocratie interne ne se décrète pas, elle se pratique et à tous les niveaux. Sa praxis fait que les statuts ne font généralement que «figer sur le papier» des procédures et des comportements déjà expérimentés. Comme il est évident que cette praxis elle-même montre l'inadéquation ou le caractère obsolète d'une disposition statutaire malgré son adoption par l'instance suprême du parti. Le rapport au politique des Marocaines et des Marocains devra être objet de réflexion profonde car la ligne de partage, relevée par Mounia Bennani Chraibi dans son article, se situe, entre «une politique pragmatique, localisée, enserrée dans les réseaux de proximité et de clientèle (et) une politique nationale, voire transnationale, construite autour d'identités politiques qui survivent aux recompositions de la scène politique instituée marocaine». Si, comme cela semble se confirmer, les camarades, dans leur très grande majorité, sont d'accord sur l'identité et la nature de notre parti, sur sa ligne politique; qu'ils agissent alors pour qu'il ne soit plus un minoré au sein d'un microcosme dont l'expansion reste à l'ordre du jour.