C'est dans les vœux traditionnels, que l'on s'adresse mutuellement à l'occasion, que l'on trouve parfois certaines allusions à la vie quotidienne et à ses problématiques. Dernièrement, celles qui m'ont le plus interpellé sont certainement celles d'un camarade et néanmoins ami, qui, en citant Gramsci, appelle à substituer «l'optimisme de l'action» au «pessimisme de la raison». Les illusions se sont-elles dissipées et la réalité de la situation politique est-elle si lourde et si obscure que pour vaincre le désespoir il ne reste que cet «optimisme de la volonté»? L'avenir sera-t-il meilleur que prévu pour que le pessimisme exprimé soit dépassé alors que l'optimisme pourrait facilement induire un manque de clairvoyance? Encore faut-il agir ? Reste à déterminer le champ d'action et à se donner les moyens de le faire. Au niveau du gouvernement ? Les déclarations du Secrétaire Général du PPS sur la concertation au sein du gouvernement montrent qu'il reste beaucoup à faire. Les élucubrations de M. Chabat n'arrivent ni à provoquer la crise projetée ni à crever l'abcès pour libérer la majorité «des remaniements» du personnel ministériel voulus par M. Chabat, suite à son élection. Elles plombent tout au moins les initiatives qui tardent à venir et ramènent le débat vers l'humeur de nos dirigeants politiques et leur capacité à surenchérir les uns sur les autres. Parodie de politique ! Il reste que, l'enthousiasme naïf des militant(e)s étant devenu une denrée très rare, voire inexistante, il faut expliquer aux bases, et par leur intermédiaire à l'ensemble de la société, les tenants et les aboutissants d'une politique qui reste dans un clair-obscur alarmant pendant lequel «les monstres», combien dénoncés par M. Benkirane, agissent. Si l'on ne peut prendre les Marocaines et les Marocains pour des moutons de Panurge, et loin s'en faut, il faut dire que ces monstres sont aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur d'une majorité grippée qui manque d'audace et de témérité. L'action politique reste handicapée par le manque dans la majorité gouvernementale d'une «homogénéité et conscience de sa propre fonction» non seulement dans le domaine politique mais également dans le domaine économique, social et culturel. Il faut dire que l'opposition reste elle-même figée dans l'attentisme quand elle ne pratique pas la surenchère et la polémique. Reste alors le champ partisan intrinsèque, et qui, malgré «le pessimisme de la raison» auquel se trouve soumise la situation nationale, pourrait voir se développer «l'optimisme de l'action» pour le consolider et le renforcer. L'adaptation de l'organisation du PPS et la mise en œuvre de nouvelles méthodes de travail s'imposent à tous car l'action gouvernementale des ministres du PPS, aussi efficace soit-elle, ne peut suffire à elle seule pour donner au parti l'enracinement populaire dont il espère bénéficier. Un travail de communication, d'explication et d'organisation doit animer les sections du parti, parallèlement à leur renforcement à leur niveau territorial. L'action des élus du PPS doit contribuer à son rayonnement. Le développement de la démocratie interne et la formation doivent contribuer au développement de l'esprit d'appartenance au PPS, à sa discipline et au respect de ses statuts. C'est par la réalisation concrète de ses tâches sur le terrain, et non seulement leur consigne dans des feuilles de route, que «l'optimisme de l'action» s'imposera. Un optimisme qui permet de voir «une opportunité dans chaque difficulté» comme le soulignait Churchill. Des actions qui permettront au PPS de muter en un véritable parti de masse, un parti démocratique et responsable qui agit pour la modernisation de la société marocaine et la mise en œuvre des valeurs du socialisme. Un PPS qui représente la gauche dans sa continuité historique, loin du populisme opportuniste basé sur la marchandisation du politique et «les effets de manche», un parti où «praxis» et «catharsis» se conjuguent pour transformer la société et assurer le bonheur du genre humain. Alors, loin de tout spleen: «Meilleurs vœux de santé, de succès, de bonheur pour vous mêmes et vos proches. Paix, sérénité et joie en 2013. Et, en citant Gramsci, substituons "l'optimisme de l'action" au "pessimisme de la raison".».