Projet de réforme du régime des retraites Le projet de réforme du régime des retraites entame une nouvelle phase. Après avoir été décortiqué, examiné et validé par les chefs des partis de la majorité, le gouvernement prévoit de tenir une réunion cette semaine avec les partenaires sociaux avant de déposer le projet au parlement. La nouvelle mouture du projet de réforme des caisses de retraite attisera l'acquiescement des centrales syndicales et du patronat. A en croire les déclarations des partenaires sociaux, les discussions s'annonceront houleuses. Le dossier de la réforme des caisses de retraite est un dossier épineux. L'état des lieux est qualifié de catastrophique et la situation financière des caisses défaillante voire même déficiente. Le chef de gouvernement est devant un exercice difficile. Abdelilah Benkirane devra, au courant de cette semaine, présenter son projet de réforme des régimes de retraite devant la commission nationale chargée la réforme des régimes de retraites. Cette commission qui regroupe les premiers responsables des centrales syndicales, le patronat, les DG des caisses de retraites (CNSS, CIMR, CDG, CMR, RCAR) sera-t-elle convaincue de la version proposée par le gouvernement pour sauver les régimes de retraites notamment la CMR qui se trouve actuellement au bord de la faillite. On rappellera dans ce sens que la version finale du projet validé par la majorité (PJD, PPS, MP, RNI) consacre trois grands paramètres à savoir la révision à la hausse de l'âge de départ à la retraite, l'augmentation des taux de cotisation et l'élargissement des l'assiette des cotisants. A l'heure ou nous mettions sous presse, l'UMT confirme ne pas avoir encore reçu de convocation pour une éventuelle réunion avec le chef de l'Exécutif cette semaine. Amal Al Amri, membre du Secrétariat national de l'UMT et membre de la commission nationale chargée de la réforme des régimes de retraite, annonce d'ores et déjà que la seule réforme paramétrique est certes importante mais reste insuffisante pour assurer la pérennité financière des caisses de retraite. L'UMT, a-t-elle précisé, dénonce le viol du principe du dialogue social sur un sujet très important, à savoir la retraite, et confirme la responsabilité du ministère des finances qui augure d'un passage forcé de la réforme paramétrique notamment celle de la CMR dans le cadre de la loi des finances 2014. Cette réforme, estime Mme El Amri, ne résoudra pas le problème du régime des retraites qui a besoin d'une vraie politique de protection sociale de retraite. Cette dame de fer de l'UMT explique que la réforme paramétrique ne peut pas faire l'économie d'une profonde réforme des retraites. Et d'ajouter que même les paramètres adoptés ne sont qu'une partie dans la procédure politique et technique du dossier. Amal El Amri indique que le gouvernement, en faisant cavalier seul dans le traitement de ce dossier, risque d'endosser les conséquences de sa décision aux seuls travailleurs et fonctionnaires. Le cas de la CMR est patent. L'Etat n'a pas pu affronter ses engagements et payer sa quote-part patronale au moment où le fonctionnaire était prélevé à la source. En 2004, le déficit de la Caisse marocaine de retraite s'élevait à 11 milliards de dirhams, sans compter les intérêts. Certes, souligne notre syndicaliste, le rapport démographique y est pour quelque chose, mais c'est la politique de l'Etat dans le domaine de la fonction publique qui n'a pas suivi à un moment où les départs à la retraite battaient le plein. L'Etat, déclare-t-elle, doit apporter une véritable réforme de la retraite qui touche au même temps plusieurs paramètres qui concerne notamment l'emploi, la gouvernance des régimes et la politique de placement de l'épargne salariale (la CNSS place ses fonds auprès de la CDG pour un taux de rendement de 2%). Selon notre interlocutrice, le secteur privé compte un éventail de métiers et de travailleurs qui n'ont pas de couverture retraite (secteur informel). D'où la nécessité d'élargir l'assiette et l'extension de la couverture à l'informel. La réforme du régime des retraites au Maroc doit être multidimensionnelle, rétorque El Amri, et non seulement paramétrique. Les syndicats tout comme le patronat changerons-t-ils la donne ?