La réforme du régime de retraite de la Caisse marocaine de retraite figure aujourd'hui au menu des priorités du gouvernement. Le Conseil d'administration de la caisse, présidé ce mardi par Abdelilah Benkirane se penchera sur les tenants et les aboutissants de cette réforme. Les fonctionnaires civils seront ainsi les premiers à bénéficier de la réforme. Le déficit de la CMR est menaçant, le puisement dans les réserves à bel et bien commencé. Pour les autres caisses, la réforme attendra encore. Aucune date n'est encore fixée. Le chef de gouvernement présentera aujourd'hui son projet de réforme de la Caisse marocaine de retraite (CMR) devant le Conseil d'administration de cette même caisse. La situation de la CMR est d'autant plus préoccupante, voire même inquiétante, que son sauvetage figure en tête des priorités. Le gouvernement est appelé à mener les réformes nécessaire pour éviter l'effondrement d'un régime qui touche plus de 800.000 fonctionnaires civils. La CMR est, valeur d'aujourd'hui, au bord de la faillite. La situation est alarmante avait annoncé le rapport d'audit confectionné par les experts de la Cour des comptes. A partir de cette année 2014, la CMR connaitra ses premiers déficits et commencera à puiser dans ses réserves. Le projet de réforme des pensions des fonctionnaires engagera tous les paramètres, à savoir l'âge de départ à la retraite (l'âge sera fixé à 62 ans à partir de 2015), le taux de cotisation et l'assiette des pensions. L'idée étant de prolonger la durée de viabilité du régime de huit ans et de réduire la dette de la CMR pour la ramener à 200 milliards de dirhams, contre 800 milliards de dirhams actuellement. Interrogé sur le contenu du projet de réforme de la CMR qui sera présenté ce mardi à l'occasion du CA de cette même caisse, Miloudi El Moukharek, SG de l'Union marocaine du travail (UMT), souligne que sa centrale n'a pas été associée ni informée de ce projet. De même qu'il trouve surprenante l'attitude du gouvernement de procéder à la réforme de cette caisse sans la consultation ni la concertation avec les représentants des bailleurs de fonds que sont les salariés fonctionnaires. El Moukharek rappelle toutefois que l'UMT n'a jamais cessé d'alerter le gouvernement sur les problèmes qui ont conduit la CMR à la banqueroute (l'Etat employeur n'avait pas versé sa quote-part depuis 1960 au moment même où celle des fonctionnaires était prélevée à la source). En 2004, l'organisation syndicale avait saisi Driss Jettou (Premier ministre à l'époque) pour sauver la caisse. Le déficit à cette date était estimé à 11 milliards de dirhams contre 19 milliards de dirhams (estimation des financiers du syndicat). Le SG de l'UMT explique qu'effectivement Jettou à accepté d'injecter les 11 milliards sur trois ans, ce qui a permis de sauver la CMR pendant dix ans. Mais répliqua-t-il, ce n'était pas suffisant pour sauver la caisse de la faillite. Et d'ajouter que le problème de la CMR est un problème de bonne gouvernance qui nécessite une réforme profonde et sérieuse qui doit faire l'objet d'un dialogue national. Pour conclure, le responsable syndical estime que le fait de revoir à la hausse l'âge de la retraite à 62 ans ou 65 ans n'est qu'une simple solution de replâtrage. A rappeler, que dans son rapport, la Cour des comptes avait recommandé une réforme progressive du système de retraite au Maroc. Une réforme en deux étapes, l'une paramétrique et l'autre systémique. La première vise à accroitre l'horizon de la viabilité et diminuer la dette des régimes les plus fragiles. La seconde se veut globale et couvre l'ensemble des régimes. In fine, l'effet escompté table sur l'augmentation de l'horizon de viabilité et partant de réduire la dette à hauteur de 60%. Les conclusions de la Cour des comptes ont relaté la diversité et la non-convergence des régimes de retraite en vigueur au Maroc, la diversité des modes de gouvernance, le faible taux de couverture des actifs (à peine 33% de la population active bénéficie d'une couverture retraite), ainsi que la non pérennité et le déséquilibre structurel de certains régimes. A l'horizon 2060, le total des engagements non couverts des quatre régimes examinés, actualisé à fin 2011, s'élève à 813 milliards de dirhams, relève le rapport, ajoutant que les déficits financiers des régimes sont attendus dès 2014 pour la CMR, 2021 pour la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et 2022 pour le Régime collectif d'allocation de retraire (RCAR).