Pour limiter la surexploitation de la nappe et ralentir l'avancement du biseau salin dans la zone qui s'étend d'Azemmour à Bir Jdid, connue pour sa production maraîchère, le gouvernement vient de confier la concession d'irrigation à un opérateur privé, en l'occurrence la Société Nouvelles Doukkala des Eaux -SNDK. Cette dernière aura la charge de participer au financement, concevoir, construire et gérer les infrastructures d'irrigation pour une durée de 30 ans. Objectif : amener 15 millions de m3 par an d'eau de surface à partir de l'oued Oum Er-Rbia, pour assurer l'irrigation sur une superficie de 3.200 ha, exploitée par plus de 600 agriculteurs. Ce projet nécessite un investissement de 366 millions DH, dont l'essentiel est décaissé par l'Etat, soit 321 millions DH pour financer les infrastructures, en vue d'assurer un tarif d'eau d'irrigation qui tient compte de la capacité à payer des agriculteurs. Trois conventions de partenariat relatives au nouveau projet de partenariat public-privé (PPP), portant sur la construction et l'exploitation d'un système d'irrigation dans la zone côtière atlantique entre Azemmour et Bir Jdid, ont été signées jeudi à Rabat. Il s'agit d'un contrat de délégation de ce projet à la société nouvelle Doukkala des Eaux (SNDKE), d'une convention de financement public et d'une convention de fourniture d'eau, signés par les ministres de l'Agriculture et de la pêche maritime, de l'Economie et des finances et celle chargée de l'Eau, ainsi que le directeur de l'Agence du bassin hydraulique de l'Oum Er Rbiâ et le Président directeur général de la société SNDKE. Une campagne de souscription des agriculteurs audit projet devra être lancée par le délégataire vers mars 2014 et les travaux de construction devront démarrer avant la fin de l'année prochaine. "La zone concernée, qui prospérait dans la production maraîchère et primeuriste, connaît actuellement un recul de l'activité agricole à cause de la rareté et de la salinisation des eaux souterraines, seule ressource utilisée pour l'irrigation", a déploré le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, lors de la cérémonie de signature. Limiter la surexploitation de la nappe Le projet aura un impact socio-économique important sur la zone et devrait améliorer, de manière conséquente, les revenus et les conditions de vie des populations bénéficiaires, a expliqué le ministre. Il permettra également de diversifier et d'intensifier la production agricole, notamment le maraichage, l'arboriculture et l'élevage laitier, a-t-il ajouté, notant que la création de l'emploi est évaluée, à terme, à 1.915 emplois directs (production et gestion du périmètre), et 1.900 emplois indirects (amont et aval de la production). L'augmentation de la valeur ajoutée agricole est estimée à 175 millions DH par an, selon M. Akhannouch. Sur le plan environnemental, le projet contribuera substantiellement à la limitation de la surexploitation de la nappe, en substituant une partie des volumes prélevés par l'eau superficielle, a assuré M. Akhannouch, relevant qu'il permettra, ainsi, de ralentir l'avancement du biseau salin et d'améliorer la qualité des eaux souterraines. "Ce projet a pour objectif d'amener 15 millions de m3 par an d'eau de surface à partir de l'oued Oum Er-Rbia, pour sauvegarder l'irrigation sur une superficie de 3.200 ha, exploitée par plus de 600 agriculteurs", a précisé, pour sa part, la ministre déléguée chargée de l'Eau, Charafat Afilal. La ministre a indiqué que ce projet prévoit la construction d'un ouvrage de prélèvement au niveau de la retenue de Sidi Daoui, d'une station de pompage d'un débit de 1,3 m3/s, d'une adduction de 7,5 km et d'un réseau d'irrigation de 160 Km pour desservir les exploitations agricoles, qui doivent s'équiper en techniques d'irrigation goutte à goutte pour économiser et valoriser l'eau. Un investissement de 366 millions DH Ce projet nécessite un investissement de 366 millions DH et sera réalisé dans le cadre d'une concession à un partenaire privé, qui aura la charge de participer au financement, concevoir, construire et gérer les infrastructures d'irrigation pour une durée de 30 ans, a fait savoir, de son côté, le ministre de l'Economie et des finances, Mohamed Boussaid. Pour assurer un tarif d'eau d'irrigation qui tient compte de la capacité à payer des agriculteurs, l'Etat financera les infrastructures du projet à hauteur de 321 MDH, soit 88 % du coût total des investissements initiaux, a poursuivi M. Boussaid. Le recours au PPP vise à réaliser le projet et de le gérer selon les meilleurs standards de qualité, sur la base d'un cahier de charges détaillé soumis à un suivi rigoureux, ce qui permettra d'assurer la durabilité du projet avec une meilleure utilisation et valorisation de l'eau, a-t-il expliqué. Le PDG de la SNDKE, société délégataire du projet créée par la Société nouvelle des conduites d'eau (SNCE), Karim El Iraqi, a affirmé, quant à lui, que la société a été sélectionnée par voie d'appel d'offres international, relevant que les matières utilisées par la société dans sa production sont "d'origine marocaine". Ce nouveau projet intervient après le succès qu'a connu le projet de partenariat public-privé (PPP) en irrigation d'El Guerdane, inauguré par SM le Roi Mohammed VI et dont l'exploitation est entrée en vigueur en octobre 2009.