Hassan Nassiri, surnommé «Hassan Bouykifi» depuis ses premiers débuts dans le domaine artistique en 1960 à Azrou. Ce surnom il le doit à de grands artistes comme «Khardali Hamid» qui jouait à l'époque de «Loutar», instrument à trois cordes, comme tous ses contemporains d'ailleurs, et «Fadma Lâazafa» de la petite localité de Boumiya dans l'actuelle province de Midelt. Il a gardé ce titre jusqu'au 17 janvier 2012 date de la disparition de feu «Rouicha Mohamed». Ses amis lui ont attribué depuis le nouveau titre de «Général». Le Général est né en 1945 à Ait Mouli-Ain Leuh, province d'Ifrane. Ses parents ont déménagé dans le douar des Ait Yahya Ouâala où il a grandi et suivi des études primaires. Après avoir passé son certificat d'études primaires en 1958 avec succès, il a rejoint le collège berbère, l'actuel lycée Tarik Bnou Ziyad à Azrou, qu'il a quitté à la fin de la première année secondaire (appellation de l'époque) en 1959. Le Général, était un passionné du football, il a joué dans plusieurs clubs comme Ittihad Azrou et Chabab Ain Leuh. Marié et père d'un enfant, le GENERAL, est un grand tambourinaire(Bnadri) qui a côtoyé depuis son jeune âge les grands artistes tels que Khardali Hamid d'Azrou, Rouicha Ain Leuh, (disciple de feu Hamou Oulyazid), Ouâassim Hamou Oulyazid (père spirituel de la chanson amazighe), Lfnane Moulay Driss, Rouicha Mohamed... Le Général, grand artiste et maître du Bendira accompagné aussi un grand nombre d‘artistes éparpillés un peu partout dans le moyen Atlas et ses alentours comme Abchar Lbachir, Oustouh Lahcen, Touirse Bouâaza Lâarbi, Maghni Mohamed, Stitou Mohamed, Mohamed Lakhdar... L'histoire des arts amazighs se souviendra toujours des grands tambourineurs du Moyen Atlas qui ont marqué le vingtième siècle, tous amis du Général. Il a formé pendant plus d'un demi-siècle soit un duo ou un trio avec eux auprès des artistes chefs de groupes qu'ils soient violonistes ou outayri, et qui ont toujours fait appel à lui. Il a travaillé aux côtés de feus Jâab, Ali Oudda, Zayd Ouhdidou, Moha Nbenâissa, lkhsim, Otalha Mohamed et d'autres. Son parcours artistique, lui a permis de chanter aussi aux côtés d'innombrables femmes artistes comme, et pour ne citer que quelques-unes, Rabha N'hadou Ichen, Zahra N'âadi, Aâtiti, Fadma Tazayite et sa soeur Fatima, Fadma Bassou, Lala Aicha N'ba Sdik, Yamna Oult Ouira, Fadma Oult Hdidou, Mina N'sidi Aâdi, Hbouba N'sidi Aâdi... Toutes ont vécu à Ain Leuh. A Khenifra il a connu Yamna et sa soeur Fatima N'rkia Aâbou, Rkia N'âami, Zineb Oukhatar, Yamna Kourou... Le GENERAL a beaucoup contribué dans la création et l'évolution de la chanson amazighe. Il a toujours travaillé en silence et à l'ombre aux côtés des principaux artistes qu'a connus la scène artistique amazighe dans le Moyen Atlas et ses périphéries. Sans aucun engagement écrit avec les artistes cités, il leur a servi de lévrier. Son seul engagement était sa fidélité aux musiciens, au patrimoine et à l'art amazigh. Il n'a jamais couru après l'argent ni après une grande renommée. Il vivait au jour le jour mais ses compétences de tambourineur chevronné et de grand chanteur l'ont rendu célèbre et promulgué au rang de Général. Il a rendu un grand service à l'art et à la chanson amazighs. C'est grâce a lui que la capitale de l'art amazigh a changé de siège d'Ain Leuh après la mort de feu Hamou Oulyazid en 1973 pour atterrir à Khenifra en 1979 sous le règne artistique de feu Rouicha Mohamed. C'est toujours grâce à lui que beaucoup de chants classiques sont toujours vivants et repris par les jeunes artistes qui assurent la relève. Grâce à lui aussi, plusieurs artistes sont devenus célèbres car il a participé à l'enregistrement d'innombrables chansons sans que son nom ne soit jamais cité à la SNRT (radio tamazight) et à plusieurs sociétés de productions telles que Boussiphone, Atlassiphone, Tichkaphone et tant d'autres sociétés... Il a participé à maintes festivités, fêtes nationales et festivals au Maroc comme à l'étranger. Le Général a atteint aujourd'hui l'âge de soixante huit ans (68 ans) sans retraite ni couverture médicale. Il continue à souffrir en silence tout en regardant le restant de ses jours défiler inexorablement... Il est temps que les responsables fassent un geste à l'égard du Général pour lui rendre hommage... lui qui n'a même pas sa carte d'artiste.