Chambre des Conseillers Le parlementaire Abdellatif Ouammou, membre du groupe de l'Alliance socialiste (PPS) à la Chambre des Conseillers, s'est insurgé contre la situation faite à la langue amazighe, deux ans après sa reconnaissance dans la Constitution en tant que langue officielle nationale. Intervenant à cette occasion en langue amazighe, mardi à la Chambre des Conseillers, il a estimé qu'il est paradoxal de constater, au moment où l'on commémore le deuxième anniversaire de la constitutionnalisation de la langue amazighe que cette langue n'est pas encore introduite au parlement où 90 % de ses membres parlent couramment cette langue. Ne serions pas en train de mentir à nous-mêmes, comme le disent nombre de commentateurs, a affirmé Me Ouammou dans son plaidoyer pour le respect des termes de la Constitution du pays à ce sujet. Au moment où le Maroc célèbre cette semaine le deuxième anniversaire de la constitutionnalisation de la langue amazighe, la question fondamentale que doivent se poser les parlementaires est de savoir si la langue amazighe est en fait une langue nationale ou pas, après deux ans de silence, a-t-il fait remarquer. Au parlement, a-t-il ajouté, on est toujours loin du compte puisqu'on ne parle pas et on ne communique pas en langue amazighe. Ce qui constitue à ne point douter un recul par rapport aux acquis constitutionnels et un reniement de la Constitution, a-t-il affirmé. Les parlementaires se doivent de se ressaisir pour rester crédibles et respecter leurs engagements pris dans leur contrat avec la société, a-t-il recommandé. «Il me semble que l'on vit dans une situation paradoxale : le parlement existe, mais la langue amazighe est toujours absente ou ignorée», a-t-il dit. En tant que langue, l'amazighe est refusée sous prétexte que l'on ne dispose pas au parlement de la logistique et des outils de traduction requis. Personne n'accepterait une telle explication, a-t-il estimé, avant d'interroger : Ne serions pas en train de mentir en reconnaissant les langues arabe et amazighe comme langues officielles, mais sans parler la langue amazighe. Oui, il est vrai que cela équivaut à du mensonge. 90 % des parlementaires connaissent et parlent la langue amazighe et n'ont même pas besoin d'interprètes pour la comprendre et l'utiliser au parlement, a-t-il noté.