Quand l'amazighité est utilisée à des fins folkloriques: Sous la coupole, la politique spectacle a commencé. Un député a pris la parole en séance parlementaire transmise en direct à la télévision nationale et a parlé en langue Amazighe, en pays amazigh bien sûr le Maroc, Sauf que les partis politiques arabistes qui ont comme projet d'annexer le Maroc a l'Arabie saoudite ont réagie comme si le député a commis un péché. Pour mieux comprendre lisez cet article du journal Liberation porte parole du parti Baath marocain USFP: Hier matin, les questions n'en finissent pas de se bousculer au lendemain de l'incident. "Dommage qu'on ne retienne des séances parlementaires que cela, c'est-à-dire le populisme et la démagogie. Il ne faudrait surtout pas que les séances du mercredi se transforment en cirque et autre foire d'empoigne", soupire une députée nouvellement élue qui a vécu cet incident comme une séance de bizutage… Pour le président du groupe parlementaire usfpéiste de la Chambre basse, il n'y a aucun doute : il s'agit bien ici de l'utilisation folklorique de la question amazighe à des fins qui ne sauraient être politiques. "A l'USFP, nous sommes très clairs. Lors des débats relatifs à la déclaration gouvernementale, notre groupe a fait valoir que l'amazigh doit être une langue nationale pour mettre fin à toute manipulation ethnique, propagandiste ou folklorique. Parler amazigh n'est pas un délit, loin s'en faut. Mais ce qui est désolant, c'est que le député en question s'est toujours exprimé en arabe. S'il ne parlait pas l'arabe et qu'il ne connaissait que l'amazigh, c'eût été différent. Cela prouve quelque part l'utilisation folklorique qu'il a voulu en faire. Il a de surcroît privé sa localité de l'inscription au bulletin officiel de sa question. Le règlement intérieur du parlement est sans ambiguïté : la seule langue de travail sous la coupole est l'arabe et les PV sont également enregistrés en langue arabe", explique Ahmed Zaïdi. Même son de cloche dans les rangs de l'Istiqlal où l'on assure être convaincus et attachés à l'identité plurielle du Maroc. "Mais il ne faut pas oublier que la langue officielle du pays est l'arabe. C'est la langue utilisée dans les institutions officielles, y compris le parlement", fait remarquer Latéfa Benani-Smirès, celle-là même qui préside aux destinées du groupe parlementaire istiqlalien au sein de la Chambre des députés. "Evidemment que nous croyons aux composantes plurielles de l'identité marocaine, mais dans l'unité et non dans le conflit. Ce qui s'est passé mercredi est une démonstration de force, de la politique spectacle, une mauvaise comédie. Ce n'est certainement pas un tel comportement qui fera avancer la démocratie et le débat politique ou qui changera la situation économique et sociale des Marocains. En tout cas, ce n'est pas notre conception de l'opposition, un exercice auquel mon parti s'est essayé dans un esprit de construction. Il est impératif que nous soyons conscients tous ensemble que nous sommes certes dans une phase prometteuse mais difficile," soutient Mme Benani-Smirès. Respecter les règles du jeu parlementaire Alors que le souvenir du taux d'abstention record qui a caractérisé le scrutin du 7 septembre est encore dans toutes les mémoires, l'insistance de ce député de l'UC à poser sa question en amazigh puis à faire sa réplique toujours en amazigh à la réponse ministérielle faite, elle, en arabe n'a certainement pas contribué à la réhabilitation de l'action politique ni au retour de confiance de l'électeur. Pour Abdelaziz Alaoui-Hafidi, le chef de file du Rassemblement national des indépendants à la première chambre, il s'agit d'abord et avant tout de "respecter les règles du jeu parlementaire et de s'y soumettre". Pas question pour ceux et celles du RNI de remettre en cause l'amazighité du pays mais, explique Alaoui Hafidi, il existe un droit parlementaire, une déontologie que les députés se doivent de respecter pour ne pas, justement, desservir la mission parlementaire. "Pédagogue oui, mais surtout pas démagogue", s'exclame notre interloculteur. Au Mouvement populaire, on continue encore de s'interroger sur les motivations réelles du poseur de question, qui a eu ce mercredi après-midi et à la faveur d'une diffusion télévisée en direct, son quart d'heure de gloire. "L'amazigh est un droit de tous les Marocains. C'est une langue, une culture qui constituent un patrimoine commun de tous les Marocains. Mais quel était l'objectif de ce député d'autant que la personne à laquelle il s'adressait et à qui était destinée la question ne le comprenait pas", pense M. Tatou, député MP. Ce Haraki ne cache pas sa perplexité. "Les extrémistes de la cause amazighe vont considérer que ce parlementaire a accompli un acte de bravoure en posant une question en langue amazighe sous la coupole. D'autres n'y verront que gesticulation et folklore alors que ceux qui considèrent la question de l'amazighité comme secondaire, ils puiseront des arguments dans cet incident". Abdellatif Ouamou, membre du bureau politique du PPS et chef de groupe de l'Alliance socialiste à la Chambre des conseillers, est le seul à apporter un bémol à ce concert de désapprobation. "Il existe un courant très profond de l'amazighité qui traverse la société. Le débat est bel et bien là sur les éléments constituants de la marocanité. Tout cela fait qu'on ne peut pas empêcher un député de s'exprimer en langue amazighe sinon c'est le toucher dans sa propre identité d'autant qu'il a un mandat de représentativité. De la même manière qu'on ne peut empêcher un Imam de faire son prêche en amazigh", conclut cet avocat dans le civil, originaire de Souss.