Port d'Agadir La situation environnementale dans le port de pêche d'Agadir est scandaleuse. On ne peut guère y faire un tour, en particulier du côté du bassin, sans qu'on n'ait envie de vomir. L'odeur nauséabonde empeste les lieux et répugne aussi bien les résidents que les touristes qui viennent déambuler dans l'un des pôles névralgiques de l'économie nationale. L'écologie marine, qui demeure aussi l'un des soucis majeurs du pays, est cruellement assommée par des actes humains révoltants. On se rappellera la mesure salutaire du ministère de la Pêche maritime, selon laquelle il est obligatoire, désormais, de faire usage des caisses en plastique afin de charger et de décharger la ressource poissonnière. Cependant, la majeure partie des armateurs continue faire appel aux méthodes archaïques. En effet, la plupart des chalutiers ou encore des barques mettent le poisson en vrac dans les entrailles de leurs embarcations et, pour induire en erreur leur entourage, ils utilisent un nombre insignifiant de récipients en plastique. Ce poisson destiné à la transformation industrielle est ainsi noyé dans une mare d'eau que les matelots puisent dans les «toilettes » des bateaux et liquides usés du bassin en piteux état. Ces ressources halieutiques qui constituent, en fait, l'essentiel des captures bonnes à la consommation interne et à l'export, sont sérieusement endommagées, à cause de ce traitement aussi bien incivique que frauduleux. Il s'en trouve donc que des conteneurs de poisson à destination de l'Europe rebroussent chemin pour manquement à la traçabilité requise. Le poisson est effectivement affecté par une attaque microbienne, due à l'insalubrité marine, appelée communément «Estamine ». On déplorera, en conséquence, que l'utilisation du poisson en vrac sans recours généralisé des caisses en plastique tel qu'il a été promulgué d'une manière unanime et ferme, se fasse sans que les instances portuaires concernées, notamment les agents de la marine et de l'office, ne réagissent à ces infractions attentatoires à la réputation et aux deniers publics. Bien au contraire, elles ne cessent de «fermer» l'œil face aux contrevenants, moyennant des «contreparties» corruptives. D'autre part, on croit savoir que les vétérinaires du port refusent de contrôler le poisson industriel et se contentent du pélagique de la halle aux poissons. Il se trouve alors que les ressources des bateaux, soit une dizaine de tonnes par conteneur, ainsi que des petites barques qui peuvent contenir jusqu'à trois tonnes, sont porteuses de matières toxiques, et passent, pour la plupart du temps, sans contrôle. Il serait donc bien dommage qu'un port aussi important que celui d'Agadir soit entrainé sans vergogne, dans la puanteur et la promiscuité marines. La mise à niveau du secteur devrait commencer par l'assainissement des rapports de tous les intervenants tant institutionnels que professionnels et par le respect des fondements écologiques. On ne peut alors continuer à faire la sourde oreille aux appels de détresse de la société civile concernant la situation qui prévaut au port de pêche d'Agadir, au moment où le plan Halieutis brandit les slogans de la valorisation de la ressource halieutique, le rehaussement de la flotte maritime et qualification de l'élément humain.