Depuis l'annonce des noms bénéficiaires des «agréments» par le ministère de l'équipement et du transport, les langues se sont complètement déliées. «Une bonne initiative qui va dans le sens de la lutte contre la dépravation et l'économie de la rente. Mais, si on parlait des licences délivrées à tort et à travers dans le secteur de la pêche !», vocifèrent quelques professionnels du domaine. «Et l'agriculture !», rétorquent d'autres en faisant allusion aux terres récupérées des colons et gracieusement cédées à des «chanceux», de la plus haute sphère de la hiérarchie du système. «Beaucoup de chemin reste à parcourir dans la voie de la libération des richesses nationales de l'oligarchie régnante», enchaine un matelot fort indigné. La conversation se passe sur le quai du port de pêche d'Agadir, où les marins et armateurs de la pêche côtière ont débrayé, depuis quelques jours, en protestation contre ce qu'ils appellent «injustice» et «violation» des lois maritimes en vigueur. Ce désœuvrement massif a, en conséquence, occasionné, une réelle paralysie dans le port et, de ce fait, une grande pénurie dans les produits de la mer et une cherté exorbitante de la consommation. Cette catégorie dynamique et incontournable a donc observé un arrêt de travail et endossé les retombées de ce mouvement aux responsables centraux En effet, ce débrayage qui a rendu caduque toute l'activité portuaire, a été expliqué par les initiateurs, de sources proches, du fait que les services de contrôle relevant de la direction des pêches maritimes et de l'aquaculture au port d'Agadir ont surpris certains chalutiers spécialisés dans les sardiniers et les anchois en possession des tonnes de ces espèces poissonnières, considérées comme illégales et illicites. Cette interdiction formelle est dictée par le fait que ces captures ne sont pas autorisées, au vu de leur jeune dimension, ce qui porte préjudice aux ressources halieutiques dans nos larges et à l'écosystème de l'univers biologique maritime. Ces mesures répressives et protectrices contre les contrevenants a, effectivement, provoqué une large grève solidaire au sein du reste de cette branche. Les opérateurs de la pêche côtière ont, donc, énergiquement, dénoncé cette attitude, tout en estimant que ces violations arbitraires sont dues à un certain laxisme de la part des services de contrôle, surtout que les bateaux en infraction, sont verbalisés pour leur flagrant tort. Cette conduite entachée de dépassement a également été l'occasion pour les professionnels de réitérer leur requête aux responsables du secteur de la pêche afin qu'ils se penchent sérieusement sur le dossier épineux et les multiples missives qu'ils n'ont jamais cessé de transmettre à leurs interlocuteurs centraux. Les acteurs de la pêche côtière réclament, en effet, un dialogue sérieux et opérationnel avec ces décideurs, tout en tenant compte de leurs suggestions et leurs observations à cet effet et en adoptant à leur égard une approche inclusive par rapport à toutes les démarches à entreprendre en vue de maintenir les acquis et cumuler les réformes pour un développement sain et pérenne du secteur. Dans ce sens, il va falloir pareillement libérer les rouages de l'activité portuaire de toutes les pratiques frauduleuses, depuis l'entrée de la ressource dans la criée, jusqu'à sa sortie par les portes du port, en passant par le pont-bascule, le chargement, la taxation…Toutes ces étapes ne se déroulent point, pour la plupart, dans les règles de l'art, puisqu'elles sont soumises à des «lapidations» diverses à plusieurs niveaux et par maints intervenants. De ce fait, les caisses de l'Etat s'en trouvent totalement « rouées», par ces agissements voraces et inciviques. La réussite du plan halieutis qui repose sur des fondements ambitieux, à savoir, la durabilité, la performance et la traçabilité, devra passer inéluctablement par un «grand ménage» dans le corps du secteur maritime, toutes spécialités confondues, à commencer, bien entendu, par le dévoilement des détenteurs des licences de pêches, à l'instar des agréments de véhicules et la mise en arrêt de l'hégémonisme de la ressource perpétré par les barons militaristes et les bonnets monopolistes de la flotte dans le sud marocain.