Préserver l'ensemble des composantes du patrimoine oasien. C'est le mot clé du colloque que vient d'organiser, le weekend dernier à Ouarzazate, le Conseil National des Droits Humains (CNDH). Les historiens, anthropologues, sociologues, ethnologues et architectes, ainsi que les acteurs civils et les intervenants publics et privés ont souligné la nécessité de prendre soin et d'entretenir les composantes matérielles et immatérielles de l'espace oasien. Pour cela, ils ont tous été unanimes à chercher les moyens et outils appropriés pour la réhabilitation et la restauration, notamment en matière d'architecture traditionnelle. Seul handicap, la loi marocaine en la matière interdit la construction en terre. Tellement riche et varié, le patrimoine oasien, qui a atteint un stade de dégradation sans précédent, ne peut laisser les différents acteurs indifférents. Les besoins sont énormes, et du coup, les approches requises devraient être nombreuses et polyvalentes. Le contexte et le prétexte du CNDH ne sont autres que les programmes d'accompagnement des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation en matière de réparation communautaire et d'archives, d'histoire et de mémoire. Tenue sous le thème «Les oasis du Draâ et Tafilalet, culture, histoire et développement, quelle stratégie régionale intégrée ?», la rencontre a été ainsi une occasion, non seulement pour mettre l'accent sur les richesses économiques, la diversité ethnique, les grandes potentialités humaines et la grandeur géographique, mais aussi d'un patrimoine oasien immatériel, composé des mœurs, des us, des coutumes, des traditions, des arts populaires et du savoir faire. Dans ce cadre, les participants à cette manifestation scientifique ont mis en exergue la nécessité d'accorder une importance capitale à l'intégration des chants, danses et symboles ancestraux dans la pratique de préservation du patrimoine. Une politique des musées devrait prendre forme dans ce contexte, afin d'abord d'harmoniser ce qui existe déjà, mais aussi de concevoir d'autres visant à préserver la mémoire. La proposition de concevoir des musées ouverts a été fortement appréciée dans ce sens par le président du CNDH Driss El Yazami. La question d'archives a été aussi grandement focalisée, lors de cette rencontre. « Nous avons un grand besoin en matière d'archives. Certes, il y a une loi approuvée depuis 2007 et une institution dédiée à cet effet, mais on n'a pas encore une connaissance précise de notre archives, son état, ses types, ni comment pouvoir le préserver et l'entretenir. C'est là une responsabilité de tous les acteurs, puisque tout le monde fabrique à son niveau un archive donné», fait préciser Driss El Yazami. Il a été aussi question lors de ce colloque de réflexion, de prospecter les opportunités diverses à même de revivifier les oasis du sud marocain, notamment celles du Sud-est. Et là, toutes les approches ont droit d'être citées. Les débats ont été articulés autour des axes tels « la relecture et la réécriture de l'histoire des oasis», «L'inventaire des richesses patrimoniales et culturelles des oasis», «l'identification de pistes de préservation et revalorisation des cultures et patrimoines des oasis du sud-est », et enfin «l'ébauche des grandes orientations pour la création d'un musée régional capable d'abriter toutes les richesses de cette région». La région proposée de « Dra-Tafilalet », constituée par les provinces d'Errachidia, Ouarzazate, Tinghir et Zagora, est considérée comme étant la plus sous-développée des autres régions du Maroc et la plus injustement marginalisée. Chose qui a laissé même parler de l'inopportunité de la création d'une telle région. Mais forte d'un tissu associatif riche et varié, de caractéristiques géographiques variées, de potentialités économiques de base, d'un fond culturel commun et d'une histoire commune, la région tient aujourd'hui à relever le défi et à démontrer que grâce à son potentiel humain diversifié, dont une grande partie avait même élaboré la proposition de cette région, Draa-Tafilalet cherchera dès à présent sa viabilité à tous les niveaux.