Selon l'agence de presse algérienne, une réunion ministérielle des cinq pays de l'Union du Maghreb Uni (UMA) est prévue le 17 février prochain à Rabat. L'APS, qui cite le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, affirme que «L'Algérie a demandé l'inscription des questions sécuritaires» à cette réunion. Abdelkader Messahel estime, à la lumière des derniers bouleversements politiques et sociaux que la région a connus, qu'une «volonté partagée » de tous les pays de l'ensemble maghrébin existe et qu'il faudra «dynamiser » l'UMA. Avant lui, le ministre algérien des Affaires étrangères avait affirmé que «les pays de l'UMA sont appelés à œuvrer pour établir une cohérence entre leurs politiques économiques et sociales». Pour Mourad Medelci, «L'UMA est une construction qui passe par une nouvelle organisation de nos rapports, une modification de certaines de nos institutions et la création de nouveaux mécanismes». Il considère, à juste titre, que «les mutations intervenues en Tunisie, en Libye et dans d'autres pays arabes ne peuvent que nous encourager à aller plus vite et mieux dans la construction de l'UMA». De son côté, le ministre des affaires étrangères et de la coopération, faisant suite aux divers appels du Maroc, avait affirmé, à la veille de sa visite à Alger, que les deux parties évoqueront également «l'approfondissement du dialogue sur les questions liées au processus de développement de l'action et des mécanismes de l'Union du Maghreb arabe pour le mettre au diapason des aspirations des dirigeants et des peuples de la région». Ainsi, tout porte à croire que l'esprit maghrébin commence à primer sur les considérations et les blocages politiques. Certes l'on est encore loin du mémorable sommet de l'UMA de 1994, mais, objectivement, l'on s'éloigne énormément de la conjoncture de 2002, marquée par l'absence de la volonté politique de dynamiser l'UMA. Trois tentatives ont été, cependant, essayées pour réunir un sommet, reporté pour la troisième fois en 2005. Il semble qu'à la faveur de l'éviction du colonel Kadhafi du pouvoir en Libye, Tripoli, qui a hérité de la présidence de l'UMA, entend contribuer réellement à la redynamisation de la structure maghrébine unitaire. De son côté, le nouveau pouvoir tunisien s'est débarrassé de la délicate position passive, adoptée par l'ancien régime, pour s'inscrire dans la dynamique maghrébine qui sera profitable à toutes les composantes du Maghreb. Il est vrai que les différends politiques entre Alger et Rabat ont pesé de tout leurs poids pour freiner l'action maghrébine. Mais aujourd'hui, les nouveaux dirigeants de Libye et de Tunisie ont clairement exprimé leur volonté de redonner vie à l'UMA. Le Maroc, qui n'a cessé d'appeler, par la voix de SM le Roi, à transcender les différents et à se consacrer sérieusement à l'édification maghrébine, en tant qu'espace d'échange, de coopération et de solidarité, est aujourd'hui conforté par l'heureuse évolution politique en Algérie. Il ne faudra plus regarder dans le rétroviseur et se concentrer sur l'avenir, porteur de grands projets et de réalisations maghrébins. Le dernier réchauffement des rapports entre Alger et Rabat témoigne de la nouvelle donne que la réalité d'aujourd'hui impose, dans un environnement international marqué par une crise généralisée et un monde arabe en pleine ébullition, face aux revendications sociales et démocratiques. Les décideurs maghrébins sont conscients des défis auxquels les cinq pays de la région doivent faire face. L'union, la coopération complémentaire et mutuellement avantageuse et la solidarité restent les grands atouts et outils pour renouer avec la fraternité, source de partenariats solidaires et de prospérité régionale. Cela passe par un retour à la normale de la relation entre l'Algérie et le Maroc, dont les signes forts ont été donnés, de part et d'autre, à la faveur de la visite actuelle de Saâdeddine El Othmani en Algérie. Le chef de la diplomatie marocaine a, dès son arrivée hier matin à Alger, donné le ton. «Il a fait part d'une volonté commune d'aller de l'avant dans la dynamisation des relations entre le Maroc et l'Algérie», estimant qu'il y a «une volonté commune d'aller de l'avant et cette visite n'est que le début d'un processus de concertation et de coopération» entre les deux pays. Pour lui, ce processus se poursuivra par «la mise en œuvre de cette coopération à travers des programmes concrets». Et de situer la portée de sa visite à Alger qui «intervient, selon lui, dans le cadre de la volonté commune des deux pays de mettre à profit la conjoncture actuelle aux niveaux régional et international en vue d'enclencher une dynamique forte dans les relations bilatérales, les consolider et les raffermir davantage et les étendre à d'autres domaines et secteurs nouveaux». Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a également souligné que «cette visite sera également l'occasion de se concerter sur les voies et moyens pour réactiver l'Union du Maghreb arabe", estimant que "les changements intervenus dans certains pays de l'UMA, pourraient nous donner l'opportunité de transcender les difficultés qui entravent la complémentarité et l'intégration du Maghreb". Pour sa part, le ministre algérien des Affaires étrangères a rappelé que la visite de son homologue marocain à Alger fait suite à celle qu'il avait effectuée le 16 novembre dernier au Maroc au cours de laquelle «un dialogue constructif a été ouvert au niveau bilatéral et maghrébin». «Nous allons poursuivre ce dialogue pour mettre en place des mécanismes et des programmes allant dans le sens du renforcement de ces relations bilatérales et la concrétisation sur le terrain des aspirations maghrébines», a-t-il notamment déclaré. Toutes ces déclarations et évolutions démontrent que le Maghreb se trouve à la veille de retrouvailles fraternelles qui aideront à dépasser les tares du passé et à dresser de nouvelles perspectives pour les pays de la région et de leurs peuples.