Une source de diversité féconde Les premières vagues d'émigration marocaine en France remontent au début du siècle dernier. Les Marocains ont combattu, au même titre que les Maghrébins et des soldats subsahariens de l'Afrique francophone, aux côtés de l'armée française durant les première et deuxième guerres mondiales. Ils ont été également engagés en Indochine pour appuyer l'armée française dans les combats qu'elle menait en Asie du Sud-Est entre 1946 et 1954. Au fil des ans, la communauté marocaine en France s'est intégrée à la société locale. De la première génération des années 1950, l'on est passé aujourd'hui à la quatrième, voire à la cinquième génération. La communauté marocaine arrive en première position, sur le plan numérique, des communautés étrangères établies à l'hexagone. Les années 1980 ont été surtout connues par le phénomène du regroupement familial qui se poursuit jusqu'à nos jours. Cela sans compter les milliers d'étudiants qui partent chaque année en France pour la poursuite de leurs études dans des filières différentes. Les résidents marocains à l'étranger comptent donc parmi les communautés les plus dynamiques. Qu'ils soient politiques, universitaires, médecins, ingénieurs, écrivains, artistes ou sportifs, les résidents marocains en France contribuent, de manière significative, au développement de ce pays en lui fournissant non seulement une main-d'œuvre qualifiée, mais aussi des compétences avérées. Rachida Dati, Najat Belkacem, Abdelatif Benazzi, Tahar Benjelloun, Djamel Debbouz, Mehdi Qotbi et biens d'autres moins médiatisés, contribuent de manière remarquable, au rayonnement d'une France plurielle et diverse culturellement, ouverte sur plusieurs confluences, et qui constitue un des modèles réussis de l'intégration. Sur le plan associatif, les Marocains sont très dynamiques. Ils ont tissé des liens avec leurs régions d'origine en y apportant soutien et aide de toute nature. Le concept de la migration pour le développement, consacré aujourd'hui par l'Union européenne, aurait été opérationnalisé pour la première fois par un immigré marocain originaire du Souss. Conscient de l'importance stratégique de la diaspora marocaine en France en particulier, et dans le reste du monde en général, le Maroc, sur initiative royale, a fondé en 2007 le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME). L'objectif de cette institution est, entre autres, de fédérer les Marocains du monde autour d'un projet participatif qui soit en phase avec les ambitions du Royaume en matière de développement. L'enracinement sans déracinement traduit la nouvelle politique diasporique du pays. Depuis quelques années, et sous l'effet conjugué de plusieurs facteurs, la France a durci les conditions d'immigration dans le cadre d'une nouvelle approche d'immigration choisie ou voulue. Il s'agit en l'espèce d'une démarche sélective destinée à « filtrer » les prétendants à l'immigration. Cette politique a culminé sous le président Sarkozy qui s'est, comme on le sait, focalisé sur les aspects sécuritaires. Le président François Hollande a révisé, sinon écarté, un certain nombre de mesures jugées discriminatoires instaurées par son prédécesseur. Il en est ainsi de l'interdiction, désormais désuète, aux employeurs de ne pas embaucher des étudiants étrangers dans le cadre de la préférence nationale. A l'heure actuelle, une nouvelle politique de la mobilité est impulsée, consécutivement à la conclusion du statut avancé entre le Maroc et l'Union européenne. Cette nouvelle politique de la mobilité, qui devrait se traduire prochainement sous forme d'un accord portant sur un partenariat pour la mobilité, devrait garantir une gestion plus fluide et moins bureaucratique de la circulation des personnes à travers aussi bien les frontières de l'Union européenne que celles du Maroc. En somme, les Marocains établis en France, qu'ils soient naturalisés ou non, contribuent à des échelles différentes au développement du pays des Lumières. Leur présence à l'hexagone constitue une source d'enrichissement aussi bien pour leur pays d'origine que pour leur pays d'accueil. *Professeur à la faculté de droit de Rabat-Agdal Conseiller auprès du Centre d'Etudes Internationales