La crise en mode de non-emploi La crise économique est manifeste dans la plupart des aspects de la vie quotidienne en Espagne et affecte de plus en plus le pouvoir d'achat des différentes catégories sociales. Il suffit de repasser les rapports de conjoncture des institutions publiques, les bilans d'activité des grandes entreprises et les statistiques sur le chômage pour s'en rendre compte. Les hausses tarifaires de certains services et produits de base, entrées en vigueur le 1er janvier, rendent encore plus lourd le poids de la crise sur les ménages. Les perspectives d'amélioration du marché du travail paraissent lointaines à court terme pour près de cinq millions de personnes en chômage. Toutefois, les données annuelles rendues publiquement officiellement jeudi, et auxquelles Al Bayane a eu accès, apportent davantage d'éclairage sur le comportement du marché de l'emploi. En résumé, le nombre de chômeurs a régressé de 59.094 personnes en décembre dernier par rapport au moins précédent mais le total des sans-emploi s'est situé en 2012 à 4.848.723 personnes, soit une augmentation de 9,64% en comparaison avec 2011. Le chômage a donc frappé fort tout au long de l'année dernière puisque quelque 426.364 travailleurs avaient perdu leur emploi pour venir renforcer les rangs des chômeurs subsistant grâce aux prestations de chômage. C'est un record historique qui dépasse ceux de 2011 (322.286 nouveaux chômeurs) et de 2010 (176.470 nouveaux chômeurs). Ce chiffre corrobore la permanente destruction du marché du travail et révèle l'incapacité de l'entreprise espagnole de se remettre de la crise. Il demeure néanmoins loin des chiffres de 2008 (999.416 nouveaux chômeurs) et de 2009 (794.640 sans emploi), deux exercices qui marquent la forte destruction de l'emploi en Espagne. L'hécatombe a été générale dans la mesure où aucun secteur d'activité n'a été épargné. De manière que le secteur tertiaire a perdu 380.963 salariés alors que le total des travailleurs dans l'agriculture s'est réduit de 41.915 employés et dans l'industrie de 33.585 autres travailleurs. Pour avoir une idée de l'impact du chômage sur l'économie, il est utile de recourir à d'autres indicateurs. A ce titre, il suffit de relever la baisse de 13,4% du nombre des véhicules neufs immatriculés en 2012, ce qui représente le chiffre le plus bas depuis 1989, selon les données des associations espagnoles de fabricants, concessionnaires et vendeurs de véhicules de tourisme. Parallèlement, dans le secteur immobilier, les prix de logements neufs ont enregistré une baisse moyenne de 33,5%, un pourcentage qui représente 50,4% de la valeur des actifs par rapport aux prix de 2003, selon les calculs de l'agence publique chargée de l'évaluation des biens immobiliers. Par contre, les données sur l'Indice des prix à la consommation (IPC) de décembre signalent une hausse interannuelle de 2,9% des prix, indique l'Institut espagnol de la statistique (INE) dans un rapport préliminaire sur l'inflation en 2012. Pendant ce temps, les salaires ont augmenté en moyenne de 1,29%. Ceci représente une régression du pouvoir d'achat de près de 1,6%. C'est avec résignation qu'experts, gouvernement et acteurs sociaux contemplent les nouveaux indicateurs de l'économie de leur pays dans l'attente de connaître les fruits des réformes d'ajustement mis en marche par l'actuel gouvernement.