Les réformes de Rajoy plombées par le chômage Aucune des réformes drastiques mises en marche par le gouvernement conservateur d'Espagne, depuis l'arrivée au pouvoir de Mariano Rajoy en décembre de 2011, n'a pu redresser le marché du travail qui compte les plus forts taux de chômage en Europe. Aucune prévision optimiste ne se pointe non plus à l'horizon pour atténuer à court terme la crispation de près de cinq millions de sans-emploi. Au contraire, les dernières données sur l'emploi en Espagne montrent que le chômage s'est intensifié dans les deux derniers mois (septembre et octobre) en augmentant de 3,6% en l'espace de 12 mois, soit le double d'il y a un an. Comme conséquence immédiate, la destruction des postes d'emploi a provoqué la chute du nombre des affiliés à la sécurité sociale. Ces deux données sont suffisantes pour constater que l'Espagne est encore loin de redresser la situation de l'emploi. En octobre, le nombre de chômeurs a augmenté de 128.242 personnes pour se situer à 4.833.521, soit une augmentation de 2,73%, signale le ministère de l'Emploi et de la sécurité sociale dans les statistiques rendues publiques mardi. D'octobre 2011 à octobre 2012, le chômage a augmenté de 472.595 personnes, ce qui représente une progression de 10,84%. La Sécurité sociale a perdu, de son côté, 73.000 affiliés. En l'espace d'un an, 623.586 travailleurs ont cessé de cotiser à cet organisme, soit une chute de 3,59%. Cet indice démontre que l'Espagne est encore loin de la relance de l'emploi. Le bâtiment demeure le secteur le plus affecté avec des pertes supérieures à 21% (près de 200.000 empois de moins). L'industrie manufacturière a baissé de 6,53% (plus de 15.000 emplois) alors que l'administration publique a perdu 73.780 postes d'emploi en douze mois avec 7% de fonctionnaires de moins. Le commerce a perdu de son côté 3,47% de ses salariés, les activités financières 3,1%, l'hôtellerie 1,53% et l'information et communications 3,4%. Avec ces pertes d'emploi en cascade, les ressources de la Sécurité sociale accusent désormais un déficit qui serait proche de 1% du Produit intérieur brut (PIB). Sur la base de cette situation, l'Espagne compte 2,03 cotisants pour un retraité. Ceci intervient au moment où le taux de chômage pourrait atteindre 26,1% en 2013 contre 24,3% prévus par le gouvernement, observe un rapport élaboré par le groupe financier BBVA dont copie est parvenue à Al Bayane. D'autant plus, note la même source, que le déficit public affichera 7,2% a fin 2012 et 5,9% en 2013, contrairement à des objectifs du gouvernement qui se chiffrent respectivement de 6,3% et 4,5% convenus avec l'Union européenne pour les deux prochains exercices. D'autres données, diffusées mercredi par la Commission européenne, viennent appuyer ce panorama peu favorable à la récupération économique en faisant état de la chute du PIB d'un taux trois fois supérieur aux prévisions du gouvernement, de plus de six millions de chômeurs et de la hausse du déficit. La même source signale que l'Espagne est le dernier pays qui va abandonner la récession parmi ceux pour lesquels la commission européenne élabore des prévisions trimestrielles. En détail, le PIB espagnol régressera de 1,4% en 2012, note la Commission européenne qui observe que l'Espagne traverse en ces moments la phase la plus aiguë de la crise avec une chute trimestrielle du PIB de 1% d'octobre à décembre. Selon les prévisions de l'UE, l'économie espagnole, qui est entrée en récession au quatrième trimestre de 2011, ne pourra croître qu'à l'issue de huit trimestres. La croissance interannuelle n'interviendra qu'en 2014, un trimestre après celle du Portugal, de l'Italie ou de la Slovénie. En termes interannuels, aussi bien ce trimestre que le prochain seront les plus durs pour l'Espagne avec des chutes de 2,1%. Cette situation risque de s'aggraver davantage avec une éventuelle disparition de 10% des entreprises espagnoles, observe une étude sur la Gestion du risque de crédit en Espagne, élaboré par l'institut de crédit et de garantie, Iberform, à cause précisément de la baisse de recettes. Deux causes principales sont signalées dans l'étude : 84% des entreprises signalent le manque de disponibilité de fonds de la part du client et 21% parlent des incidences sur le système bancaire. De ce fait, 19% des fournisseurs des administrations publiques se trouvent en difficulté extrême devant l'incapacité de supporter des niveaux de crédits de leurs clients supérieurs à 10% du volume de leurs opérations. Tous ces éléments démontrent que la récupération de la croissance économique est tributaire de la réussite des réformes appliquées par le gouvernement en vue de relancer l'emploi, assainir le système bancaire et relancer les secteurs productifs.