La situation de crise que traverse l'Espagne, à cause de la dette souveraine et le déficit public, n'a pas de remède à court terme. Les indicateurs macroéconomiques fléchissent, le marché financier est grippé et la croissance économique régresse. Lundi, la prime de risque offerte aux investisseurs pour les bons du trésor espagnol à dix ans en relation avec leurs homologues allemands, a entamé sur des indices négatifs. Au marché parallèle de la dette avant de se fixer, cette prime a marqué, à midi, 634 points après avoir atteint à l'ouverture de la séance 642 points et porter le taux de rentabilité à plus de 7,55% soit un nouveau record qui place l'Espagne au seuil d'un sauvetage global. A la mi-journée, le taux d'intérêt s'est situé à 7,4%. C'est décidément le thème du jour puisque de mauvaises nouvelles ont également contribué à la recrudescence de la prime de risque telle que la demande du gouvernement de la communauté Valencienne de lui venir en secours et solliciter le « sauvetage » de la région à cause d'une incontrôlable dette publique, de plus de 20 milliards d'euros (plus de 20% de son PIB). Ce qui est étonnant est que la prime de risque prend l'ascenseur et bat des records en dépit des paquets de mesures drastiques adoptées par le gouvernement pour limiter le déficit public. Les récentes hausses tarifaires, la réduction des rubriques budgétaires destinées aux services sociaux, la diminution des salaires des fonctionnaires n'ont pas suffi pour calmer la fièvre de la prime de risque qui s'empare des marchés financiers. L'appui exprimé par l'euro groupe de venir en aide à l'Espagne en autorisant une ligne de crédit de 100 milliards d'euros pour la recapitalisation de son secteur bancaire n'a pas calmé la pression sur la dette souveraine. L'Espagne a des ennemis chez elle : la récession économique risque de se prolonger en 2013, le taux de chômage ne baissera pas au-dessous de 24% et le Produit Intérieur Brut (PIB) régresserait de 0,5%, selon les récentes prévisions du gouvernement. Trois données suffisantes pour semer le pessimisme et le désarroi au sein aussi bien des citoyens que des investisseurs. D'autant plus, le président de la Banque Centrale Européenne (BCE), Mario Dragui, a assuré, le week end dernier, que l'institution européenne n'a pas la mission de résoudre les problèmes des Etats, mettant un terme aux voix réclamant l'achat de la dette souveraine de ses pays membres. « Notre fonction consiste à garantir la stabilité des prix et contribuer à la stabilité du système financier en toute indépendance", a-t-il assuré dans un entretien au journal français Le Monde. Pour que soit complété le panorama, l'indicateur sélectif de la bourse de Madrid, l'Ibex-35, perd 2,54% à 14 :30 pour se situer à 6.087,6 points, soit une diminution de 158,7 points par rapport à la clôture vendredi dernier. De manière, l'Ibex-35 exécute une chute libre. C'est la conséquence directe de l'incertitude et de l'incapacité de l'Espagne de s'autofinancer sur le marché financier et accomplir les objectifs de réduction du déficit public. Pourtant, un peu avant midi, il avait perdu le support des 6.000 points pour marquer 5.908 points, un indice qui rappelle la situation au début des années 90. Depuis début janvier, l'Ibex-35 a accumulé une chute de plus de 28%. Les investisseurs ont désormais les yeux tournés vers les gouvernements autonomes de Catalogne, Valence et Castille la Manche qui étudient la possibilité de demander une aide urgente du Fonds crée par le gouvernement central pour faire face aux dépenses courantes. Le spectre d'un sauvetage global plane sur l'Espagne et continue de conditionner les marchés financiers. Il s'agit d'une situation extrêmement délicate dans la mesure où l'économie espagnole a enregistré une régression de 0,4%, durant le deuxième trimestre et 1% en taux interannuel, indique la Banque Centrale d'Espagne dans un bulletin d'information juillet-août parvenu à Albayane. « L'augmentation des tensions a conduit à une détérioration de la confiance des agents qui, en même temps, continuent d'affronter des conditions financières très strictes, raison pour laquelle les dépenses privées ont accentué leur chute au deuxième trimestre de l'année », lit-on dans le même bulletin. «Dans le cas des ménages, la consommation aura diminué de 0,5% en termes de son taux inter trimestriel, à cause de la destruction de l'emploi, la perte de valeur de la richesse et, en général, du climat d'incertitude qui a conduit à une révision à la baisse des perspectives économiques», note l'analyse. Dans le cas des entreprises, poursuit le bulletin de conjoncture, « l'investissement en biens d'équipement avait diminué de 2,2% en termes inter trimestriels au deuxième trimestre, avec des chutes aussi bien en ce qui concerne les machines que les moyens de transport". La Banque centrale d'Espagne confirme que l'emploi avait diminué au deuxième trimestre à un rythmée interannuel de 4,6%, conséquence pour laquelle la productivité continue de croître à un taux très élevé (3,8%). « Ceci est uni au fait que le relâchement prévu dans l'augmentation de la rémunération par salarié, avait permis que les coûts professionnels unitaires vont diminuer davantage à un rythme significatif ».Mardi, l'Espagne sera confrontée à un autre test lorsque le trésor de l'Etat soumettra aux enchères une émission de la dette du mois de juillet à trois et six mois. Jeudi dernier, le même trésor avait réussi à placer 2,981 milliards d'euros. Si le bon du trésor espagnol à dix ans a une rentabilité de plus de 7,4%, son homologue allemand du même délai a un taux de moins de 11,1%. Pendant ce temps, le secteur du bâtiment tarde à décoller. En témoigne la baisse de 30,5% du nombre des hypothèques pour acquisition de logements neufs en mai dernier par rapport au même mois de 2011, signale l'Institut Espagnol de la statistique (INE) dans son bulletin d'information parvenu à Albayane.