Plusieurs interventions venues de la part des hautes autorités politiques et financières, mercredi et jeudi, démontrent que l'Espagne passe par de mauvais moments et s'efforce à s'écarter le plus loin possible de la zone des turbulences. Elle aspire vaincre tous les motifs qui minent la confiance des institutions internationales et investisseurs. Contacté par Albayane au sujet de la décision du trésor de l'Etat de placer, jeudi, 3,3 millions d'euros en bons de trésor avec des taux d'intérêt très élevés, des brokers de la Bourse de Madrid et experts d'Instituts d'Analyses Financières ont attribué au climat de nervosité que vit le marché financier, l'épuisement des recettes du gouvernement pour redresser le déficit public et l'aspiration de l'Espagne, en ce mois des vacances, d'éviter un crash financier. Selon ces analystes, peut-être le grand débat qui a eu aux Etats-Unis sur le financement de la dette publique et la baisse des mouvements financiers, en ce mois des vacances, eurent alimenté la crise de la dette publique. D'autant plus, la plupart des gouvernements régionaux ont changé de main et du coup ont été découverts de grands trous dans les finances publiques, ajoutent-ils. Le Trésor de l'Etat espagnol a adjugé, en fait jeudi, 3,3 millions d'euros sous forme de bons de trésor à trois et quatre ans et en même temps augmenté les taux d'intérêt pour atteindre respectivement 4,9 et 5,05%. Pourtant ce montant n'a pu satisfaire que 50% des 7,38 milliards d'euros demandés. Le Trésor a ainsi pu capter 2,199 milliards d'euros en bons de trois ans pour une demande de 4,715 milliards d'euros et un taux d'intérêt de 4,9%. Il s'agit du taux le plus élevé depuis 2008. Le taux d'intérêt des bons à cinq ans a été fixé à 5,05% après avoir placé 1,11 milliard d'euros face à une demande de 2,668 milliards d'euros. Cette mesure a été adoptée à l'issue d'une dure semaine pour la prime de risque espagnole, qui avait atteint, mercredi, son niveau le plus haut depuis la création de la devise euro et s'est fixée à 407 points. Jeudi, cette prime a baissé pour se situer en milieu de journée à la bourse de Madrid à 362 points. Selon les experts contactés par Albayane, août est un mois néfaste pour la bourse à cause de la baisse de l'activité financière et les vacances politiques. Les investisseurs préfèrent la résignation et optent pour le retrait de leurs fonds et bénéfices de peur de s'évaporer à cause de la spéculation. Les volumes de fonds qui circulent sont inférieurs à la moyenne des autres mois de l'année, ont-ils affirmé. Autre facteur qui alimente le climat d'inquiétude, jeudi, est la préoccupation pour ce que la réunion de la Banque Centrale Européenne (BCE) décide concernant les taux d'intérêt. Certains experts souhaitent que cette institution communautaire acquière la dette publique des pays membres de la zone euro en difficulté de payement. Déjà, mercredi, la vice-présidente du gouvernement économique, Elena Salgado, avait reconnu que le climat de tension que vivent les marchés de dette risque de continuer encore quelques jours. Elle l'a attribuée à plusieurs facteurs conjoncturels et au retard dans la mise en application des mesures adoptées, le 21 juillet dernier, par l'Union Européenne concernant le plan de sauvetage. Depuis le début d'août, l'Italie et l'Espagne ont été la cible d'attaques de la part des marchés financiers qui ont été finalement amenés à payer des taux d'intérêt supérieurs à 6% pour les bons de trésor à 10 ans. C'est ce qui a poussé le président de la Commission Européenne, José Manuel Barrosso, de qualifier d' « injuste » la pression que ces marchés exercent sur les deux pays. De son côté, le roi Juan Carlos 1 er d'Espagne a exprimé, sa préoccupation pour l'instabilité financière de l'Espagne à la suite de la hausse de la prime de risque. Il a invité les porte-parole des groupes parlementaires à faire «cause commune» face à la crise sans tomber dans des «batailles». C'est l'heure de donner une impulsion aux «grandes politiques» pour transcender «la plus difficile» situation économique que connaît le pays, a-t-il dit. Pour sa part, le président du gouvernement espagnol, José luis Rodrigue Zapatero, a dû interrompre ses vacances pour rejoindre, mardi soir, le palais présidentiel en compagnie de sa famille. Il s'est réuni, mercredi, avec la vice-présidente économique pour analyser la situation des marchés financiers.