Officiellement, l'Espagne est en récession économique depuis l'annonce, fin mars dernier, de la chute de son Produit Intérieur Brut (PIB) de 0,3% au premier trimestre de l'année en cours. Cette donnée a été confirmée, jeudi, par l'Institut Espagnol de la Statistique (INE) se basant sur celles apportées par la Comptabilité Nationale trimestrielle de l'Espagne. Les deux sources, qui attribuent la récession technique à la stagnation de la consommation et au recul des investissements, suggèrent qu'il faudrait attendre au moins deux trimestres consécutifs pour pouvoir établir un diagnostic de croissance négative de l'économie espagnole. En termes interannuels, le PIB a régressé de 0,4% à la suite de sept trimestres de signe positif. En détails, la contribution de la demande interne à la croissance économique a reculé de 0,3% durant ce trimestre par rapport au quatrième trimestre de 2011 alors que la demande externe a réduit sa part au PIB de 0,4%. Ce sont surtout les dépenses des ménages qui ont lourdement pesé sur cette chute en enregistrant une croissance nulle alors que la consommation du secteur public a régressé de 0,3%. Pour leur part, les investissements inter trimestriels ont baissé de 2,6%. Cette baisse a affecté l'investissement dans le bâtiment et les biens d'équipements avec respectivement des chutes de 3,3% et 2,9%. Ceci a eu une conséquence immédiate sur le marché de l'emploi du fait que les postes d'emploi a temps plein ont diminué de 3,8%, soit un taux de 0,5% supérieur à celui du trimestre précédent. De manière que 655.000 postes d'emploi ont été détruits en l'espace d'un an. Le bâtiment a ainsi perdu 310.000 postes d'emploi et l'industrie près de 87.000 autres postes d'emploi. Ceci intervient au lendemain d'un mercredi noir où l'Espagne était sur le point de sombrer dans le chaos financier et transcender la ligne rouge qui la sépare d'un processus de sauvetage. La grand coup a été asséné par la prime de risque du bon espagnol du trésor qui avait atteint, en un certain moment de la journée à la bourse, 507 points, un niveau à partir duquel fut imposé un plan de sauvetage à certains pays européens. Pour rappel, l'Irlande est passée par cette épreuve lorsque sa prime de risque avait atteint 544 points en 2010 et avait dû solliciter 85 milliards d'euros pour se sauver de la débâcle. La cause de l'augmentation du niveau de la prime de risque espagnole a été attribuée, encore une fois, à l'inquiétude générée suite à l'annonce d'élections générales en Grèce le 17 juin prochain. Cette date doit maintenir en état d'alerte toute l'Europe durant un mois. De même, des données ont circulé dans les marchés financiers faisant état du retrait par des citoyens grecs de 700 millions d'euros de leur pays depuis les dernières élections, ce qui avait conduit les analystes à parler d'un «corralito» en Espagne. Ce terme, forgé en 2001 en Argentine, est utilisé pour désigner la restriction à la libre disposition par les citoyens des fonds déposés aux banques. Plusieurs membres du gouvernement espagnol ont dû intervenir, mercredi et jeudi, devant les médias pour écarter cette éventualité. Le chaos généré aux marchés financiers s'est calmé à la clôture de la bourse de Madrid grâce surtout aux rumeurs parvenant de l'Union Européenne concernant une éventuelle décision de la Banque centrale européenne de reprendre l'achat de la dette publique des pays membres, après une suspension qui a duré deux mois. A la fin de la journée de mercredi, la prime de risque du bon du trésor espagnol a atteint 482 points et la bourse de Madrid a perdu 1,3% de son indice général pour se situer à moins de 6.600 points. Jeudi à 14 :30, l'Ibex-35, l'indicateur sélectif de la bourse de Madrid, s'est situé à 6.482,6 points, soit une baisse de 1,955 par rapport à la clôture de la séance de mercredi. La bourse espagnole est loin de relever la tête alors que les spéculations se multiplient pour tirer le maximum profit de la prime de risque du bon du trésor espagnol. Pendant ce temps, le gouvernement allemand a augmenté les salaires de ses membres de 5,7% tout en refusant de renégocier les conditions de sauvetage de la Grèce.