Le chômage est désormais la grande difficulté qui se plante en Espagne devant la relance des secteurs productifs, l'amélioration du bien-être des travailleurs et le succès des réformes adoptées pour atténuer les effets de la récession économique. Ce constat a été confirmé à la lumière des derniers résultats, publiés, mercredi, sur l'état du marché du travail en février dernier faisant état de l'augmentation du nombre des sans-emplois. Désormais, ce sont plus de 4,3 millions de travailleurs qui aspirent à être réadmis au marché du travail. Première conséquence de cette situation, la Sécurité Sociale perd une partie de ses affiliés et de ses ressources. Cependant, quatre autres millions de postes d'emploi sont occupés dans l'économie souterraine, ce qui révèle les grandes contradictions que vit l'économie espagnole. Pour remédier à cette situation de crise, le gouvernement encourage la promotion d'un nouveau modèle économique basé sur la croissance et la génération de l'emploi dans les entreprises qui optent pour l'investissement, le développement et l'innovation (I+D+i). Le nombre des chômeurs, en février dernier, a atteint 4.299.263 millions de personnes avec l'inscription aux services publics de l'emploi de 68.260 nouveaux sans-emploi, soit une augmentation de 1,6% par rapport à janvier dernier, a indiqué le ministère espagnol du Travail et de l'immigration dans son dernier document sur l'état du marché de l'emploi. Le total des chômeurs marque le niveau le plus haut depuis le déclenchement de la crise en 2007. Le taux d'augmentation des sans – emploi en février a été cependant accueilli avec moins de pessimisme par ce ministère, puisque le chômage avait augmenté de 82.132 personnes en février de 2010 et de 154.058 en février 2009. Toutefois, le nombre des sans – emploi s'est renforcé de 168.638 en termes interannuels, (février 2010 – février 2011), soit une augmentation de 4% et le niveau le plus bas depuis novembre 2007. Au 1er mars, l'Espagne compte 2.164.651 femmes et 2.134.612 hommes en chômage. L'effet du chômage est quasi-similaire dans tous les secteurs, puisqu'il a augmenté de 1,6% dans celui des services, de 6,6% dans l'agriculture, de 0,7% dans l'industrie et de 0,3% dans le bâtiment. Par tranches d'âge, 22.555 jeunes de moins de 25 ans ont été recensés (5%), en février, parmi les nouveaux chômeurs. Il y a toutefois 45.705 nouveaux chômeurs parmi ceux qui sont âgés de plus de 25 ans (1,2%). De même, le chômage a augmenté sans exception et à des degrés différents dans l'ensemble des régions autonomes. A cause de la persistance du chômage, la trésorerie de la Sécurité Sociale commence à ressentir les effets de la baisse des recettes. Elle a bouclé le mois de février avec une chute moyenne interannuelle de 237.888 affiliés (moins 1,17%), en comparaison avec la situation au même mois de l'année précédente. Par rapport à janvier dernier, il y a 14.744 affiliés de moins à fin février. Actuellement, il existe en Espagne 17.347.094 affiliés à la Sécurité Sociale, dont 7.835.060 femmes (moins 0,13% par rapport à février de 2010) et 9.512.034 hommes (moins 2,21% par rapport à février de 2010), lit-on dans le dernier rapport de conjoncture rendu public, mercredi, par le ministère du Travail et de l'immigration. L'affiliation moyenne des travailleurs étrangers a également baissé, en février, de 7.740 personnes, marquant la septième chute mensuelle consécutive. Ce sont en total 1.769.773 étrangers occupés, au 1 er mars. Au 1 er février dernier, il y avait 1.777.567 affiliés étrangers, dont 214.315 marocains (12%). Ces chiffres ont tiré la sonnette d'alarme à tous les niveaux. D'abord au niveau officiel, le président du gouvernement José Luis Rodriguez, n'a pas caché sa déception en commentant l'augmentation du nombre des chômeurs en février dernier de 68.000 nouveaux sans-emploi, venus renforcer les rangs devant les centres de l'institut National de l'Emploi. Ce « n'est pas une bonne donnée », a-t-il dit, mercredi lors d'une conférence de presse alors qu'il se trouvait en visite à Tunis. Assurant que les «prochains mois » connaîtront une tendance positive avec la création de l'emploi», il a cependant reconnu que le processus de récupération du marché du travail est «difficile», «dur» et «lent» mais il est d'une «grande nécessité sociale». Les centrales syndicales ont, de leur côté, mis en garde contre le fait que l'Espagne se situe en bas de la table des pays européens en termes de récupérations de l'emploi. Paradoxalement, l'économie souterraine pourrait occuper quatre millions de travailleurs environ, a indiqué une étude réalisée par un groupe de chercheurs de l'Université Rey Juan Carlos de Madrid, publiée dans la revue « Carnets de l'Information économique » de la Fondation des Caisses d'Espagne. L'étude signale que l'économie informelle génère des recettes fiscales, estimées entre 1989 et 2008, entre 30,84 milliards d'euros et 32,73 milliards d'euros annuellement, ce qui suppose entre 5,4% et 5,6% du PIB officiel de l'Espagne.