Le chômage, le grand problème de l'Espagne Les données mensuelles publiées, mardi à Madrid, sur le chômage en Espagne invitent à une profonde réflexion sur le futur du marché du travail, la résistance des couches sociales vulnérables et la capacité du gouvernement de Mariano Rajoy de sauver l'économie de la débâcle. Ce sont autant d'hypothèses que certains experts estiment que l'Espagne tardera près de deux décennies avant de récupérer le rythme de croissance d'il y a cinq ans. Désormais, il y a 4.907.817 chômeurs recensés officiellement en Espagne selon les données relatives au marché du travail à fin novembre. Derrière cette statistique, ce sont 74.295 personnes qui sont venues s'ajouter au total des chômeurs portant à 487.355 le nombre de personnes qui ont perdu leur emploi et 717.683 autres qui ont cessé de cotiser à la sécurité sociale depuis janvier. Actuellement, seuls 16.531.048 travailleurs sont affiliés à cet organisme de prévoyance sociale alors qu'en décembre 2005 il y avait 17.345.775 travailleurs occupés. Ceci signifie que le taux de chômage augmente de manière exponentielle passant de deux millions de sans-emploi en 2007 à 4,1 millions en 2010, avant d'attendre 4,4 millions en 2001. Sur les 4,9 millions de chômeurs recensés en novembre, 616.416 sont des étrangers. Tenant comme référence l'augmentation du chômage, un professeur d'économie appliquée à l'université autonome de Barcelone, Josep Oliver, soutient que l'Espagne nécessiterait 17 ans pour pouvoir atteindre les niveaux d'occupation du milieu des années 2000. Cette estimation est contenue dans un travail de recherche intitulé «Le marché du travail avril-septembre 2012 et la vulnérabilité des ménages espagnols», présenté mardi à Barcelone, et dont des extraits ont été largement diffusés mercredi dans les médias espagnols. Le taux d'occupation de la population pourrait atteindre celui de 2007 à partir de 2022, observe l'universitaire. Dans son analyse, il a rappelé que l'Espagne avait vécu une récession de 11 ans qui avait duré de 1974 à 1985 provoquant la destruction de 15% des postes d'emploi. D'après l'économiste espagnol, l'actuelle crise est différente des précédentes dans la mesure où elle a touché de nombreux secteurs, dont celui des services, le secteur public et le secteur privé en général, bien que la plupart des analyses se soient concentrées au départ sur la destruction de l'emploi dans le bâtiment et l'industrie. D'autres données apportées par des organismes officiels paraissent moins pessimistes bien que 700.000 personnes soient sans emploi depuis plus de trois ans. De même, des milliers de petites et moyennes entreprises ont cessé leur activité faute de crédits bancaires. De même, l'Espagne compte le plus haut de chômage juvénile en Union Européenne. En septembre dernier, elle comptait 1,7 million de foyers dont tous les membres étaient en chômage.