Les Lions retrouvent l'Afrique, Taoussi gagne son pari Quand on veut, on peut. C'est l'adage que vient de faire sienne l'équipe du Maroc qui s'est rachetée pour réussir le retour en compétitions africaines. Samedi, dans un complexe archicomble à Marrakech, le Onze national a réalisé la qualification aux phases finales de la CAN 2013, grâce à une belle victoire de (4-0) au match «retour» sur son homologue du Mozambique vainqueur lors du match «aller» à Maputo par (2-0). Comme attendu, la logique a été respectée lors du match «retour» de la sélection nationale face à celle du Mozambique. Le Maroc a mérité la qualification, même si le carton de (4-0) ne reflète pas la physionomie de la partie, âprement disputée. Le premier but qui a libéré les Marocains n'a été réalisé qu'à 6 minutes de la fin de la première mi-temps, grâce à un coup de tête d'Abdelaziz Berrada, bien servi par Youssef El Arabi. Ce dernier, qui a raté auparavant un but tout fait, a trouvé d'énormes difficultés pour déjouer la tactique défensive des Mozambicains qui ont pratiquement fait jeu égal avec les nôtres durant les 45 premières minutes, où seulement deux franches occasions ont été enregistrées, dont celle ayant donné l'avantage au Maroc. Les Mambas, dirigés par un entraîneur allemand, Gert Engels, ont fermé tous les couloirs avant de céder en seconde partie face aux hommes de Rachid Taoussi qui ont été plus forts. Taoussi, qui dirigeait son premier match à la tête des Lions de l'Atlas, a fait preuve d'objectivité et de professionnalisme. Il a prouvé que l'équipe nationale a encore du potentiel. Sur le terrain, les joueurs marocains étaient bien organisés. Sur le plan technico-tactique, les trois compartiments de l'équipe nationale ont pris le meilleur. La défense et le milieu ont fait leur travail, bien que les Mozambicains furent plus ou moins dangereux sur quelques contres. Les joueurs de couloir ont, eux, bien épaulé ceux de la ligne d'attaque qui ont rempli leur mission. Les trois buts des 45 dernières minutes, Houcine Kharja sur penalty (63e), Youssel El Arabi à 5 minutes de la fin du temps réglementaire et Noureddine Amrabet dans le temps additionnel, ont bien justifié la domination territoriale des Lions de l'Atlas bien que les Mambas aient été contraints de terminer la rencontre avec 10 joueurs après l'expulsion de leur capitaine, Hobo Almiro, juste après le penalty qu'il a provoqué. En somme, le match fut d'une très bonne facture. Il a redonné confiance à toutes les composantes de l'équipe nationale. Il nous a fait oublier les défaites cumulées et les mauvaises prestations des Lions de l'Atlas. Rachid Taoussi qui a succédé à Eric Gerets, limogé au terme de la récente défaite à Maputo, a gagné son pari. Appelé à sauver les meubles et à réussir là où son prédécesseur a échoué, Taoussi a reconduit 70% environ des joueurs du groupe de Gerets et a passé l'examen avec brio. Avec ce carton (4-0) de sa première sortie, Taoussi a fait mieux que Gerets qui a perdu son premier match à Annaba devant l'Algérie (1-0), quand il venait d'atterrir au Maroc en 2010. La clé du secret de Taoussi réside tout d'abord dans la compétence, le réalisme, l'objectivité, le savoir faire technico-tactique... La valeur ajoutée réside dans le plan psychologique et la motivation qu'il injectées à son groupe. Il a su comment choisir son équipe, aussi bien les joueurs que le staff accompagnant, ce qui fait que tout le monde avait un esprit de groupe. Pour Taoussi, pas de différence entre joueurs professionnels d'Europe, du Golfe et ceux évoluant au Maroc. Tous les joueurs portent un même nom : joueur de l'équipe nationale, qu'il soit d'ici ou d'ailleurs. Les 26 joueurs convoqués pour le match face au Mozambique avaient chacun un rôle à jouer pour le bien de l'équipe nationale, ceux alignés d'entrée de jeu, dont le duo de l'ASFAR, Belakhdar qui a joué le match tout entier et Al Akkal qui a été remplacé par Oussama Saïdi au début de la seconde mi-temps, Younes Belhanda et Karim Al Ahmadi qui ont laissé leur place respectivement à Noureddine Amrabet et Mohcine Iajor, ainsi que ceux qui sont restés sur le banc de touche et les autres qui n'ont même pas été sur la feuille du match. Pour Taoussi, tout l'ensemble constitue un seul commando ayant une seule mission, la qualification avec ou sans la manière. Après, c'est autre chose qu'on peut dire en pensant à une équipe d'avenir et à un noyau à sauvegarder et à développer. Mais il faut garder la tête sur les épaules et surtout ne pas faire comme lors de la même victoire de (4-0) face à l'Algérie, dans ce même stade de Marrakech quand on jouait pour la qualification à la CAN 2012. Aujourd'hui, c'est une nouvelle ère pour l'équipe nationale qui est, certes, toujours en phase de construction et a besoin du temps, il reste encore du chemin à parcourir et du travail à faire pour récupérer les temps perdus. On devra rebondir à la prochaine CAN qui sera disputée pour la 15e fois dans l'histoire du Maroc après les éditions de 1972 (Cameroun), 1976 (Ethiopie), 1978 (Ghana), 1980 (Nigéria), 1986 (Egypte), 1988 (Maroc), 1992 (Sénégal), 1998 (Burkina Faso), 2000 (Ghana/Nigéria), 2002 (Mali), 2004 (Tunisie), 2006 (Egypte), 2008 (Ghana) et 2012 (Gabon/Guinée Equatoriale). Des rendez-vous ratés à l'exception du premier et dernier titre remporté en 1976 à Adis Abeba et la finale perdue par (2-1) en 2004 face au pays hôte, la Tunisie. Pour retrouver la CAN 2013, il fallait franchir l'obstacle du Mozambique, à la base modeste et 107e nation mondiale du classement de la FIFA, et ne pas manquer le grand rendez-vous continental en Afrique du Sud comme en 1996 et 2010. Nos principaux objectifs sont donc la CAN 2013 mais aussi et surtout la CAN 2015 qui sera organisée sur le sol marocain, tout en pensant au Mondial 2014 au Brésil. Les Lions et Taoussi auront encore une fois des paris à gagner... Rachid Taoussi, un technicien de la maison, jusque-là connu pour un triplé réalisé en 2011 avec le MAS (Coupes du Trône, de la CAF et la Super coupe d'Afrique), et qui avait débuté par remporter un trophée continental des jeunes, la CAN 1997 avec les juniors du Maroc, a les moyens de continuer sur sa lancée, pourvu qu'on le laisse travailler et qu'on lui donne le temps qu'il faut, l'avantage nécessaire et les mêmes chances dont disposait son prédécesseur. Et qui sait, après la finale en 2004 avec Baddou Zaki, pourquoi pas le deuxième sacre continental avec Rachid Taoussi en 2013... sinon en 2015 ? Rachid Lebchir