Une politique de santé efficiente, ne saurait être corrélée uniquement aux ressources allouées à cette politique, car quelles que soient ces ressources, ils ne pourront pas toujours répondre efficacement aux besoins de santé de la population. Dans ce cadre, la prévention des maladies trouve sa place, car elle vise à anticiper la maladie et à permettre à chacun d'assurer le contrôle de sa santé et de l'améliorer. Elle constitue, avec les soins curatifs et la gestion de sa maladie, un tout indivisible. Pour notre pays, la question de la prévention est un enjeu capital, à un moment où l'accroissement des dépenses de santé pose un réel problème surtout en cette période de crise qui frappe les pays les plus riches du monde et qui ne saurait épargner notre pays. Ceci doit inciter les responsables du département de la santé ainsi que tous les acteurs de notre système de santé à réfléchir dès à présent pour adopter une nouvelle démarche, une nouvelle vision, une nouvelle organisation basée sur une rationalisation des coûts, une efficience des actes et surtout une plus grande implication et une plus grande participation de notre population. Prévention et mortalité évitable Les Marocains ont une espérance de vie à la naissance qui est estimée à 73 - 74 ans ans et même plus, c'est un acquis. Cependant, malgré ces bons résultats, on constate que certains meurent trop jeunes. La mortalité prématurée au Maroc est importante. Ceci s'explique en partie par la fréquence des maladies liées aux habitudes de vie et aux comportements individuels à risques : tabac, alcool, accidents de circulation, maladies cardiovasculaires, cancers, IST… Au sein de cette mortalité prématurée, il y a la mortalité évitable, celle qui est liée aux comportements à risque : cause de décès dont la fréquence pourrait être diminuée essentiellement par une action sur les comportements individuels : tabagisme, alcoolisme, conduites dangereuses, cancers, accidents de la circulation… Mortalité évitable liée aux systèmes de soins : cause de décès dont la fréquence pourrait être diminuée essentiellement par une meilleure prise en charge par le système de soins dont le dépistage et les comportements individuels, c'est le cas des maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents vasculaires cérébraux), cancers féminins (sein, utérus), mortalité maternelle et périnatale. L'éducation pour la santé trouve ici une place de choix, pour atteindre les objectifs escomptés. Celle-ci doit être centrée sur la personne et prendre en compte le vécu de chaque individu en ayant présent à l'esprit ses spécificités, ses habitudes, ses attitudes… Elle doit permettre à chacun d'améliorer sa santé à partir de ses connaissances nouvelles. Elle s'appuie sur le développement personnel et la réalisation de soi. Elle favorise la responsabilité individuelle pour les choix de comportements favorables à la santé. Pourquoi la prévention ? La politique de prévention a pour but d'améliorer l'état de santé de la population en évitant l'apparition, le développement ou l'aggravation des maladies ou accidents et en favorisant les comportements individuels ou collectifs pouvant contribuer à réduire le risque de maladies et d'accidents. A travers la promotion de la santé, cette politique donne à chacun les moyens de protéger et d'améliorer sa propre santé en adoptant des attitudes de vie saine et en évitant tous les facteurs de risques. La politique de prévention doit aussi tendre : A réduire les risques éventuels pour la santé liés aux multiples facteurs susceptibles de l'altérer, tels l'environnement, le travail, les transports, l'alimentation ou la consommation de produits et de services y compris la santé; A améliorer les conditions de vie et à réduire les inégalités sociales et territoriales de santé; A entreprendre des actions de prophylaxie et d'identification des facteurs de risques ainsi que des programmes de vaccination et de dépistage des maladies; A promouvoir le recours à des examens biomédicaux et des traitements à visée préventive; A développer des actions d'information et d'éducation pour la santé; A développer également des actions d'éducation thérapeutique. Trois niveaux de prévention En matière de prévention, la classification la plus connue et la plus souvent adoptée est celle de l'OMS, qui distingue trois niveaux de prévention. 1 / La prévention primaire, qui vise à empêcher l'apparition d'un problème de santé en agissant sur les déterminants de santé; 2 / La prévention secondaire, qui vise à réduire le développement de problèmes de santé. Le dépistage précoce est une des interventions de prévention secondaire; 3 / La prévention tertiaire, qui vise à limiter les complications, séquelles et récidives après un problème de santé. Elle cherche à favoriser la réadaptation et la réinsertion sociale et professionnelle. Basée sur la maladie, et non sur le maintien en bonne santé, cette classification de la prévention a été parfois critiquée. De la prévention à la promotion de la santé La définition et le contenu de la promotion de la santé sont issus de la déclaration d'Alma-Ata de 1978, de la charte d'Ottawa de 1986 et des déclarations de Jakarta de 1997 et de Bangkok de 2005. «La promotion de la santé vise l'égalité en matière de santé. Ses interventions ont pour but de réduire les écarts actuels caractérisant l'état de santé, et d'offrir à tous les individus les mêmes ressources et possibilités pour réaliser pleinement leur potentiel santé». Dans le cadre de cette approche, l'individu est reconnu comme le gestionnaire de sa propre santé. L'ensemble de la population est envisagée dans sa vie quotidienne, sans se centrer sur des pathologies spécifiques ou des groupes à risques. Les actions de promotion de la santé sont ainsi orientées vers le développement d'aptitudes personnelles et sociales, et non sur la modification de mauvais comportements. La prévention : Nous sommes tous concernés Quand on soulève la question de la prévention, la lutte contre les maladies, les facteurs de risque, on a tendance à lier la prévention au secteur de la santé. Il faut tout d'abord souligner que la prévention n'est pas seulement de la compétence du ministère de la Santé. Sont également concernés les ministères de l'éducation nationale (santé en milieu scolaire et éducation), du travail (maladies professionnelles), des transports et de l'intérieur (accidents de la route), de l'agriculture (alimentation). Les associations de lutte contre le sida, contre le cancer, planification familiale, les sociétés savantes. Il faut citer également de nombreux intervenants en milieu scolaire, en milieu professionnel… Nous sommes tous concernés, car il s'agit avant toute chose de la santé de chacun de nous, de celle de ses enfants et de sa famille. La sagesse populaire rappelle que mieux vaut prévenir que guérir, chose que nous reconnaissons tous car il est plus simple, moins douloureux, moins coûteux de prévenir un comportement à risque que de prendre en charge les conséquences de celui-ci. Il y a un paradoxe évident car nous sommes tous conscients des risques que nous faisons courir à notre santé en adoptant des attitudes néfastes, nuisibles et en même temps on constate que la connaissance de ces mêmes risques ne suffit pas à elle seule à modifier les comportements à risques. Par exemple, tout fumeur connaît les risques de sa consommation de tabac mais cela ne l'empêche pas d'allumer une cigarette. Eduquer, promouvoir la santé sont les clés qui permettent à un individu d'adopter des comportements favorables à sa santé. La prévention trouve une grande place dans la politique de santé dans notre pays, il s'agit aujourd'hui d'en faire une priorité.