Incontestablement, le maire de Casablanca, Mohamed Sajid semble décidé de plonger la ville dans le chaos avant de partir. Une gestion opaque de la mairie, des dysfonctionnements en cascade relevés par la Cour des comptes, des projets structurants de la métropole accusent du retard et des blocages à tous les étages depuis presque deux ans au niveau des travaux de la Commune urbaine de la plus grande ville du pays. Un constat hallucinant. Et au moment où les Casablancais et les habitants de la ville blanche attendaient un déclic à l'échelle de la mairie pour être en phase avec cette dynamique royale de développement, surtout lors de ce séjour prolongé du Souverain dans la métropole, la session du Conseil de la ville, consacrée notamment à l'examen des comptes administratifs des deux exercices précédents, a été renvoyée jeudi, faute de quorum, aux calendes grecques. Et ce, selon des sources de la mairie, à cause de l'absence des documents relatifs aux dépenses faramineuses et qui seraient injustifiées dans certaines rubriques du budget, la passation de marchés sans respect des procédures légales en vigueur, l'exploitation de l'espace public qui n'obéit qu'au clientélisme et au népotisme et les politiques de partage de privilèges suivies par le maire en vue de faire passer les deux comptes en question. Mercredi, la veille de la session, Sajid a réuni des membres de sa majorité hétéroclite autour d'un diner et aurait distribué des promesses pour assurer, le lendemain, un quorum lui permettant d'ouvrir la session. Mais, soulignent les mêmes sources, la manœuvre du maire n'a pas abouti et s'est retrouvé seul, le jeudi matin, avec seulement quelques vice-présidents ayant des affinités avec lui. Dans la foulée, il donne un point de presse, avançant que les commissions compétentes n'auraient pas achevé leurs travaux consistant en l'examen des documents des deux comptes administratifs. D'aucuns répliquent que des membres desdites commissions réclamaient, durant presque deux ans, ces documents en question. Et la politique du président Sajid consistant à accorder à ces membres une dotation de 1000 dirhams de gasoil par mois et des téléphones portables avec des lignes plafonnées n'aurait pas apporté ses fruits. Les Casablancais et les habitants de la ville, heureux et sereins du séjour royal dans leur agglomération, suivent avec angoisse cette anarchie qui ternit l'image de la ville blanche. Et leurs regards rivaient sur le palais royal dans l'espoir d'une touche royale de nature à sauver la ville. «SM le Roi sillonne tout le pays en lançant des projets de développement durable même dans des zones reculées et enclavées, et la capitale économique du pays se trouve gérée anarchiquement et plonge dans le chaos. Quel paradoxe», s'exclame un jeune étudiant à la faculté de Ben M'sik à Casablanca. La constatation de ce jeune est largement partagée par de nombreux citoyens de Casablanca qui se rendent compte, chacun à travers la presse, des malversations et dilapidations qui émaillent la mairie de Casablanca, alors que les auteurs de cette politique demeurent en toute impunité. Cette anarchie qui sévit à la mairie n'est pas sans répercussions sur d'autres institutions dans la métropole. Au niveau de l'Agence urbaine de Casablanca, le schéma directeur d'aménagement et d'urbanisme (SDAU), qui devait voir le jour en 2008, comme l'avait déclaré l'ancien gouverneur de cette Agence, Allal Sekrouhi, dans une interview accordée à Al Bayane, est encore et toujours à l'étude. Les plans d'aménagement, outils d'exécution de ce SDAU, font encore le va-et-vient entre les services de l'Agence et les Arrondissements composant le Conseil de la ville pour y apporter leurs observations. Et dans ce registre, des lobbys de l'immobilier entrent en la ligne et relèguent l'intérêt de la ville et le bien être des citoyens au second plan. Ce retard dans la mise au point du SDAU se répercute négativement sur les investissements, surtout que les formules de dérogations, respectant les critères de la circulaire qui les a mises en place, sont bloquées. Depuis plusieurs mois, la commission compétente dans ce cadre au niveau de la wilaya et présidée par le wali n'a tenue aucune réunion dans ce sens. Voilà un autre blocage qui s'ajoute à ceux qui paralysent la ville. Au niveau du centre régional d'investissement (CRI), la situation n'est pas moins reluisante. Cette instance, indiquent des sources concordantes, se contente de la publication des chiffres relatifs aux entreprises créées sans aucun suivi ou étude sur le terrain. Il y a une augmentation du nombre des entreprises, lit-on dans les communiqués, mais sans pour autant qu'il y ait un accroissement du nombre d'emploi. Alors que le centre tourne avec des budgets colossaux. S'agissant de la gestion déléguée, d'aucuns affirment que la situation va de mal en pis. Le budget réservé aux entreprises chargées de la collecte des ordures ménagères a été revu à la hausse plusieurs fois depuis 2004, pour dépasser les 50 milliards aujourd'hui, alors que les points noirs continuent d'orner plusieurs zones de la ville. Il faut dire que le tableau est noir.