Lâché par une majorité versatile (UC, RNI, MP, PAM, PJD), Mohammed Sajid, maire de Casablanca, joue sa survie politique dans les prochaines semaines, jettera-t-il l'éponge avant la fin de son mandat prévue en 2014 ou sera-t-il sauvé par l'Intérieur ? 4 élus présents sur les 147 L'annulation de la session de juillet du Conseil de la ville de Casablanca, prévue le 28 juillet, confirme une nouvelle fois la paralysie que connait gestion de la métropole. Une situation qui dure depuis décembre 2010. L'ensemble des conseillers de la ville, de la majorité comme de l'opposition, exige le départ de Sajid. Au cœur du désaccord entre les élus et le maire, la responsabilité sur les inondations qu'a connue la ville l'hiver dernier, le manque de transparence financière et l'absence de concertation concernant les décisions importantes de l'avenir de la ville. Résultat : depuis six mois Sajid échoue à chaque fois à rassembler le quorum nécessaire pour tenir une session. Pour sa dernière tentative seul quatre élus sur les 147 qui composent le Conseil se sont présentés le 28 juillet. Une ville en stand by Même l'intervention de Mohamed Halab, wali de la région du grand Casablanca n'a pas réussi à désamorcer cette crise politique. «Le wali a reçu les partis politiques représentés dans le Conseil, pour nous convaincre de tenir la session mais nous avons refusons. Notre seule demande c'est le départ immédiat de Sajid. Il doit dégager», exige Aziz Moumen, conseiller isqlalien au Conseil. «L'autorité locale avance que la ville connaît un blocage, surtout concernant ses projets structurants. Conscient de l'importance de ces chantiers, nous sommes pour une session extraordinaire avec un ordre du jour réduit mais en contre partie, le wali doit appliquer l'article 25 de la Charte communale et dissoudre ce Conseil désormais illégal», explique Mohamed Brahimi, conseilleur de l'USFP et vieux routier de la politique communale. Même son de cloche du côté du PJD, portant membre de la coalition dirigeante de la ville, «le départ de Sajid est une condition sine qua non pour que l'activité du Conseil reprenne», exige Hassan Bekkali, conseiller communal du PJD. Pour rappel l'article 25 de la Charte stipule que «pour des raisons portant atteinte au bon fonctionnement du conseil communal, […]. Le conseil peut-être dissout par décret». En plus de l'absence de sessions plénières, le travail des commissions est également au point mort. Par conséquent les projets du Tramway, du nouveau théâtre municipal ou le programme des routes communales connaissent du retard. «Ce blocage qui n'a que trop duré profite au final à Sajid qui est en train de décider tout seul du budget de toute la ville, soit 350 millions de DH», proteste Mounem de l'Istiqlal. Pour Mustapha Rahin, conseiller indépendant, «le wali est le premier responsable de la situation actuelle. Il nous avait demandé de patienter le temps que le référendum passe pour appliquer l'article 25 mais il semble qu'il veut sauver Sajid sous prétexte de la visite royale», A ce sujet, le roi Mohammed VI devrait commencer «sa visite ramadanesque» à Casa à partir de la deuxième semaine du mois d'août. Le wali avait demandé aux partis de «laisser de côté leur différents et de préparer comme il faut la visite du souverain». Encadré. Une situation semblable à Tanger et Rabat La situation n'est pas meilleure à Tanger et Rabat. Les maires de ces deux villes ont de la difficulté à réunir le quorum nécessaire pour la tenue d'une session. Seul 8 sur les 85 conseilleurs ont répondu présents à la convocation de Fouad El Omari (PAM), maire de Tanger. Dans la capitale, plusieurs conseilleurs étaient absents le 27 juillet pour la session de juillet, ce qui a obligé Fathallah Oualalou (USFP), maire de Rabat à reporter la séance. A l'origine de cet absentéisme, les vacances des élus, leur implication dans la pre-campagne électorale mais surtout une crise politique entre les composantes des majorités des deux villes.