L'artiste-peintre Fatma Benkirane expose, jusqu'au 26 avril courant sur les cimaises des galeries Mohamed Kacimi et Al-Hourya, ses dernières œuvres, où elle tente de faire vibrer l'œil et stimuler l'imaginaire par ses seuls effets esthétiques. Exposées dans le cadre du 10ème festival International des arts plastiques (6-26 Avril), qui réunit plus de 60 artistes plasticiens de 18 pays, ses tableaux sont travaillés de façon à mettre en évidence une harmonie entre des fonds ennoblis ou épurés et des lignes qui les sillonnent. Des lignes épaisses, sensuelles et éblouissantes d'éclats de lumière. «L'originalité de la peinture de Fatma Benkirane réside dans sa capacité à nous faire vibrer par ses seuls effets esthétiques, où toute allusion à quoi que ce soit ne peut être, en fait, que le signe de son absence ou de son évanescence», estime le critique d'art et de littérature, Abderrahmane Tenkoul. Pour lui, si aucune concession n'est faite au réel, c'est parce qu'en deçà de celui-ci, Benkirane cherche par son travail à atteindre une certaine spiritualité portant en elle-même son propre mystère ouvert sur le rêve ou sur un monde féérique. «Chaque usage que fait l'artiste de ses couleurs de prédilection, toutes rendues avec une grande sensibilité, exprime un dialogue fécond avec notre univers du dedans : émotions brutes, sens et sensations, désirs et fantasme», note M. Tenkoul. Farid Zahi, un autre critique d'art, voit dans la création de Fatma Benkirane une sculpture en relief, où la lumière ne se dégage que des dégradés chromatiques (effets de matière) et où les formes sont le fruit de la liberté qu'elle y prend. «Point de couleur pure, ni de forme pure, tout est effet de matière et de modelage de matériaux ! Seul ce désir de saisir la terre dans sa dimension aérienne, d'ancrer l'imaginaire tellurique dans le regard et la perception !», relève M. Zahi. Certains de ses tableaux, il les conçoit comme une photo satellite de la terre, d'autres semblent suggérer des paysages arides, abstraits, modelés par l'érosion...la terre. Car, cette «terre imaginaire n'est rien qu'une peau que l'artiste modèle et remodèle au gré de ses touches propres», selon M. Zahi. Depuis le début de l'année, Fatma Benkirane, installée à Rabat, a participé à des expositions dans des galeries de Marrakech, Rabat et Casablanca.