Pour 84% des espagnoles, le chômage vient en tête de leurs préoccupations bien avant la politique, le terrorisme ou l'immigration. 86,9% des personnes considèrent aussi que la situation économique est «mauvaise» ou «très mauvaise» et 61,8% estiment que l'éducation dans leur pays est «régulière», «mauvaise» ou «très mauvaise». Ce sont quelques résultats tirés du dernier baromètre, publiés mercredi par le Centre de Recherches Sociologiques (CIS - public), qui démontrent que la réforme du marché du travail inquiète seulement 1,2% des personnes interrogées bien que cette mesure eut été à l'origine d'une grève générale, le 29 février dernier. Le baromètre révèle que 37% des espagnols s'attendent à des périodes difficiles à cause de la crise économique au moment où 30,8% accusent le gouvernement de la responsabilité de cette crise, 23,6% l'attribuent aux banques et 21,7% à la situation économique internationale. En dépit de l'attitude défavorable à l'égard de la gestion de l'ex-gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, 46,6% des espagnols estiment que l'actuel exécutif dirigé par Mariano Rajoy, leader du Parti Populaire, ne pourrait faire mieux. Ceci s'appuie sur l'opinion de 35,2% qui croient que l'économie va s'améliorer, 14,4% qui pensent le contraire et 37,9% qui estiment que rien ne va changer. Toutefois, les personnes interrogées ont durement critiqué le système éducatif de leur pays puisque 60% considèrent que la qualité de l'enseignement est basse. Pour 61,8%, le niveau de l'éducation est régulier. Ceci s'explique, selon 50% des personnes interrogées par le fait que l'Etat et les gouvernements régionaux accordent moins de fonds à l'éducation. Toutefois, 50% assurent qu'ils préfèrent l'école publique et 64,3% l'université publique. Le baromètre, réalisé entre les 2 et 11 mars dernier, s'appuie sur l'avis de 2.474 personnes qui ont exprimé leur opinion sur la situation générale de l'Etat espagnol. C'est une sonnette d'alarme pour l'ensemble des décideurs particulièrement les hommes politiques dont la gestion a été désapprouvée et sévèrement critiquée. De ce fait, les trois quarts des personnes interrogées estiment que la situation politique est régulière (30,1%), mauvaise (35,4%) ou très mauvaise (21,3%). Ceci signifie que l'ensemble de la classe politique assume la responsabilité des durs moments que traverse le pays. C'est la raison pour laquelle, la société se démarque de la politique et place le chômage en tête de ses préoccupations (84%). En dépit du grand tapage médiatique monté par les médias et les lobbies économiques anti-marocains les derniers mois, les problèmes relatifs à l'agriculture, l'élevage et la pêche ne préoccupent que 5% des espagnols. De la même manière, l'immigration est citée uniquement par 7,6% par les personnes interrogées comme problème d'intérêt social. Pour la majorité des espagnols, le chômage demeure le principal problème qui affecte leur situation et les préoccupe sérieusement. Il est surprenant de relever que parmi les personnes interrogées, 23,4% sont des chômeurs, 1% sont en quête d'un premier emploi et 8,9% exercent un emploi domestique non rémunéré. Ce sont des données qui sont proches des statistiques officielles du marché du travail qui font état, selon l'office de statistiques de l'Union Européenne, Eurostat, d'un taux de chômage de 23,6% en février dernier. En tout cas, 19,3% des espagnols estiment qu'il est «très probable» qu'ils perdent leur emploi dans les prochains 12 mois. Ceci rejoint la position du président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui a assuré, mercredi, que la réforme du marché du travail aura des effets positifs pour la récupération économique à moyen et long termes. 43,1% des personnes en chômage estiment qu'il est «peu probable» qu'elles accèdent à un emploi dans les prochains douze mois. A la lumière de cette enquête sociologique, il est parfaitement justifiée l'inquiétude de la société espagnole. Cela a démontré que l'actuelle crise économique que traverse le pays est structurelle et que le changement de gouvernement n'est pas synonyme de solution immédiate des problèmes confrontés par les 4.750.867 personnes inscrites aux bureaux de placement professionnel. Les réformes appliquées par le gouvernement conservateur durant ses 100 premiers jours au pouvoir, l'austérité budgétaire et l'augmentation des tarifs de plusieurs services et impôts expliquent le malaise social exprimé à travers le dernier sondage d'opinion.