Le chômage des jeunes est le plus grand problème social auquel est confrontée actuellement l'Espagne, a reconnu, mercredi, José Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement espagnol, lors de la séance de contrôle du gouvernement au Congrès des Députés. Au sein de la communauté marocaine, environ 63% des jeunes marocains, de moins de 25 ans, se trouvent dans la même situation. Ce constat se base sur des statistiques officielles espagnoles et la réalité des chiffres diffusés par les centres de recrutement relevant de l'Institut Espagnol de l'Emploi (INEM). Il est aussi appuyé par des statistiques communautaires, venues dans le dernier rapport de la Commission Européenne qui signale que 900.000 jeunes espagnols de moins de 25 ans se trouvaient, jusqu'à novembre dernier, sans activité et en quête d'un emploi. C'est la raison pour laquelle, Zapatero a admis que compte tenu de l'actualité du marché actuel et de la période de récession que traverse l'économie espagnole, il ne serait pas «facile de réduire le chômage des jeunes». En face, le leader du Parti Populaire (PP-opposition majoritaire de droite), Mariano Rajoy, a, sans faire de proposition, accusé Zapatero de se réfugier dans des «paroles de résignation». Comme il est habituel dans les séances de contrôle parlementaire, socialistes et «populaires» ont dû échanger les accusations quant aux véritables responsables du chômage des jeunes. Pour Rajoy, les socialistes sont «responsables» de ce phénomène alors que Zapatéro, chiffres en main, rappelle que durant les huit ans de pouvoir du PP (1996-2004), le taux du chômage avait battu le record de 30%, contre une moyenne de 25% actuellement avec un gouvernement socialiste. En 2007, alors que l'Espagne vivait un « boom » économique, le chômage des jeunes était de 18%, «le taux le pus bas de l'histoire» de l'Espagne. Zapatero reconnaît que ce phénomène est « structurel» et avait «préoccupé» tous les gouvernements espagnols depuis la restauration de la démocratie en 1978. Les plus récentes statistiques sur le chômage en Espagne, diffusées début janvier, font état de 4,1 millions de personnes sans emploi en 2010, soit une augmentation de 4,1% en comparaison avec 2009. Au niveau régional, uniquement en Catalogne, 562.000 personnes sont recensées, jusqu'à fin décembre, comme chômeurs, rappelle-t-on. A Madrid, ce sont 460.000 autres personnes dont 46.499 ont moins de 25 ans qui se trouvent dans la même situation. L'augmentation du chômage a eu une forte incidence sur les ressources de la trésorerie de la Sécurité Sociale qui a comptabilisé 218.857 affiliés de moins en comparaison avec 2009. Désormais ce sont 17.584.982 travailleurs qui cotisent à cet organisme de prévoyance sociale face à 19.231.986 affiliés au 1 er janvier 2007. Dans cette conjoncture, les Marocains sont les grandes victimes de la récession économique puisque plus de 43% sont sans emploi alors que la moyenne au sein de l'ensemble des immigrés est de 30%. Dans une étude publiée début janvier par l'Association ASISI, pour le compte du gouvernement régional de Madrid, 59% des femmes marocaines étaient en chômage jusqu'à fin octobre. Comme conséquence de la persistance de la crise économique dans les secteurs employant le plus de main d'œuvre marocaine (bâtiment et service domestique surtout), le nombre d'affiliés marocains à la Sécurité Sociale d'Espagne a baissé de 3,24% en 2010, passant de 224.462 en janvier à 217.182 à fin décembre. De manière que le nombre de Marocains cotisant á cet organisme a diminué de 39.730 affiliés depuis 2005, soit une réduction de 17,7% en l'espace de six ans.