Partout, aux quatre coins de la métropole, les candidats du PPS aux élections législatives anticipées du 25 novembre 2011 s'activent et ne semblent pas manquer de punch. Là où ils vont, ils tentent de faire entendre la voix de la différence, celle de la dignité, de la justice, de la redistribution équitable et de la gouvernance démocratique. A Hay Hassani, dans cette vaste circonscription du Grand Casablanca, qui mobilise 24 listes (ou 72 candidats) pour 3 sièges au Parlement, Lamine Benomar, tête de liste PPS, fort de son appartenance à un parti «clean», et crédible, est, à première vue, un candidat comblé. Certes, jusqu'ici, faute de meeting, le débat de fond sur des sujets aussi sensibles que l'éducation, le travail, la sécurité, la lutte contre l'exclusion, est occulté. Lamine Benomar en est conscient et ne veut pas rater l'occasion d'en débattre avec les gens d'ici. Du coup, un rassemblement est organisé, hier dimanche, au cinéma Anfa -le seul que compte cette circonscription de plus de 400.000 habitants-. Une anomalie, avouons-le, qui reflète l'indifférence, voire le mépris des responsables locaux vis-à-vis de tout ce qui touche au culturel. Le rassemblement de dimanche fut une réelle fête de foule. Une occasion qui a permis au Parti du livre de renouer avec son noyau dur de ses fidèles, parmi les fonctionnaires, les enseignants, les professions libérales, les jeunes et les sympathisants. Une première aussi, après le démarrage, il y a une semaine, de la campagne électorale, qui est restée, dans l'ensemble, moins tapageuse que prévu. Un moment fort pour présenter, décortiquer et expliquer la portée de quelque 100 propositions du Parti du Progrès et du Socialisme. En toile de fond, il y a ce constat : Le Maroc évolue moins vite. Il a pris du retard sur nombre de chantiers. Résultat: les inégalités sociales et spatiales prennent plus de relief. Le chômage des jeunes commence à prendre des dimensions alarmantes et les perspectives d'évolution économique et sociale sont plutôt incertaines. Le constat est on ne peut plus officiel. Hay Hassani ne fait pas l'exception. Pourtant, c'est l'une des plus prestigieuses circonscriptions du royaume. On y trouve un tissu industriel d'importance avec beaucoup de PME, sans oublier le siège principal de l'OCP et de la RAM. La préfecture abrite aussi un des plus grands complexes universitaire du Maroc. Bientôt, Hay Hassani sera le cœur de la Place financière de Casablanca avec l'édification de la Cité financière, en lieu et place de la cité de l'air. La circonscription peut se targuer d'être une cité sportive. On citera, à titre d'exemple, les deux grands clubs de football, RCA et WAC, pas moins de la moitié des clubs de tennis et une de nombreux clubs équestres. Bien qu'elle soit limitée par la mer, la préfecture ne dispose pas paradoxalement de la partie balnéaire. Celle-ci est partagée par la comune d'Anfa et celle de Dar Bouaâzza. Côté urbanisme, au-delà des quartiers résidentiels historiques comme «CIL et Beauséjour», de nouveaux quartiers ont vu le jour, au fur et à mesure que le périmètre urbain de la préfecture s'agrandit. Sauf que cette expansion urbaine, vers le sud, du côté de Lissasfa, Oulfa, Sidi El Khadir, s'est faite un peu dans le vrac. A la place des bidonvilles, qui ne sont pas totalement éradiqués, on assiste à la multiplication effrénée des «béton-villes». Les espaces verts cèdent devant la frénésie de l'immobilier. Et les nouvelles constructions, faute d'architecture raisonnée ou de vision urbanistique, s'apparentent à des ghettos plus qu'à des cités urbaines. Du coup, la circonscription regroupe, pêle-mêle, toutes les caractéristiques d'une ville désarticulée, hétérogène et irrégulière. Mise à part la partie «happy few» localisé à CIL et les riverains du côté du boulevard Anfa et Ghandi, la population est constituée, en majorité, des classes moyennes. A la marge, au-delà du quartier Oulfa, mais aussi en plein centre historique, la population est composée pour l'essentiel du «lumpen prolétariat». Ce sont de grands réservoirs de main d'œuvre. Il faut dire qu'au tout début, Feu Mohammed V lançait, au lendemain de l'indépendance, Hay Hassani. Les premières constructions, en l'occurrence «les immeubles» jouxtant le boulevard Afghanistan étaient conçus pour abriter les victimes des incendies qui ont ravagé les carrières «Schneider» et environs. C'était une «cité-refuge». Elle a continué à l'être jusqu'à récemment avec la construction de la cité «Jemaâ» pour reloger les victimes des inondations et démolitions à Derb Soltane. Mais aussi, ceux de l'ancienne Médina, pour ce qui concerne le quartier Oulfa. Il y a certainement beaucoup de travail pour requalifier le paysage urbain. Aujourd'hui, la préfecture, qui a pris des dimensions démesurées, est saturée. Les 400.000 habitants disposent d'une seule polyclinique CNSS. Un nouveau dispensaire a vu le jour tout dernièrement à Sidi El Khadir, sur Directive royale. C'est dire que l'infrastructure de base en matière de soins et d'éducation n'a pas suivi le rythme accéléré de la croissance urbaine. Pas de marché central moderne non plus. Les marchés qui fleurissement et qui poussent un peu partout sont généralement des créations informelles, faites de baraques. Ici l'insécurité fait loi. Et plus grave encore, les centres culturels sont tout simplement inexistants. L'état des lieux laisse perplexe. Apporter des réponses concrètes C'est ce qui explique le malaise actuel. Aussi bien en matière d'éducation-formation, lutte contre le chômage et l'insécurité, que sur d'autres registres, les habitants du Hay Hassani sont déçus ou frustrés. Les gens d'ici sont devenus très méfiants quant aux promesses faites par les politiques. Ils doutent même de la capacité des candidats à trouver des réponses concrètes à leurs problèmes quotidiens, notamment l'accès aux soins de santé, le logement, le nettoyage et la propreté des quartiers, l'éclairage public, le transport, etc. «Tellement la défiance est forte que la mission première du parti, au-delà du vote, est de restaurer la confiance et de donner plus de crédibilité aux institutions. La question fondamentale est d'amener les gens à se réconcilier avec eux-mêmes, de s'assurer leur adhésion et de les encourager à aller voter, si l'on veut continuer sur la voie de la construction démocratique et lutter contre la dépravation et le tripatouillage des élections», explique M. Benomar sur un ton posé. « Les gens regardent le quotidien. Ils revendiquent les routes, l'éclairage public, la sécurité, le nettoiement, mais aussi l'éducation et le transport urbain », note le candidat PPS, pour démontrer la confusion installée entre la mission d'un député avec celle d'un conseiller communal. « Dans mes contacts avec les gens, dans les souks, les marchés et les rues, j'essaie de faire part de mes idées pour les gens et la cité, de mettre en perspective le rôle du député qui, de par sa position, peut appuyer les ambitions de la circonscription, peut aider à faire aboutir certaines décisions en matière par exemple de réactivation des investissements pour soutenir la croissance, surtout dans le contexte actuel de régionalisation avancée», poursuit Sid Lamine Benomar. « Pas de promesse électorale que l'on ne peut tenir», tient à souligner Sid Lamine Benomar, précisant qu'avec les candidats PPS, «il est possible de construire une alternative crédible». Apporter ma contribution à l'édifice Sid Lamine Benomar est ingénieur de formation. Il est diplômé de l'Ecole Ponts et Chaussées de Paris. Ce quinqua est connu pour avoir occupé le poste de ministre de la Population. Deux fois de suite, il fut député, puis conseiller communal à Beni Mellal et Tiznit. Cet ancien cadre du ministère des Travaux publics a eu à s'occuper de grands projets d'intérêt général dont notamment le complexe Mohammed V. Toujours proche de la population et suivant de près l'évolution du pays, M. Benomar reste un acteur associatif infatigable. Elevé dans la pure tradition marocaine, cet originaire de Beni Mellal, est convaincu que rien n'est acquis d'avance. Maintenant, au-delà des intentions de vote, M. Benomar, reste prudent. Jouer au Père Noël n'est pas son genre. «Moi de suis amoureux de mon pays, et je veux apporter ma contribution à l'édifice».