La Fête de l'humanité, si elle était conçue comme une messe annuelle du Parti communiste durant les années de gloire, elle a continué à s'imposer comme un festival populaire international où se côtoient les générations. En prenant le métro de Paris en direction de la Courneuve (Seine-Saint Denis), au fil des arrêts l'ambiance de la Fête donne du nez. Jeunes et moins jeunes discutent déjà du programme et de politique. Le mot « Sarkozy » revient tel un leitmotiv. La crise aussi. Au Bourget, le métro se vide et tous les voyageurs sont pris en charge, quelques mètres à la sortie de la gare, par des navettes de bus qui font d'incessants aller-retour avec le parc de la Courneuve qui abrite la Fête. Dans le bus, l'ambiance bon enfant chauffe déjà et l'on se croit en famille. Des sourires partout. Mais déjà, dès l'entrée du « Parc », la couleur est annoncée. L'on se croit dans un village international. Le visiteur est accueilli par l'avenue Dolores Ibarruri, la « passionaria », première dame députée aux Cortes en 1936, juste avant le coup d'Etat de Franco et la guerre civile en Espagne. Cette avenue continue par celle baptisée «Jacques Prévert» (qui abrite le stand du PPS et d'Al Bayane) et celle de Marcel Cachin, le directeur de l'Humanité à qui l'on doit cette Fête, en 1930. Quatre avenues symbolisant de grands révolutionnaires : Lise London, Che Guevara, Yasser Arafat et Angela Davis (qui continue par l'Avenue Nelson Mandela) coupent la grande allée, qui donne accès à toutes les autres avenues (Neruda, Picaso, Aragon, Triolet, Ferrat, Péri, Moquet, Jaurès, Frachon, Mounia Abou Jamal, etc), des noms qui ont marqué l'Histoire politique et littéraire de la France et du monde. Dès jeudi soir, les femmes sont entrées en action à» L'Agora de l'Humanité », avec l'inauguration de la Fête et «les femmes l'ouvrent…». Et c'est parti pour les débats, la musique, les expositions et la gastronomie… La grande scène, la scène Zebrock, la scène « Jazz Hum Ah !», l'Agora de l'Humanité, le village du monde et l'espace « les amis de l'humanité », à côté des stands français et internationaux, seront le théâtre de nombreuses activités. Il faut faire des choix, face aux multitudes manifestations. Bien des instants conviviaux, au-delà des convictions des uns et des autres. Car c'est l'ambiance bon enfant qui met de côté les référentiels politiques, l'instant d'une Fête, qui fait appel également à la réflexion. Bière à la main, les militants sont là, prêts à discuter et apostrophent les visiteurs, causent avec eux, ou saluent tout simplement. Bien des visiteurs ont pris l'habitude de venir à la Fête uniquement pour s'amuser mais c'est également, pour eux, une opportunité de connaissance, de savoir et de partage. Ce rendez-vous annuel est le lieu privilégié pour des échanges qui dénotent de vraies valeurs humaines. La musique, avec des têtes d'affiche alléchantes permettent de faire venir à la politique les gens moins réceptifs aux discours politiques. La Fête est d'ailleurs un bon dosage entre le militantisme et le festif. Chacun y trouve son compte. Joan Baez, Fat freddy's Drop,Soprano, Gaëtan Roussel, Yavn le Bolloc'h, Souad Massi, Bernard Lavillers, Patrice, The Tings Tings, Nolwenn Leroy, l'orchestre de Radio France et Yannick Noah… Sans parler des Diables verts, des Saltimbanks, de Rocé, de Dick Annegarn et de Cyril Mokaiesh ou encore d'Henri Texier, etc. Outre l'exposition «des artistes pour les 140 ans de la Commune de Paris» On y trouve de tout : en plus des nombreux débats sur toutes les thématiques possibles et inimaginables, une place de choix est réservée au livre, au sens le plus large, aux représentations théâtrales, et à la situation internationale, ainsi qu'à la gastronomie française et étrangère, avec des spécialités culinaires des quatre coins du monde. Bel exemple de la diversité culturelle et de la richesse mondiale.