Les étudiants de l'Ecole Nationale des sciences appliquées d'Agadir préparent actuellement une compétition assez originale : la compétition nationale de robotique prévue en mars prochain. Invitant les étudiants des autres universités à y participer, elle a pour objectif de récompenser les créations robotiques les plus originales et performantes. Les jeunes Marocains n'ont pas fini de nous surprendre. Le 6 février dernier, nous avions parlé d'une voiture de sport appelée « Sportiva 2012 » mise au point par des étudiants marocains de l'Ecole polytechnique d'Agadir. Toujours à Agadir, d'autres étudiants, cette fois-ci de l'Ecole nationale des sciences appliquées, organisent le mois prochain la 2ème compétition nationale de robotique. Un évènement prévu du 15 au 16 mars, rappelle le Soir Echos dans son édition d'aujourd'hui. Objectif : permettre aux étudiants de plusieurs écoles marocaines de se rassembler et d'élire les robots les plus performants, originaux ou efficaces. La robotique, un domaine encore émergent au Maroc « Ce genre de compétition permet également de montrer la créativité des étudiants marocains dans ce domaine », explique Réda Boufroukh, étudiant et membre coordinateur du club robotique de l'ENSA d'Agadir, contacté aujourd'hui par Yabiladi. Lui, raconte d'ailleurs que dès son plus jeune âge, il démontait les radios de son père en cachette, pour observer leur mécanisme et mieux comprendre comment elles fonctionnaient. C'est de là que lui vient cette passion pour l'électronique et la robotique. Il suit actuellement un cycle de génie électrique à l'ENSA. Dans deux ans, il aura terminé ses études et envisage de trouver un travail comme ingénieur électrique. Malheureusement, il aurait voulu travailler dans le domaine de la robotique pour concevoir et fabriquer des robots. Hélas ce domaine reste émergent au Maroc. Déjà, rien qu'au niveau des cours proposé à l'ENSA, il n'existe pas une matière ou un module à part entière dans lequel est enseignée la robotique de A à Z et à 100%. « J'aurais bien aimé qu'on ait une matière à part entière sur la robotique ! », confie-t-il. Cette dernière leur ait enseigné à travers, par exemple les cours de mécanique, d'électronique ou d'informatique industrielle dans lesquels ils sont à amener à fabriquer des robots. Des créations à fort potentiel Lorsqu'on voit les photos des robots réalisés par Réda Boufroukh et des autres étudiants du club, on pourrait d'abord penser que ce ne sont que de simples gadgets ou joujoux, que des jeunes adultes prennent plaisir à fabriquer, le soir après les cours. On n'est bien loin de ça. Très loin même. Car ses étudiants travaillent sur des prototypes qui ont de l'avenir et un énorme potentiel. « Le premier robot que nous avons fabriqué est un robot suiveur de ligne qu'on a programmé pour qu'il suive une ligne noire sur un fond blanc. Ce robot cible le domaine industriel car il permet de transporter une marchandise extrêmement dangereuse pour l'homme. Ainsi le robot charge la marchandise et suit en toute sécurité une ligne noire marquée sur le sol pour l'acheminer », poursuit Réda. Un des autres robots que les étudiants ont fabriqué est un capteur de couleurs. « Ce robot peut être utilisé dans le secteur agro-alimentaire. Imaginons par un exemple une entreprise qui récolte des tomates. Ce robot va permettre, grâce à son détecteur de couleur rouge et vert, de détecter les tomates qui vont être mures et détecter celles qui ne le sont pas. Il permettra ainsi de mettre de côté les tomates qui sont encore vertes », décrit-il. Un projet qui a séduit des professeurs de l'Ecole Mohammédia d'Ingénieurs qui leur ont conseillé de breveter ce robot. Surtout que le prix proposé par ce capteur fabriqué par les étudiants est de 300-350 dirhams alors que sur le marché, d'autres capteurs de couleurs concurrents valent jusqu'à 1500 dirhams. « Mais à ce jour, on ne l'a pas encore breveté, contrainte de temps », lâche le jeune étudiant naïvement. De plus, il explique qu'il n'existe pas à l'école un bureau administratif spécial qui se charge justement d'enregistrer auprès de l'OMPIC, les brevets et les produits conçus par les étudiants pour permettre à leurs créations d'être protégées. D'ailleurs, Réda nous avoue qu'il ne sait pas vers quel organisme se tourner pour déposer un brevet. Un détail qui a pourtant sa plus grande importance car cela signifie que les créations de ces étudiants sont vulnérables et peuvent être tout simplement volées, sans scrupule, par des entreprises marocaines ou internationales. Manque de confiance Par ailleurs, Réda Boufroukh déplore le manque de confiance des sociétés marocaines dans la conception de robots par des étudiants. « Les sociétés vont préférer acheter un produit robotisé plus cher sur le marché que celui d'étudiants qui vont leur proposer à moindre coût. Il faut que l'état et les entreprises accompagnent et fassent confiance aux étudiants. Car je connais beaucoup d'étudiants qui sont extrêmement créatifs. Ils veulent lancer des projets très intéressants, mais ils les abandonnent en cours de route car soient, ils sont démoralisés par manque de soutien ou soit faute de moyens financiers », regrette-t-il. Alors que bon nombre de sociétés marocaines tournent le dos aux projets des étudiants ou refusent de sponsoriser la compétition nationale de robotique prévue le mois prochain, une entreprise allemande spécialisée dans le domaine, a senti, elle, le talent de ces jeunes marocains et a accepté de sponsoriser la compétition.