Driss BenaliLe Marc ne court pas de risque inflationniste, selon Driss Benali, un économiste de renom. ALM : Le FMI vient d'inviter le Maroc à faire attention à son inflation, qu'en est-il exactement de ce facteur de l'économie ? Driss Benali : Le taux d'inflation actuel n'est pas élevé et le Maroc se considère parmi les pays émergents les moins inflationnistes. Une des fiertés des différents gouvernements a toujours été, depuis le programme d'ajustement structurel, de maîtriser le taux d'inflation. Il y a, certes, plusieurs facteurs qui font en sorte que le Maroc puisse devenir relativement inflationniste, mais cela ne constitue pas un risque. La seule fois où le Maroc a connu une grave inflation était au milieu des années 70 et ce à cause d'une fausse forte croissance. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Par ailleurs, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont à maintes reprises critiqué le Maroc pour son faible taux d'inflation. Un taux d'inflation de 1% par exemple correspond à une stagnation de l'économie. Un taux variant entre 1 et 5% accompagne la croissance et génère une effervescence de l'économie. Le Maroc n'est pas menacé par l'inflation. Il y a peut-être des risques, étant donné la rigidité de certaines structures monétaires et cette tendance de faire passer des projets importants par voie de consensus. C'est le cas du code du travail qui devrait générer une croissance de la masse salariale, un des facteurs de l'inflation. Il y a aussi ce que l'on désigne par « inflation importée », celle liée aux coûts des produits importés et de l'énergie et qui est difficilement maîtrisable. Est-ce que Le Maroc a les instruments nécessaires pour maîtriser l'inflation ? Le Maroc n'est pas l'Amérique Latine. Il a les moyens pour maîtriser l'inflation. Bank Al-Maghrib et le ministère des Finances ont les leviers nécessaires. Nous avons toute une politique monétaire destinée à bloquer les prix et geler la liquidité si cela s'impose. Nous avons les dispositifs législatifs et monétaires nécessaires. Y a-t-il lieu de s'inquiéter ? Non, l'Etat marocain est très prudent. En atteste la dernière réforme de Bank Al-Maghrib. BAM veille au grain, il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter. Les dérapages inflationnistes qu'a connus le Maroc au milieu des années 70 ne risquent pas de se reproduire. La Banque centrale est aujourd'hui, après la réforme de ses statuts, indépendante. BAM joue le rôle d'arbitre et surtout de garant de la stabilité monétaire du pays.