Le célèbre poète Adonis a animé, jeudi soir à la Faculté des lettres d'Agadir, une soirée poétique suivie par un grand nombre d'étudiants, d'universitaires, de chercheurs et d'étrangers venus apprécier les œuvres de l'un des poètes les plus éminents du monde arabo-musulman. Initiée par la faculté des lettres d'Agadir en collaboration avec l'Institut français (IFA), cette soirée, la 2e d'Adonis à Agadir, a été agrémentée par la présence du grand poète français André Velter et de la veuve du poète Jacques Lacarrière, auteur du recueil "l'Eté grec". Né en 1930 en Syrie dans une famille paysanne et naturalisé libanais, Ali Ahmad Saïd Esber prend très tôt le nom d'Adonis pour devenir le plus marquant et le plus prolifique des poètes arabes de notre temps. Il fonde à Beyrouth les revues Chi'r (1957) et Mawâqif (1968), qui avaient pour but de libérer la poésie arabe du carcan de la tradition et de l'ouvrir aux influences étrangères. Adonis a, ainsi, largement contribué à l'invention d'une véritable modernité arabe. Poète méditatif, il est l'homme de toutes les migrations, ouvert aux courants qui se croisent, se combattent et paraissent irréconciliables. Le poème est, pour Adonis, le lieu même où la pensée se forme, se déforme et se divise en paraboles. "La poésie rend la vie sur terre plus belle, moins éphémère et moins misérable. La guerre, lutte collective, relève de l'esprit de troupeau et fait régresser l'homme vers la barbarie et l'inhumanité", dit-il. Il se définit comme étant non seulement le poète des quatre horizons, du déplacement, du métissage des chants, mais aussi de la mouvance des corps, de la dispersion des atomes, des poussières, des cendres sous le soleil. Egalement essayiste, critique, traducteur, plasticien et calligraphe, Adonis a publié récemment "Célébrations" (poèmes) et avec sa fille Ninar Esber "conversations avec Adonis, mon père" (le Seuil).