La ville d'Ouarzazate fait ses adieux à l'année 2006 avec des sentiments divers et mitigés. Heureuse d'avoir accueilli plusieurs productions cinématographiques et un nombre important de touristes étrangers, la ville calme a en revanche été attristée, de temps à autre, par des accidents mortels survenus au niveau du col de Tichka. Fidèle à son image de capitale du cinéma en Afrique, Ouarzazate a, tout au long de cette année, prêté ses espaces naturels à plus de dix long-métrages internationaux dont "Home of the brave", "Nativity", "Le marchand du tissu", "L'étoile du roi" et "Les prisonniers du soleil". Une telle activité ne peut certes se développer sans que surgissent en parallèle des problèmes issus de la non réglementation du secteur et de l'absence d'une représentation du Centre Cinématographique Marocain (CCM), ainsi que certaines pratiques malsaines de courtiers, mais cela offre certainement un marché de travail pour les populations locales défavorisées. Les plateaux naturels, le soleil luisant plus de dix mois par an, une luminosité rare et une main d'oeuvre peu coûteuse n'attirent pas uniquement les réalisateurs de long-métrages, mais également les faiseurs de documentaires. Treize productions de ce genre ont été tournées partiellement ou totalement à Ouarzazate dont "The nuclear race", "Mumies", "Gilgamesh" et "Secret Jesus". Ce n'est pas tout, puisque vingt-quatre chaînes de télévision nationales et internationales se sont précipitées en 2006 pour tourner des reportages et des émissions spéciales sur le sud, ses cultures et ses pratiques sociales. Les producteurs de téléfilms, spots publicitaires et de vidéo clips commencent également à s'intéresser à la région.La "prospérité" en matière de tournages cinématographiques ou autres à Ouarzazate signifie automatiquement l'ascendance du secteur touristique. D'ailleurs, tout le monde à Ouarzazate croit dur comme fer aujourd'hui que le créneau cinéma est étroitement lié à celui du tourisme. Juste pour les dix premiers mois de l'année 2006, les arrivées aux établissements classés de la ville ont atteint près de 282 milles, soit une variation en hausse de 9 %. Si les mois d'avril et de mai demeurent une période traditionnelle d'une affluence touristique importante, notamment française, les autres mois vivent sous les aléas des tournages cinématographiques. L'année qui s'écoule n'a donc pas attiré beaucoup plus de touristes que l'année précédente, le nombre de nuitées enregistrées durant les 10 premiers mois de 2006 ayant atteint juste 478.170, soit une hausse d'à peine 3 %. Certains professionnels imputent cette stagnation au "nombre d'accidents mortels ayant fait des victimes parmi les ressortissants étrangers", ce qui aurait affecté l'image de cette destination. Le dernier accident en date survenu au niveau du col de Tichka remonte à fin novembre et avait provoqué la mort de six ressortissants français en raison du verglas. Ce n'est pas la seule tare dont pâtit le secteur touristique, puisque plusieurs plaintes ont été déposées auprès des autorités compétentes pour dénoncer certains comportements commis par de faux professionnels qui sévissent dans la région. L'insuffisance des dessertes aériennes vers Ouarzazate et son isolement en période d'hivers pour cause de neiges sur les trois routes nationales qui y mènent causent un marasme économique et social évident. Toutefois, les chiffres enregistrés dans le secteur touristique laissent espérer une hausse vers la fin de 2006 du fait du début de tournage en novembre et décembre de plusieurs films. Quant à l'année 2007, les autorisations de tournages auprès du CCM augurent déjà d'une année prospère.