Un médiateur va faciliter l'échange de prisonniers entre Israël et Hezbollah. Par La médiation entreprise par Kofi Annan entre Israël et le Liban commence à porter ses fruits. Le secrétaire général de l'ONU a annoncé hier que le blocus israélien du Liban pourrait être levé dans les 48 heures. Ce blocus aérien et maritime, en vigueur depuis le début de la guerre, le 12 juillet, a été maintenu malgré l'arrêt des combats à la mi-août. Il gêne considérablement l'économie libanaise et Beyrouth a annoncé, hier, son intention de porter plainte contre Israël aux Nations unies pour cette «violation» de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. Sit-in. La poursuite du blocus est vécue par les Libanais comme une nouvelle punition collective : des députés de tout bord ont entamé, samedi, un sit-in permanent pour protester contre cette asphyxie de l'économie. Les prix de certaines denrées ont augmenté. Des produits commencent à manquer, même si l'on ne peut pas parler pour l'instant de pénurie. Nombre d'entreprises ont été obligées de mettre une partie de leur main-d'oeuvre en chômage technique. «Aujourd'hui, c'est notre priorité, explique Abou Mohamed, petit épicier à Beyrouth. Le Liban a toujours tout importé. Même pendant la guerre civile [1975-1990], on n'a jamais connu de blocus généralisé.» L'annonce d'une levée prochaine du blocus le laisse sceptique : «J'attends de voir pour croire.» Même scepticisme à l'aéroport de Beyrouth, où un douanier disait n'être au courant de rien : «Nous sommes prêts, mais la décision ne dépend pas de nous.» Seuls deux vols arrivent quotidiennement à Beyrouth, ceux de la Middle East Airlines et de la Royal Jordanian, les deux seules compagnies autorisées par Israël à atterrir une fois par jour à Beyrouth en provenance d'Amman. Lundi, un avion de Qatar Airways a forcé le blocus. Le ministre libanais des Transports, Mohamed Safadi, a appelé les autres compagnies internationales à faire de même. Conditions. Israël a réagi avec prudence à la déclaration de Kofi Annan qui a aussi annoncé, hier, la nomination d'un médiateur pour faciliter un échange de prisonniers entre le Hezbollah et l'Etat hébreu. Israël conditionne la levée du blocus à la mise en place d'un dispositif pour empêcher la contrebande d'armes au profit du Hezbollah. L'Etat hébreu avait insisté pour que les Casques bleus de la Finul renforcée, dont le mandat ne comprend pas le désarmement du Hezbollah, se déploient à la frontière du Liban avec la Syrie, soupçonnée d'approvisionner le parti chiite en armes. Face au refus de Damas et du gouvernement libanais, qui estime avoir rempli ses obligations en déployant 8 500 soldats à ses frontières nord et est avec la Syrie, Israël réclame désormais la mise en place d'une mission internationale de surveillance maritime. Des discussions sont en cours avec la France et, hier, Chirac a donné «une réponse de principe positive» à la demande de l'ONU et du Liban de surveiller les côtes. Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a répété hier dans une interview au quotidien Al-Safir que sa formation garderait ses armes «sans les utiliser», sauf «en cas de guerre d'envergure lancée contre le Liban».